mercredi 31 décembre 2008

LE SIONISME en PALESTINE / ISRAËL

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LE SIONISME en PALESTINE / ISRAËL

Synthèse sur l'idéologie sioniste : ses fondements théoriques, ses principaux développements pratiques sur le terrain, depuis son apparition à la fin du XIXème siècle jusqu'à nos jours, en passant par la création de l'État d'Israël en 1947, avec parallèlement une mise en évidence, par le racisme et l'antisémitisme engendrés, de la perversité de ce que l'on peut considérer comme la troisième grande idéologie du XXème siècle.


Site personnel de A. Gaillard (déporté politique, professeur de Médecine e.r.) que vous pouvez contacter à son adresse électronique - en cliquant ici


Résumé du texte

Depuis 1919 et l'attribution à la Grande Bretagne d'un Mandat sur la Palestine, depuis 1947 surtout, date où l'ONU y créa deux États, l'un "juif", l'autre "arabe", cette région est le théâtre d'un conflit permanent. Quatre guerres meurtrières se sont déclenchées et ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, tandis que se sont perpétrés chaque jour des crimes et des exactions multiples et que se sont abattus des malheurs de toutes sortes.

Aveuglés par une information incessante qui fausse toute perspective et gêne la réflexion, la plupart des commentateurs n'ont manifestement saisi ni les sources profondes, ni le sens de l'affrontement en cours.

Pourtant, un tel conflit avec son intensité dramatiquement croissante avait été prédit par une partie notable et éminente de la communauté juive qui, dès le début du XXe siècle, dénonçait avec force, comme source de désastres futurs, l'émergence en son sein de l'idéologie sioniste. Bien que devenus moins nombreux depuis la création de l'État d'Israël, ces prophètes juifs n'ont cependant jamais cessé de "crier dans le désert" et de désigner le sionisme comme le fondement de la violence sans cesse renaissante dans ce que fut la Palestine.

Cet essai se propose de réunir des éléments essentiels d'ordre historique qu'il convient d'avoir à l'esprit mais il veut traduire aussi les réactions de l'auteur devant le drame quotidien qui se joue là-bas, drame dont les Nations occidentales directement concernées n'ont pas encore pris la juste mesure.

1 - AVANT-PROPOS

Un très grand peuple, éminent dans de multiples domaines : scientifique, technologique, philosophique, théologique..., s'est laissé séduire dans les années trente par l'idéologie nazie aux manifestations particulièrement terribles.
Dans d'autres pays comme la France, une partie notable de l'élite intellectuelle a adhéré pendant plus de sept décennies à l'idéologie socialo-communiste qui a fait des dizaines et des dizaines de millions de morts.
Devant ces erreurs qui ont été celles d'une multitude de gens instruits et sincères on peut affirmer que le présent, par la surabondance des informations et l'absence de perspective qu'il comporte, nous laisse volontiers aveugle. De plus, contrairement à une opinion courante mais fausse, l'Histoire « est la science des choses qui ne se répètent pas ». La prochaine guerre ne sera pas semblable à la précédente, le nazisme et le communisme ne reviendront pas, non plus que la Shoah : les hommes sont confrontés à des situations toujours nouvelles dont la perversité n'émerge dans la plupart des consciences que devant des malheurs caractérisés.

Notre époque ne saurait échapper à cette règle... Aujourd'hui comme hier, on peut affirmer qu'un élément - qui porte en lui tous les germes d'une future tragédie - est largement méconnu. Cet élément, dénoncé depuis un siècle par une partie notable et éminente de la communauté juive d'où il a émergé, est représenté par l'idéologie sioniste. Basée sur le mythe de la "Terre promise" à un "Peuple élu" par Yahveh, le dieu des Hébreux, elle s'est développée depuis la fin du XIXe siècle et a obtenu en 1947 des Nations Unies alors subjuguées un État, l'État d'Israël. Générateur depuis plus d'un demi-siècle de plusieurs guerres meurtrières, de massacres, expulsions, expropriations, humiliations, actes de torture, prises d'otages au bénéfice d'une colonisation impitoyable à laquelle répond un terrorisme réactionnel, responsable d'un nettoyage ethnique caractérisé et d'une segrégation de type "apartheid", le sionisme, s'il n'est neutralisé, ne peut pas ne pas aboutir à un désastre à la fois pour le peuple juif qui l'a nourri en son sein et pour bien d'autres populations.

Face à la situation chaotique provoquée inconsciemment par les Nations Unies en 1947, face à un état de guerre de plus de cinquante ans et dont la fin ne peut être que très lointaine, que peut-on faire et espérer ? Mon but, en tous cas, est de réunir dans cet essai les éléments essentiels d'ordre historique qu'il convient d'avoir à l'esprit, de les mettre à la disposition des personnes intéressées, sans méconnaître l'éminente vocation spirituelle du judaïsme.

En fait, comme le fut en son temps l'Inquisition pour le catholicisme, le sionisme n'est qu'un malheureux avatar du judaïsme. Certes, les "prophètes" juifs fustigeant cette dérive idéologique, après avoir été fort nombreux pendant la première moitié du XXe siècle, sont devenus largement minoritaires depuis la création de l'État d'Israël et son triomphe matériel. Ils n'ont cessé cependant de "crier dans le désert" et de désigner le sionisme comme la source inépuisable de la violence sans cesse résurgente dans ce que fut la terre de Palestine.

Parallèlement à cette synthèse rapide, j'ai aussi l'intention de traduire mes convictions, mes indignations, ma vision de l'avenir, bref de m'associer à ceux qui m'ont précédé dans le combat antisioniste. Parmi toutes les causes qui ont quelques mérites à être soutenues, et sur lesquelles les Occidentaux directement responsables peuvent parfaitement agir, celle des Palestiniens m'apparaît en effet comme une des premières... Je suis même arrivé à penser qu'un homme libre de tout intérêt, de toute idée préconçue, de toute idéologie, et épris de quelque justice, peut difficilement ne pas soutenir cette cause après l'avoir étudiée ainsi qu'il est possible aujourd'hui de le faire grâce à l'apport des historiens ou des journalistes éclairés qui rapportent leurs travaux, grâce aussi au recul du temps qui permet une perspective valable.

Compte tenu de la tactique d'intimidation, voire du terrorisme intellectuel qui sévit volontiers dans notre pays avec le fréquent amalgame antisionisme-antisémitisme, je sais que mon anti-sionisme va me faire accuser d'être antisémite. La moindre critique de la politique israélienne ou toute opinion favorable aux Palestiniens ne sont-elles pas accusées de traduire de l'antisémitisme chez les quelques journalistes, écrivains ou hommes politiques qui se permettent une telle liberté ? Dans l'esprit de certains, le simple emploi du mot "juif" n'est-il pas déjà suspect par lui-même lorsqu'il fait abstraction de l'histoire concentrationnaire récente ? Alors que dire de ceux qui, comme moi et comme tant d'autres, considèrent que le sionisme est une idéologie fondamentalement perverse ayant trahi la vocation spirituelle du judaïsme et abouti à une entreprise banalement criminelle qui nenace la paix du monde ?

2 - INFORMATION MANIPULÉE
et LÂCHETÉ BANALE EN OCCIDENT

Depuis quelque quatre-vingts ans, et plus précisément depuis 1922, date où la Grande Bretagne reçut en charge de la part de la Société des Nations un Mandat sur la Palestine à la suite de la défaite des empires centraux, depuis 1947 surtout, date où l'ONU scinda le pays pour y créer deux États, l'un "juif", l'autre "arabe", il ne s'est guère passé de jour sans que les journaux ne nous apportent une information relative à cette région du Proche-Orient où s'affontent de façon ininterrompue et plus ou moins violente deux communautés : les juifs d'une part, les non-juifs d'autre part, ces derniers étant représentés avant tout par des Arabes musulmans.

Les informations n'ont donc pas manqué sur ce sujet... Pourtant, une fraction notable des Occidentaux, notamment dans l'élite intellectuelle et politique, est comme indifférente au drame quotidien qui se joue en Palestine. Un phénomène banal d'accoutumance et de lassitude en est sûrement une raison notable mais plusieurs éléments sont venus y contribuer

Le premier élément ayant contribué au développement de l'idéologie sioniste et de sa méconnaissance par le grand nombre est représenté par un phénomène passif : le "trop plein" de mémoire dont parle Paul Ric¦ur dans un ouvrage récent et qu'il dénonce d'une manière générale.

Après le cataclysme de 1939-1945, bien plus encore qu'après la guerre de 1914-1918, les études des historiens ne pouvaient qu'être monumentales, fort nombreuses et prolongées. À ces études sont venues s'ajouter logiquement les multiples commentaires et interprétations des politiques et puis, bien sûr, les interventions diverses des polémistes et des partisans : une "montagne" de mémoire en est résultée que les medias de notre époque, notamment la télévision, nous livrent chaque jour. Indépendamment des perspectives et des intentions diverses qui sous-tendent cette information constante et multiforme, la place forcément éminente qu'occupe le génocide des juifs, et partant l'émotion suscitée, ont manifestement joué de façon exceptionnelle en faveur de l'entreprise sioniste en voilant la réalité de son présent sur le terrain.

À côté de ce phénomène passif, on peut affirmer d'autre part aujourd'hui que l'information relative au Proche-Orient en provenant majoritairement d'une source, juive en la circonstance, a été gravement déformée, que l'interprétation des événements a été terriblement partiale et injuste (« la mémoire sioniste a régné aux dépens de celle des Palestiniens » écrit l'historien israélien Ilan Pappé), bref que la méconnaissance des données du problème est la principale cause de cette indifférence de l'opinion publique occidentale qui n'a manifestement pas pris la mesure de la gravité potentielle des "événements" auxquels elle assiste depuis tant d'années.

Il est d'ailleurs remarquable de constater que - à côté de la multiplicité des informations rapportées en la matière - les commentaires et les jugements que l'on peut voir dans la Presse française émanant de journalistes ou d'hommes de lettres sont fort rares. Il est patent aussi que beaucoup de commentateurs non-juifs apparaissent souvent comme mal à l'aise dans leur rédaction... Quant aux juifs, religieux ou non, leur situation souvent ambiguë face à Israël, la mauvaise conscience que nombre d'entre eux ont de ne pas y vivre, de ne pas avoir fait leur "aliya" malgré les multiples et pressantes invitations reçues, les rend souvent terriblement aveugles et partiaux. A-t-on jamais entendu, par exemple, un rabbin français ou une organisation d'obédience juive dénoncer la torture utilisée en Israël et qui de plus, fait unique au monde, est légalisée ?

Il est clair que nombre de commentateurs, ou bien n'ont pas intégré de nombreuses données d'histoire, ou bien ne se sont pas comportés en hommes libres, à l'instar d'hommes éminents comme J.P. Sartre quand il écrit :« Je ne peux pas soutenir la politique de l'État d'Israël mais je ne peux pas non plus m'élever contre elle car alors je me retrouverais dans le camp détestable des antisémites » ou comme Elie Wiesel : « Je ne critique jamais lsraël hors d'Israël, c'est le prix que j'accepte de payer pour ne pas y vivre » ...

Je dois reconnaître que j'éprouve quelque aversion pour de telles paroles...

Il reste que Jean d'Ormesson a du moins osé, en terminant un article du Figaro, formuler il y a quelques années une interrogation simple et pertinente : « Et si la création de l'État d'Israël avait été une erreur ?»

À cette interrogation, ma réponse personnelle - qui semble bien être aussi celle que suggère le texte - est oui sans hésitation. Une mémoire manipulée jointe à une absence de liberté des hommes politiques et, d'une manière générale, des hommes ayant quelque influence sur l'opinion publique, ont manifestement contribué au développement de l'idéologie sioniste qui s'est "épanouie" avec la création de l'État d'Israël et qui ne cesse d'étendre chaque jour - face à une communauté internationale sidérée - ses maléfices dans les populations non-juives de l'ex-Palestine.

3 - LA BASE DE L'IDÉOLOGIE SIONISTE

L'idéologie sioniste s'est donné pour mission de rassembler en Palestine tous les juifs dispersés depuis deux mille ans à travers le monde (juifs de la diaspora), d'établir un territoire peuplé exclusivement de juifs, dans la perspective de leur assurer, compte tenu des persécutions dont ils furent souvent victimes, une sécurité définitive.

Elle a vu le jour à la fin du XIXème siècle avec Theodor Herzl, s'est développée pendant la première moitié du XXème malgré l'opposition prolongée de la plupart des juifs religieux et, à la faveur de la seconde guerre mondiale, s'est concrétisée avec la création de l'État d'Israël en Palestine.

Cette idéologie, repose sur deux données conjointes :
- une donnée d'ordre religieux : le mythe biblique de la "Terre promise" et du "Peuple élu"
- une donnée d'ordre légal

1 - le mythe biblique de 'la Terre promise" et du "Peuple élu" est le pilier de l'idéologie sioniste

Selon ce mythe, les Hébreux et leur dieu, Yahveh, ont élaboré, voici quelques trois mille ans, un contrat (l'Alliance) selon lequel les Hébreux, moyennant obéissance à ce dieu, constituent son peuple privilégié, « le Peuple élu », et reçoivent en héritage une terre particulière, « la Terre promise ».

C'est sur les données de ce mythe qu'est bâtie tout entière l'idéologie sioniste et que s'est fondé le « droit historique » sur la Palestine. Même les sionistes incroyants, tels les pères fondateurs et la majorité des Israéliens actuels, ont exploité et exploitent toujours ce mythe originel de la "Terre promise" par un dieu qui, pourtant, n'existe pas pour eux. Il ne faut pas être surpris de cet apparent paradoxe... C'est que, comme tous les mythes, celui-ci ne possède pas seulement une dimension religieuse mais une dimension culturelle. Malgré l'émergence dans les esprits de son caractère légendaire, il n'en continue pas moins à imprégner durablement la civilisation qui l'a porté et, partant, à mobiliser les énergies. Les mythes élaborés par les Grecs il y a aussi près de trois millénaires, ne sont-ils pas toujours présents à l'esprit des Européens ?

A noter que le mythe en question - comme les autres mythes hébreux (la Création, le Paradis terrestre, le Péché originel...) - a été adopté aussi par les chrétiens (qui seront, comme nous le verrons, à la fois complices involontaires et victimes de l'idéologie sioniste).

A propos de ce mythe fondateur il est intéressant d'évoquer la fabuleuse et récente découverte de Messod et Roger Sabbah. (Les secrets de l'Exode - Éd. J.C. Godefroid 1999). Selon ces chercheurs juifs le peuple hébreu n'est autre que la peuple égyptien d'Akhet-Aton, la capitale du pharaon monothéiste Akhenaton ! C'est dire, dans la circonstance, qu'un mythe banal d'ordre "divin" s'associe à un mythe d'ordre "historique" (et quel mythe puisque les ancêtres des juifs ne sont en fait que des Égytiens ! ). Quand on a mesuré les gigantesque conséquences que la croyance au mythe de la "Terre promise" a entraînées dans l'Histoire, notamment depuis un siècle avec le mouvement sioniste, comment ne pas parler des conséquences abyssales où peuvent conduire les simples "illusions" humaines !

2 - la loi rabbinique de transmission héréditaire de la qualité de juif

Alors que les adeptes de la plupart des religions n'ont que le lien d'une croyance commune, et que ce caractère d'adepte est accessible à tous, le judaïsme établit un lien particulier d'ordre héréditaire. Fait sans doute unique dans l'Histoire de l'humanité, la naissance est le vrai critère d'appartenance : la loi établit que le caractère de « juif » est transmis par le sang maternel.

Certes, la "Loi fondamentale" de l'État d'Israël prévoit des apports étrangers par conversion (« est considéré comme juive une personne née d'une mère juive, ou convertie » ) mais les conditions exigées en pratique sont telles que, sauf exception, un "goy" ne peut pas devenir juif.

Alors que, comme le dit le philosophe israélien Y. Leibovitz, « la notion de "juif" n'était à l'origine ni raciale, ni nationale mais religieuse », dans l'État d'Israël la condition religieuse (la croyance) est facultative pour être un citoyen à part entière, la condition raciale (l'hérédité) est, quant à elle, absolument nécessaire. Faut-il ajouter que nous savons aujourd'hui que cette notion de "race" ne désigne rien de précis et que d'autre part elle engendre presque obligatoirement des sentiments et des attitudes racistes auxquels répond un racisme réactionnel ?

Nous verrons que ces deux piliers de l'idéologie sioniste sont à la base d'un apartheid particulièrement radical.

D'autres données issues des écrits fondamentaux du judaïsme, notamment du Talmud, sont venus renforcer les données précédentes instituant le peuple juif comme un peuple différent des autres et conforter les sionistes dans leur entreprise de retour en terre de Palestine et d'accaparement de cette terre au bénéfice des seuls juifs.

N'est-il pas écrit dans la Bible : « qu'Israël vivra en solitaire et ne se confondra pas avec les nations » (Nombres, 23, 94)) ?
N'est-il pas défendu à un juif de boire du vin versé par un non-Juif ou d'épouser une non-Juive ?
N'est-il pas dit que le juif religieux doit, chaque matin, bénir Dieu de l'avoir créé Juif et non autre.
N'est-il pas écrit, dans la Halakha, qu'un juif peut transgresser le Shabbat pour sauver la vie d'un autre juif, mais non de celle d'un non-Juif ?
N'est-il pas prescrit au juif pratiquant de prononcer chaque matin les paroles de la prière du Shaharit : « Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait goy, Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait femme. Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait esclave » ?
N'étaient-ils pas dans leur droit ces Hébreux emmenés par Josué lorsque, comme le rapporte la Bible au livre des "Nombres", ils ont exterminé les populations de Canaan lors de la conquête de la Terre promise ?
Et dans le psaume 137, n'est-il pas prévu de « broyer sur le roc les bébés de Babylone » ?

Alors que nombre d'écrits du judaïsme comportent une dimension universaliste hautement respectueuse de l'étranger, les sionistes les ont occultés pour ne retenir que ceux que ceux - assez nombreux, il est vrai - qui exaltent l'ethnocentrisme et où le non-juif, qu'il soit étranger ou résidant en Israël, est toujours un "gentil", un goy.

A ce propos, Schattner rapporte une donnée tout à fait caractéristique d'une certaine évolution de l'éthique juive. Alors que dans une version ancienne de la Mishna il est dit : « Qui a détruit une vie a détruit tout un monde et qui a sauvé une vie a sauvé tout un monde », les versions imprimées ultérieurement sont devenues : « Qui a détruit une vie au sein d'Israël a détruit tout un monde et qui sauvé une vie en Israël a sauvé tout un monde ». Le rabbin Ginburg de la yeshiva du tombeau de Joseph (près de Naplouse) vient confirmer cette donnée devenue banale dans les milieux religieux sionistes quand il affirme qu'"une vie juive vaut beaucoup plus qu'une vie non juive ".

Le "sol" et le "sang", tels sont les deux piliers du sionisme.

Avec son nationalisme, voire son communautarisme contraignant, cette idéologie ne pouvait pas ne pas aboutir - aboutissement logique mais que n'avaient manifestement pas prévu Théodore Herzl et ses amis préoccupés seulement par la sécurité des juifs - à une segrégation impitoyable et à un colonialisme agressif.

4 - LE DÉVELOPPEMENT DE L'IDÉOLOGIE SIONISTE
pendant la première moitié du XXème siècle.

Quelques données essentielles d'ordre historique

Au congrès de Bâle, premier congrès juif mondial, réuni en 1897 par Theodor Herzl, le mouvement sioniste (qui tire son nom de Sion une colline de Jérusalem) se donne pour objectif de favoriser l'immigration juive en Palestine et d'entreprendre la colonisation du pays. La conquête de la Palestine occupée alors par les Turcs y est planifiée tandis qu'une « charte » de colonisation (charte qui devait restée secrète pendant très longtemps) est élaborée. Dans sa motion finale, le Congrès revendique « pour le peuple juif, un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement ».

Pour faire aboutir la mission qu'il s'est fixée avec ses amis, Hertzl mise sur l'Angleterre alors au sommet de sa puissance.

A noter que le noyau dur des fondateurs est composé de quelques milliers de personnes jeunes, hommes et femmes, convaincus d'être investis d'une mission sacrée : la conquête progressive de la Palestine. Ils adoptent une tactique qui doit être intangible et qui effectivement le restera malgré les difficultés rencontrées : « ne jamais abandonner ni position, ni territoire sauf sous la contrainte d'une force supérieure ». Nantis d'un niveau éducatif et culturel élevé, et y ajoutant habileté, ruse, persévérance, travail, solidarité intracommunautaire ainsi que l'argent des communautés juives du monde entier, les pionniers ne se sont jamais départis pendant cinquante ans de cette ligne de conduite qui aura été d'une efficacité remarquable malgré l'opposition rencontrée, d'abord dans le milieu juif.

L'opposition juive à l'idéologie sioniste

S'appuyant sur la dimension universaliste et spirituelle du Judaïsme présente dans la Bible et dans de nombreux autres textes, cette opposition est née dès l'apparition de l'idéologie sioniste et n'a jamais cessé jusqu'à la guerre de 1939-1945. De multiples données historiques, de multiples textes émanant de religieux ou d'historiens juifs en font foi. Citons par exemple :

- la motion votée, sur la proposition du rabbin Isaac Meyer Wise, lors de la Conférence des Rabbins américains à Montréal en 1897 : « Nous désapprouvons totalement toute initiative visant à la création d'un État juif. Des tentatives de ce genre mettent en évidence une conception erronée de la mission d'Israël que les prophètes juifs furent les premiers à proclamer ... Nous affirmons que l'objectif du judaïsme, n'est ni politique, ni national, mais spirituel... Il vise une époque messianique où tous les hommes reconnaîtront appartenir à une seule grande communauté pour l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre ».

- les propos du baron de Rotschild à qui Théodor Herzl était venu demander son soutien : « Un état juif serait un ghetto et subirait les mêmes préjugés. L'état des Juifs, lui, serait mesquin, petit, intolérant, non libéral et orthodoxe. Il excluerait les non-Juifs et les chrétiens ».

- l'opposition violente à l'entreprise sioniste naissante du Bund : cet organisme, créé à la fin du XIXème siècle et rassemblant des ouvriers juifs socialistes de Russie, de Pologne et de Lituanie, prône une assimilation d'ordre universaliste.

- la déclaration d'Albert Einstein en 1938 : « La conscience que j'ai de la nature essentielle du judaïsme se heurte à l'idée d'un État juif doté de frontières, d'une armée, et d'un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que le judaïsme subira en raison du développement dans nos rangs, d'un nationalisme étroit... Devenir une nation, dans le sens politique du mot, équivaudrait à se détourner de la spiritualisation de notre communauté que nous devons au génie de nos prophètes ».

Stefan Zweig fustige, lui aussi, le sionisme promu par Theodor Herzl. Pour lui la grandeur du peuple juif réside dans le fait qu'il n'a ni territoire, ni armée et qu'il n'existe que par sa référence à la Bible. « Je tiens , écrit-il,les idées nationales pour dangereuses comme toutes les limitations et je vois dans le projet de réalisation du judaïsme un recul et un renoncement à sa mission la plus haute ».

- Judah Magnes, président à l'Universite hébraïque de Jérusalem, lors de son allocution d'ouverture à la rentrée de 1946, prend lui aussi résolument parti contre l'idéologie sioniste de plus en plus pressante : « Nous ne pouvons pactiser avec une société où le nationalisme est devenu un credo imposé... A la lumière de notre conception universaliste de l'histoire du destin juif, et aussi parce que nous sommes préoccupés par la situation et la sécurité des juifs dans les autres parties du monde, nous ne pouvons souscrire à l'orientation politique qui domine le programme sioniste actuel, et nous ne la soutenons pas. Nous pensons que le nationalisme juif tend à créer la confusion chez nos compagnons sur leur place et leur fonction dans la société, et détourne leur attention de leur rôle historique : vivre en communauté religieuse partout où ils sont. »

Parallèlement, de nombreuses organisations juives, notamment d'Allemagne (l'Association des rabbins), de France (l'Alliance israélite universelle), d'Autriche (l'Israelitische Allianz), l'Association de la communauté juive de Londres montrent la même opposition déterminée au sionisme, une opposition formelle toujours basée sur la vocation essentiellement spirituelle de la Bible et du judaïsme.

Par ailleurs, les juifs religieux et les rabbins avaient des raisons supplémentaires de s'opposer à l'entreprise sioniste : d'une part ils constataient que la grande majorité des sionistes étaient des incroyants ne respectant pas le shabbat et voulant se couper de la religion et de la tradition juives, d'autre part ils refusaient qu'une terre soit gagnée par la violence préconisée par les sionistes.

Considérer la communauté juive comme une entité culturelle et spirituelle en refusant tous les éléments nationalistes telle fut la pensée largement dominante chez les juifs religieux ou non jusqu'à la création de l'État d'Israël.

Nous reviendrons plus loin sur l'antisionisme juif au cours de cette période d'une cinquantaine d'années.

La conquête programmée de la Palestine par les sionistes
pendant la première moitié du XXème siècle.

De quelques dates particulièrement marquantes

La colonisation effective de la Palestine commence dès le début du XXème siècle mais reste fort réduite jusqu'à la guerre de 1914. À noter qu'au cours de cette période Théodor Herzl n'obtenat pas du Sultan de Turquie l'autorisation de l'implantation juive, envisagea un moment une installation en Ouganda sous la protection de l'Empire britannique.

Pendant la guerre de 1914-1918, le gouvernement britannique, pour obtenir l'engagement des États Unis et de la Russie contre l'Allemagne, cherche l'appui des Juifs américains particulièrement influents. Il a une perspective plus lointaine : celle de bénéficier du dépeçage de l'Empire ottoman et de coloniser la Palestine. Chaim Weizmann (successeur de Herzl à la présidence de l'Organisation Sioniste mondiale) présente alors astucieusement le plan sioniste comme un moyen de servir les intérêts impérialistes du Royaume Uni. Il écrit ainsi au Ministre de la guerre britannique : « en vous exposant notre résolution, nous avons confié notre destinée nationale au Foreign Office et au Cabinet Impérial de la guerre dans l'espoir que le problème sera considéré dans l'optique des intérêts britanniques ».

C'est sur cette donnée historique que repose la fameuse déclaration Balfour du 2 novembre 1917 : «Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait pour porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives » (ces collectivités regroupent à ce moment-là 90% des habitants de la Palestine).

Comme nous le verrons, les sionistes exploiteront par la suite cette déclaration maladroite d'un ministre britannique avec un acharnement et un cynisme diaboliques...

En 1917 à la faveur de la Révolution russe, le nombre des colons augmente brutalement : 60 000 russes émigrés prennent massivement le chemin de la Palestine.

En 1922, à l'issue de la guerre, la Grande Bretagne obtient, de la part des Nations Unies, le Mandat sur la Palestine occupée précédemment par les Turcs.
À noter que le Mandat mentionnait explicitement le respect des droits civiques et religieux du peuple alestinien mais laissait de côté l'élément essentiel : leurs droits politiques.

Dans un premier temps, sa politique est de favoriser l'immigration juive...

Dans un second temps, cette colonisation juive devenant trop visible et trop insupportable pour les Arabes qui perdent progressivement leurs terres, la Grande Bretagne, désirant conserver les bonnes grâces de ces derniers du fait de ses intérêts, intérêts pétroliers notamment, cherche alors à ralentir la colonisation juive. Mais, c'est l'échec total de cette nouvelle politique. La détermination des sionistes, leur habileté, leur ruse, leurs modes d'action et les moyens financiers considérables dont ils disposent, ont raison de la Grande Bretagne. Comme le déclare Ben Gourion président de l'Histadrout, syndicat-entrepreneur qui représente le futur État en marche :« Le seul souci qui doit imprimer notre action est la conquête de notre terre et son redressement par une énorme immigration. Tout le reste est rhétorique. »

En 1920,1921,1929 mais surtout en 1936 : les Arabes se révoltent face à la colonisation juive
Après avoir protesté en vain depuis des années, ils s'insurgent contre la Grande Bretagne qui continue sournoisement à favoriser l'immigration continue des juifs lesquels, avec l'aide massive en argent provenant de toutes les communautés juives des pays occidentaux, colonisent le pays à un rythme toujours croissant.

Les émeutessont suivies de terribles représailles de la part de l'armée britannique : la ville de Jaffa notamment, place forte des insurgés, est évacuée de force puis rayée de la carte par les unités du génie britannique qui tuent près de mille Palestiniens, font plusieurs milliers de prisonniers et détruisent parallèlement plusieurs milliers de maisons.

En 1937 :
Devant les graves troubles, voire l'état de guerre, qui règnent en Palestine, l'ONU nomme une commission, la Commission Peel, chargée d'enquêter sur place et d'émettre un avis de solution à la question palestinienne.

Fait notable, la Commission :
- émet l'idée d'un partage de la Palestine en deux États,
- préconise le transfert forcé de la population arabe,
- préconise le rattachement de l'État arabe à l'émirat de Transjordanie...

De plus, le « foyer national juif » (envisagé dans la déclaration Balfour) serait un « État juif »...

La satisfaction des sionistes devant cette solution proposée est vive : les juifs se voient en effet attribuer un État qui aurait sensiblement la même population que l'autre et dont les terres cultivables dépasseraient même celles de l'État arabe. A noter que les juifs représentaient alors moins du tiers de la population et détenaient moins de 5,5% des terres.

Les autorités britanniques, par contre, toujours soucieuses de ménager leurs intérêts près du monde arabe et connaissant mieux que les autres nations la complexité du problème palestinen, ne sont nullement de l'avis de la Commission Peel. Ils jugent le Plan Peel « irréaliste et impraticable ».

CNéanmoins ce plan, outrageusement favorable aux sionistes, va devenir par la suite la pierre angulaire de toutes les revendications de ces derniers.

En 1937 : la Révolution embrase la Palestine
Les Arabes se révoltent de nouveau contre la Grande Bretagne qui continue hypocritement à laisser se développer l'immigration juive.

La Grande Bretagne mobilise alors ses troupes avec l'élite de ses chefs militaires (Montgomery et Haining notamment) et fait la chasse aux insurgés arabes. La répression est terrible : avec l'aide des formations sionistes de la Haganah à laquelle elle fournit aide et entraînement et qui est placée sous commandement judéo-britannique, l'armée britannique tue un grand nombre d'insurgés et en déporte d'autres aux îles Seychelles.

Par une stratégie implacable le peuple palestinien est ainsi désarmé.

Devant la gravité des affrontements, la Société des Nations désigne alors une nouvelle commission.
Cette commission dite "technique" s'oppose en tous points aux conclusions de la Commission Peel. Elle juge impossible de créer un État juif « délesté » des Palestiniens. Elle refuse notamment tout "transfert" des populations arabes hors de la Palestine.

En février-mars 1939 :
Un congrès réuni à Londres à l'initiative de la Grande Bretagne établit un « Livre blanc » pour définir la politique à promouvoir.

Ce « Livre blanc » prévoit :
1 - la fondation sous les 10 ans d'un État palestinien indépendant regroupant Arabes et Juifs (avec un maximum de 1/3 de juifs), État lié par un traité à la Grande Bretagne,
2 - la limitation de l'immigration juive à 75 000 juifs dans les 5 prochaines années ; cette immigration juive doit ensuite être soumise à « l'approbation des Arabes de Palestine »,
3 - les transferts des propriétés arabes aux juifs sont libres dans certains zones et interdits dans d'autres.

mais, le « Livre blanc » est rejeté par les deux parties :
- par les Arabes - plus précisément par le Mufti de Jérusalem parce que la proclamation de l'indépendance de l'État palestinien estremise sine die - les autres délégations arabes étant plutôt favorables,
- par les Juifs pour des raisons opposées.

Les propositions de ce « Livre blanc » sont néanmoins votées et acceptées. Elles deviennent alors la position officielle de la Grande Bretagne. Mais la guerre de 1939 éclate...

- 1939 - 1945 : la guerre

Initialement Churchill, très favorable à l'entreprise sioniste, était farouchement opposé aux données du « Livre blanc » : il y voyait une trahison des propositions faites par Balfour en 1917, propositions qui avaient été le fondement de la politique britannique jusqu'en 1937 et avaient été reprises par la commission Peel. Il annonce même la création d'une « brigade juive » sous drapeau sioniste au sein des alliés.

Cependant plusieurs membres de son gouvernement s'opposent avec force à cette initiative de Churchill. Deux raisons les motivent : d'une part la méfiance vis-à-vis de l'entreprise sioniste (compte tenu des manifestations violentes, voire criminelles, dont les Britanniques ont été victimes de la part des sionistes au cours des dernières années), d'autre part, les intérêts pétroliers de la Grande Bretagne liés au monde arabe).

Il s'ensuit un retournement de la politique britannique qui revient à la case départ, celle de la déclaration Peel, comme si les révoltes des Arabes, la Conférence de Londres et le « Livre blanc » n'avaient jamais existé...

C'est alors qu'entrent particulièrement en scène deux organisations terroristes juives, qui s'étaient déjà manifestées bien avant la guerre, et qui ont pour mission précise de s'attaquer directement aux forces britanniques. Ce sont le Lehi et l'Irgoun :

- le Lehi. Il est spécialisé dans les liquidations de policiers britanniques. Son chef, Stern, est abattu par les Anglais en 1943. Stern a comme successeur Yitzak Shamir, futur premier ministre de l'État d'Israël. En 1944, Shamir fait assassiner Lord Moyne, un grand ami de Churchill, envoyé spécial de la Grande Bretagne et ambassadeur en Égypte, partisan de limiter l'immigration juive. (À noter que ses deux assassins sont enterrés au Monument des héros de Jérusalem).

- l'Irgoun. Cette organisation conclut une trêve avec les Britanniques en 1939 lors du déclenchement de la guerre mais, en 1943, sous la direction de son chef Menahem Begin elle reprend avec détermination ses attentats contre les forces britanniques

Churchill, bouleversé par l'assassinat de son ami Lord Moyne revoit ses positions passées en faveur du sionisme et ne se soucie plus de l'application du partage qu'il avait préconisé auparavant. Mais, à la fin de la guerre, il est remplacé par Attlee.

En 1945 : Création de la Ligue arabe

L'aspiration des peuples à l'unité, l'espoir de se dégager de la colonisation, la menace sioniste de plus en plus pressante engagent un certain nombre de pays arabes à se réunir. La Ligue arabe est créée. Nuri-al-Said en est un des principaux artisans.

Le projet préconise l'unité entre les pays de la Syrie historique : Syrie, Liban, Transjordanie, Palestine, puis la création d'une Fédération avec l'Irak.

Dans cette unité, il est prévu que les juifs - tout comme les Maronites du Liban s'ils le désirent - obtiendraient en Palestine un statut d'autonomie dans les régions de forte concentration juive ou maronite.

Ce projet, consigné dans le "Livre bleu", ne fait pas l'unanimité des Arabes mais la charte de la Ligue est néanmoins signée par les divers pays en mars 1945.

En avril 1945, c'est fin de la guerre - Forts de leur victoire, les États-Unis dominent maintenant le monde de leur influence

Roosevelt, président des États-Unis (qui avait été élu avec 90% du vote juif) était d'abord totalement ignorant du problème de la Palestine et entièrement acquis aux thèses sionistes. Toutefois, après un voyage en Égypte il s'était engagé à ne jamais prendre une décision hostile aux Arabes sans consulter « pleinement et au préalable » les juifs et les Arabes.

mais il meurt bientôt et Truman lui succède - Comme Roosevelt, ce dernier est, lui aussi, très ignorant du problème palestinien et parfaitement conscient de la puissance financière et électorale juive qui a, comme pour Roosevelt, contribué largement à son élection.
A la suite de la visite du rabbin Wise, président de l'Agence sioniste américaine, qui insiste sur la première promesse faite aux juifs par Roosevelt et qui brandit la menace de la perte de l'électorat juif, Truman décide d'appuyer de tout son poids l'immigration juive.

En Grande Bretagne, le Parlement, dirigé par les travaillistes, est partagé :
Certains membres - tel le Premier Ministre Atlee - sont très liés au Mapai, le parti de Ben Gourion, et sont partisans des sionistes. À noter que dès 1944 ce parti avait déjà appelé à "transférer" les Arabes hors de la Palestine ; maintenant il préconise que toute la Palestine devienne un État juif.
D'autres parlementaires, tel Bevin, le ministre travailliste des Affaires Étrangères, ne sont pas de cet avis. À la lumière des multiples rapports des experts, le sionisme leur apparaît maintenant comme un immense danger. Ainsi en était-il pour Roosevelt à la fin de sa vie.
C'est l'épreuve de force entre Attlee et Bevin...

Aux États-Unis, Truman (par Harrison son ministre), tenant parole, préconise l'octroi de 100 000 visas d'immigration juive en Palestine.

En mars 1946 : une commission anglo-américaine se réunit :
- elle prévoit l'immigration de 100 000 juifs,
- elle rejette la formule des deux États,
- elle demande (naïvement) la collaboration de l'Agence juive pour lutter contre l'immigration illégale et le terrorisme juifs !
- elle lève les restrictions sur les transactions immobilières des juifs.

pour Bevin et Attlee : il s'agit d'un tout indissociable, mais Truman ne retient que l'immigration de 100 000 juifs.

Conférence de Londres
Truman réitère son appui à l'immigration immédiate de 100 000 juifs et se dit prêt à assurer leur transport. Par ailleurs, contrairement aux propositions de la Commision précédente anglo-américaine, il préconise le partage de la Palestine en deux États et demande à la Grande Bretagne de délivrer les suspects juifs arrêtés à la suite d'actes terroristes.

Malgré les efforts de Attlee, c'est l'échec total entre la Grande Bretagne et les États-Unis.

Pendant ce temps les organisations terroristes du Lehi et de l'Irgoun sont particulièrement actives pour faire céder la Grande Bretagne devenue franchement hostile au projet sioniste :

- en février 1946 : des commandos détruisent 22 appareils de combat anglais sur des aéroports militaires,
- en avril 1946 : sept soldats anglais sont abattus dans leur caserne,
- en mai 1946 : les ponts reliant la Palestine aux pays limitrophes sont dynamités,
- en juin 1946 : huit officiers britannique sont enlevés,
- en juillet 1946 : l'Irgoun plastique l'hôtel King David siège de l'administration britannique. On dénombre 93 morts en majorité civils : 41 Palestiniens, 28 Britanniques, 17 juifs.

À la suite de ces actions terroristes les Britanniques arrêtent 2675 suspects juifs (dont Shamir, commandant le Lehi ; Begin quant à lui parvient à s'échapper). Par ailleurs, ils font une descente à l'Agence juive où ils découvrent un important stock de matériel militaire.

L'occupation par l'armée britannique, pendant un jour, de l'Agence juive est considérée, par Weizmann son président, comme une déclaration de guerre de la Grande Bretagne non seulement à la communauté juive de Palestine, le Yishouv, mais à tous les juifs du monde. Mobilisant alors le puissant service de propagande de l'Agence, n'hésitant pas à mobiliser des enfants juifs pour participer aux violentes manifestations antibritanniques organisées, Weizmann ordonne à tous les juifs sans exception de faire front contre le Royaume-Uni.

Pendant ce temps, la Haganah, une organisation militaire sioniste, est chargée de la colonisation de Néguev. Dès octobre 1946 les onze premières colonies y sont fondées.

En résumé, la Grande Bretagne a mené, pendant la période de son Mandat sur la Palestine (1922-1947) une politique très tortueuse dans cette région piégée qu'elle fut par ses propres promesses aux juifs et aux Arabes:

- tantôt, elle a essayé de contenir l'immigration juive pour deux raisons : d'une part son exaspération devant les méthodes des colonisateurs sionistes occupant sournoisement la Palestine et maniant le terrorisme envers son armée et ses diplomates pour avoir le champ entièrement libre, d'autre part, le mécontentement des pays arabes de voisinage où elle avait des intérêts pétroliers ;

- tantôt elle a fermé les yeux sur l'immigration juive, l'a même favorisée sous l'influence du lobby sioniste. Parallèlement elle a réprimé plus ou moins sévèrement, parfois très sévèrement, les révoltes des Arabes tenus politiquement pour quantité négligeable.En 1917, Lord Balfour, secrétaire au Foreign Office ne baptisait-il pas les Arabes de « collectivités non-juives en Palestine » alors qu'ils étaient 700 000 aux côtés de 60 000 juifs soit de 90 % de la population de la Palestine » ?

5 - 1947 : LA CRÉATION DE L'ÉTAT D'ISRAËL PAR l'ONU

Les principaux épisodes d'une forfaiture légale

janvier
le Congrès sioniste exige un État juif sur toute la Palestine ou à la rigueur deux États dans des frontières « adéquates » .

février
Reprise de la Conférence de Londres avec les seuls Arabes :
- le plan britannique de Bevin prévoit un État palestinien binational avec 5 ans de tutelle britannique,
- mais ce plan est rejeté et par les juifs et par les Arabes,
La Conférence demande le recours de l'ONU.

avril-juillet :
l'ONU,
en réponse à la demande britannique d'une conférence, nomme une Commission d'enquête internationale, l'UNSCOP qui est composée des représentants de 11 pays (à l'exclusion des 5 grandes puissances). Ces pays sont les suivants :
- Iran, Inde, Yougoslavie qui souhaitent un État fédéral indépendant avec un État arabe et un État juif,
- Canada, Pays-Bas, Pérou, Suède, Tchécoslovaquie, Uruguay et Guatemala (ces deux derniers pays déjà connus pour leur appui proclamé au sionisme) se prononcent pour un partage avec union économique.

Pendant le séjour de cette Commission en Palestine, on assiste à une multiplication des opérations d'immigration illégale des juifs et à des attentats terroristes sionistes dirigés contre les troupes anglaises qui continuent à payer un lourd tribut. À signaler notamment l'enlévement et la pendaison de deux sergents anglais dont les cadavres piégés explosent lorsqu'ils sont découverts en faisant de nouvelles victimes parmi les soldats britanniques. « La bestialité des nazis ne puvait aller plus loin » écrit à cette occasion l'éditorialiste du Times.

juillet : l'épisode de l'Exodus

Ce bateau, affrété par la Haganah et chargé de 4500 immigrants juifs, se présente au large d'Haïfa pour forcer les Britanniques à permettre le débarquement.

L'Agence juive y envoie des journalistes. À l'aide d'informations que l'on sait aujourd'hui absolument mensongères sur le comportement « sauvage » des Britanniques, l'Agence lance à travers toute l'Europe, les États-Unis et les nombreux pays où les juifs sont présents, une violente propagande anti-britannique.

A propos de l'exploitation éhontée de cet épisode de l'Exodus par l'intelligentsia juive, Christopher Sykes a pu écrire : « Exodus 1947 fut parmi les plus importants succès du sionisme avant la naissance de l'État d'Israël. Il devint le sujet d'une saga avec un livre et un film - ayant autant de ressemblance avec les événements que l'Iliade d'Homère avec le siège de Troie - et qui eurent un considérable succès » .

Le rapport final de l'UNSCOP recommande notamment :
- la fin du Mandat britannique et une période transitoire avant l'indépendance sous le contrôle de l'ONU,
- la préservation des Lieux saints,
- la résolution pacifique des différends entre les deux parties,
- l'unité économique de la Palestine,
- la reconnaissance des droits des citoyens étrangers à la Palestine.

Les délégués minoritaires (Inde, Iran, Yougoslavie) recommandent un État fédéral bi-national, tandis que les autres veulent deux États et l'internationalisation de Jérusalem.

La Grande Bretagne surprise du vote de l'UNSCOP
- refuse implicitement le partage,
- et décide d'abandonner son Mandat dans un délai de 6 mois si aucun accord n'est conclu entre juifs et Arabes

mais les maîtres du jeu en 1947 sont avant tout les États-Unis et l'URSS.

Aux États-Unis le lobby juif, tout acquis à la cause sioniste et représentant une puissance financière et électorale considérable, fait pression sur le Congrès américain et sur Truman pour le partage. C'est là la motivation essentielle de la position des États Unis. Le risque d'une brouille avec le monde arabe est éclipsé par l'intérêt immédiat du Président Truman.

Quant à l'URSS, c'est avant tout son hostilité à la Grande Bretagne présente dans la région et la perspective stratégique de prendre sa place qui dicte sa conduite. Son vote est paradoxal puisque l'on sait que les marxistes ont toujours été des antisionistes farouches. C'est ainsi qu'elle appuie soit la création d'un État bi-national, soit de deux États, l'un juif, l'autre arabe. Dans la circonstance, l'intérêt étroitement national a manifestement prévalu sur l'idéologie.

Les délégations palestinienne et arabe rejettent absolument le plan de partage.

Il faut noter que les sionistes ont alors plaidé leur cause avec diplomatie en jouant :
. sur les intérêts électoraux des divers représentants des pays de l'ONU avec la collaboration des organisations juives de divers pays,
. sur l'histoire des Hébreux et de la Bible, histoire commune aux juifs et aux chrétiens,
. sur les persécutions dont les juifs ont été victimes au cours des siècles dans de nombreux pays,
. sur la responsabilité plus ou moins importante des pays occidentaux dans le génocide hitlérien,
. sur les réalisations économiques des colons juifs en Palestine, susceptibles de profiter à tous les arabes de la région, pauvres et peu instruits.

De plus les sionistes, par la voix de leur président Ben Gourion, à un moment particulièrement crucial où les représentants des Nations Unies étaient excédés par l'antagonisme absolu des forces en présence, avaient accepté un compromis de pure tactique mais particulièrement habile, en déclarant se satisfaire d'une seule partie de la Palestine, malgré « le lourd sacrifice » que cela représentait. « Nous sommes prêts à considérer, avait-il déclaré, la question d'un État juif sur une partie significative de la Palestine, tout en réaffirmant notre droit sur toute la Palestine ».

Les Arabes, au contraire, avaient décliné d'emblée, par l'intermédiaire du Haut comité arabe (HCA), toute coopération avec la Commision de l'ONU : « Les droits naturels des Arabes de Palestine sont évidents et ne peuvent continuer à faire l'objet d'enquête ».

Face à la tactique cyniquement habile des sionistes, celle des Arabes, seulement assurés de leur incontestable bon droit, ne fut pas fructueuse...

De nouvelles sous-Commissions sont alors nommées pour réexaminer les demandes palestinienne et juive.

La Grande Bretagne est en grand désarroi, de même que les pays arabes...:

De nombreuses résolutions sont votées par les différents pays de la Ligue arabe mais elles demeurèrent toujours des voeux pieux. Toutes les décisions concernant soit l'aide économique (pour contrer les acquisitions systématiques des terres par les colonisateurs sionistes), soit l'aide militaire en hommes et en matériel pour s'opposer à tout partage de la Palestine, ne trouvèrent jamais la moindre application concrète par suite des dissensions, de la mésentente et des divergences d'intérêts entre les pays en question. Ainsi, la Ligue arabe recommande la mobilisation de toutes les forces arabes disponibles mais ne prend qu'une seule et unique décision : l'octroi d'un million de livres sterling à la commission militaire.

En septembre : l'ONU émet un premier vote pour décider de l'avenir de la Palestine

Le résultat est le suivant :
- 25 voix pour le partage,
- 13 voix contre,
- 19 abstentions ...

Mais la résolution, pour être validée, devait obtenir les 2/3 des voix, ce qui n'est pas le cas.

C'est alors que les pressions les plus grandes s'exercèrent sur les représentants des Nations Unies de la part du Congrès, de l'Administration, du Parti démocrate, du président Truman (inquiet pour sa réélection), de l'ensemble des organes du mouvement sioniste présent dans tous les pays. Ils pèsent de tout leur poids pour gagner à leur cause les États les plus faibles.

Il s'ensuit que les représentants de certains de ces États : la Grèce, les Philippines, le Libéria et Haïti... récalcitrants jusque-là deviennent favorables au partage, les Philippines et Haïti se voient accorder des prêts pour leur développement tandis que, à l'instigation de l'Administration démocrate, la compagnie de caoutchouc Firestone prévint le Liberia qu'elle annulerait ses projets d'extension dans le pays s'il ne renversait pas son vote en faveur du partage !

Le 25 novembre : l'ONU émet un second vote pour décider de l'avenir de la Palestine

En dépit de l'opposition farouche de la Grande Bretagne et des États arabes le projet soviéto-américain de deux États séparés passe en commission.
Le vote est le suivant :
- 25 voix pour,
- 13 voix contre,
- 17 abstentions,
- 2 absents.

mais il manque encore 1 voix pour atteindre la majorité requise des 2/3.

C'est alors que Truman jette de nouveau tout son prestige de Président des États-Unis dans la bataille et mobilise tous les moyens dont il dispose, moyens diplomatiques et autres : l'administration des États-Unis menace la France, qui s'est abstenue lors du vote, de lui couper les vivres, tandis que plusieurs chefs de délégations se voient offrir des « enveloppes » ou des cadeaux pour leurs épouses...

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Le 29 novembre 1947 : l'ONU vote le partage de la Palestine en trois parties :

. un État juif de 14 000 km2 avec 558 000 juifs et 405 000 arabes ;

. un État arabe de 11500 km2 avec 804 000 arabes et 10 000 juifs, avec entr'eux une union économique, monétaire et douanière ;

+ une zone sous régime international particulier comprenant les Lieux saints, Jérusalem et Bethléem avec 106 000 arabes et 100 000 juifs.

La résolution 181 est acquise suivant le vote suivant :
- 33 voix pour la création (dont celles des E.U., de l'URSS et de la France),
- 13 voix contre,
- 10 abstentions (dont celle de la G.B. qui fixe au 15 mai 1947 son retrait civil et militaire de Palestine).

L'ONU prévoit aussi dans sa résolution :
- que l'union économique - vue comme une « nécessité absolue » - soit réalisée entre les États,
- que les droits des minorités et les principes démocratiques soient respectés,
- que les futurs textes constitutionnels des deux États suivent les normes de l'ONU.

Ainsi s'est décidé légalement, mais manifestement de façon illégitime, le sort de la Palestine et du peuple qui l'habitait... Les Nations Unies trahirent là l'un de leurs principes les plus sacrés : celui du droit fondamental d'un peuple à l'autodétermination, principe cardinal du

6 - LA GUERRE JUDÉO-PALESTINIENNE DE 1947-1948

Elle débute le 30 novembre 1947 dès le vote des Nations Unies bien avant la fin du Mandat britannique fixé au 14 mai 1948

Les Sionistes,
Ils sont parfaitement unis, se sont bien préparés à la guerre : une grande proportion est apte au métier des armes ; les officiers, formés pour certains en Grande Bretagne, sont compétents.
La Haganah (l'armée juive clandestine) qui s'enrichit de nombreux jeunes juifs étrangers venant la rejoindre, compte 5 à 7 000 hommes en décembre 1947, 35 000 en mai 1948 et 90 000 en décembre 1948.
Des plans de guerre ont été mis au point : d'abord le plan Gimmel (tant que les Britanniques sont présents) puis le plan Dalet après leur départ.
La Tchécoslovaquie assure une importante fourniture d'armes, tandis que les États-Unis fournissent une aide massive financière et militaire.

Les Arabes,
D'une grande diversité sociale, sans conscience politique collective, peu instruits dans leur grande majorité, non unis, ils sont mal préparés à l'affrontement.
Leurs milices sont peu nombreuses, dispersées et mal entraînées et ne comportent que quelques milliers de volontaires étrangers.
Les premiers éléments des armées arabes n'arrivent qu'en février 1948, bien après les combats engagés par les juifs. La seule force arabe importante est la Légion arabe de Transjordanie mais elle ne comporte que 4 500 à 6 000 hommes sans aviation ni chars et manque cruellement de munitions.
De plus le souverain de Transjordanie, Abdallah, après une entrevue avec Golda Meir, se laisse circonvenir par elle et accepte en secret le partage de la Palestine avec la perspective de s'emparer de la Cisjordanie.
Par ailleurs, toutes leurs tentatives d'achats d'armes à l'étranger échouent.

Les combats - notamment pour le contrôle des voies de communication - culminent en mars 1948 :
Less victimes civiles sont nombreuses des deux côtés :
- les combattants arabes (« l'armée de secours ») tuent successivement dans des embuscade 45 soldats juifs de la Haganah puis 70, tandis que le plasticage du siège de l'Agence juive fait 12 morts.
- de son côté, le Lehi multiplie les attentats terroristes où de nombreux Palestiniens sont tués,

Devant l'extension des combats - et le revirement de l'opinion américaine qui regrette maintenant le partage auquel elle était initialement favorable - Washington revient sur la résolution de partage et réclame une tutelle internationale

Ce revirement fait suite à un mémorandum adressé à Truman par l'Administration américaine et les experts du Département d'État face aux combats meurtriers qui se déroulent en Palestine.
Mais, c'est le moment de la campagne présidentielle de Truman :
- le secrétaire d'État aux affaires étrangères, le Général Marshall, est farouchement opposé au partage de la Palestine.
- mais le conseiller, Clifford, est favorable aux sionistes, compte tenu du poids électoral des organisations juives américaines. C'est lui qui va dicter à Truman sa conduite.

Pendant ce temps les forces sionistes poursuivent leur conquête progressive de la Palestine tout en préparant, avec l'aide extérieure, une offensive de plus grande envergure.

C'est alors qu'a lieu le massacre de Deir Yassin
C'est le nom d'un village arabe siège d'un massacre odieux perpétré par les organisations terroristes sionistes, l'Irgoun et le Lehi, le 9 avril 1948,
Après les bombardements et le dynamitage des habitations avec leurs occupants, le massacre est organisé méthodiquement et de sang-froid : tous les habitants du village sont tués. La Croix-Rouge dénombre 254 victimes, en majorité des femmes et des enfants.
Le nom de Deir Yassin est destiné - comme celui d'Oradour-sur-Glane en France - à rester dans l'Histoire (Israël, en 1993, a enfin reconnu et regretté les faits) mais les ruines du village ayant été rasées par les Israéliens et remplacées par de nouvelles habitations juives, ce n'est pas un « lieu » de mémoire.

Sans attendre le départ des Britanniques prévu pour le 15 mai 1948 et l'invasion des Arabes, les sionistes lancent alors une offensive générale.

À ce moment-là, le déséqulibre des forces en présence avec notamment la Haganah et l'Irgoun (ce dernier regroupant à lui seul de 5000 à 10 000 combattants) est devenu particulièrement important.

Après le plan Gimmel, le plan Dalet, prévu seulement après le départ des Britanniques, est mis en oeuvre par anticipation : il débute la première semaine d'avril. Ce plan prévoit notamment le contrôle total du territoire alloué par l'ONU, la conquête de nombreuses autres portions de territoire considérées comme « vitales » et la protection des colonies juives implantées dans ce qui aurait dû constituer l'État arabe prévu par l'ONU.

Lorsque les États arabes : Syrie, Égypte, Transjordanie, Irak... décident enfin d'envoyer leurs armées en Palestine ils remportent d'abord quelques victoires éclatantes, mais ces victoires ne sont qu'éphémères : les sionistes reprennent vite l'offensive et se rendent maîtres du terrain. Les villes tombent les unes après les autres ... : Tibériade, Haïffa, Jaffa... tandis que les chefs arabes sont tués. La dernière ville tombe le 14 mai, veille du départ des Britanniques.

Les combats, meurtriers de part et d'autre, sèment la panique dans la population arabe misérable qui fuit en masse dans les régions voisines malgré les appels lancés à la fois par quelques personnalités juives (comme le maire de Haïfa) et les dirigeants arabes pour inviter les populations à rester à leur place (nous reviendrons plus loin sur ce sujet).

Le Mandat britannique vit alors ses derniers jours... tandis que Jérusalem brûle et que se succèdent en vain réunions, discussions et commissions internationales...

En résumé, la guerre se termine par l'écrasement des Arabes, par l'exode de centaines de milliers de réfugiés palestiniens et par la conquête par Israël de nouveaux territoires. Seule la vieille ville de Jérusalem échappe, grâce aux Britanniques, à une occupation sioniste. Elle restera arabe jusqu'à la guerre de 1967 tandis que les réfugiés seront empêchés par la force et de façon absolue de retourner dans leurs terres, lesquelles furent immédiatement saisies par le Fonds national juif et distribuées aux nouveaux immigrants juifs, à diverses intitutions et aux kibbouzim.

Par ailleurs, l'État palestinien prévu par l'ONU ne voit pas le jour : Israël et la Transjordanie se partagent son territoire.

Le 14 mai 1948 à 18 heures, en pleine guerre, l'État juif est proclamé par Ben Gourion à Tel Aviv.

Truman le reconnaît immédiatement (onze minutes plus tard exactement), sans que soient précisées les frontières du nouvel État. Quant à la France, où des voix se font entendre au gouvernement pour stigmatiser son vote de l'ONU, elle attendra mai 1949 pour la reconnaissance d'Israël.

Les combats d'arrière garde continuent malgré tout... C'est à ce moment là, le 11 juillet, que se situe le massacre perpétré à Lod et Ramle. Il s'agit de deux autres villages où les Israéliens, en réponse à des coups de feu de tireurs arabes embusqués, convaincus « qu'il s'agissait d'une insurrection générale ont réagi brutalement, massacrant des centaines de civils ». (Greilsammer)

Les combats s'éteignent progessivement avec l'anéantissement des forces arabes. A ce moment-là, précise Greilsammer l'armée israélienne (Tsahal) « avait à sa disposition cent mille soldats, des armes et un matériel important (plus que ce que possédaitent toutes les armées arabes réunies ».

La guerre de 1947-1948 a modifié radicalement les données sur le terrain. La création de l'État d'Israël sur la partie la plus importante de la Palestine mandataire s'accompagne en définitive du départ de 650 000 à 750 000 Palestiniens qui, d'hommes libres vont devenir de misérables réfugiés dans les pays du voisinage : Égypte, Syrie, Jordanie, Liban, Syrie... Quant aux Arabes restés en Palestine (environ 160 000) ils sont frappée de stupeur : ils sont devenus brutalement minoritaires et étrangers dans leur propre pays et hôtes de leurs ennemis... Le gouvernement militaire instauré entrave leur liberté de déplacement tandis que toute une kyrielle de lois entraînent rapidement la confiscation de 40% à 60% de leurs terres. Alain Dieckhoff précise qu'« une catégorie juridique tout à fait orwellienne apparaît même : celle des présents-absents. Elle concerne environ 20 000 Arabes qui avaient provisoirement quitté leur domicile pour se réfugier dans les pays arabes voisins ou dans les zones sous contrôle des armées arabes avant de s'en retourner quelques semaines vers leur chez-soi... lequel avait été entre-temps confisqué par le gouvernement israélien ». Situation dramatique en vérité : ils appartenaient au peuple qui avait combattu l'État juif, un État dont ils étaient désormais citoyens !

En définive, l'exil (ghurbah) et la dispersion (shatat) ont fait du peuple de Palestine un peuple de réfugiés profondément déraciné et mutilé par la perte de ses terres tandis que la société palestinienne était elle-même totalement et durablement disloquée. Resta alors la nostalgie de la terre ancestrale assimilée à un paradis perdu qui devait être le prélude à la naissance d'un nouveau peuple, le peuple palestinien.

On peut noter que les Occidentaux dans leur ensemble, à la fois peu instruits sur ce problème du Proche-Orient et tout préoccupés d'eux-mêmes au lendemain de la guerre qu'ils venaient de subir - parfois même les Arabes éduqués en Occident - ont accepté d'emblée la version sioniste des faits :
. d'une part le partage est vu comme une formule de compromis, légale, morale, juste, équilibrée...,
. d'autre part on pense que la guerre a été celle de David contre Goliath, qu'elle a été menée du côté juif de la façon la plus propre et la plus morale possible sans atrocités, massacres ou pillages, et que les populations arabes ont fui de leur plein gré..
. Nous savons maintenant que les Occidentaux se sont laissés berner par la propagande habile des sionistes.

7 - LES GUERRES ISRAÉLO-ARABES de 1967 et de 1973

LA GUERRE DU LIBAN CONTRE l'O.L.P. de 1982

Ces trois guerres, qui succèdent à celle de 1947-48 (et accessoirement celle de 1956 contre l'Égypte) sont une illustration parfaite de l'engrenage de violences permis par la création absurde de l'État d'Israël, un État voué, pour son malheur et pour celui des non juifs, à avoir et des "ennemis intérieurs" et des "ennemis extérieurs" et à être appelé perpétuellement, dans une logique implacable, à se défendre par les armes,et à manier une infernale vengeance.

Les ennemis de l'extérieur d'Israël sont d'abord ses voisins immédiats : l'Égypte, la Syrie et la Jordanie.

La guerre de 1967 dite « des six jours »

Après plusieurs années de tensions concrétisées notamment par le détournement des eaux du Jourdain par Israël, après des mouvements de l'armée égyptienne dans le Sinaï et le ralliement de la Jordanie et de l'Irak au pacte égypto-syrien, Israël passe à l'attaque : son aviation détruit l'aviation arabe en quelques heures, tandis qu'il faitla conquête de la péninsule du Sinaï, de la Cisjordanie, de Gaza, du plateau du Golan et de Jérusalem-Est.
Jérusalem est officiellement réunifiée et un gouvernement militaire est établi dans les territoires occupés.
Les Arabes fuient en grand nombre vers la Syrie, le Liban, l'Égypte, mais surtout vers la Jordanie (comme le précise dans ses mémoires Haïm Herzog, président d'Israël, cette « fuite spontanée » se fait avec l'aide des Israéliens qui mettent à la disposition des Arabes une noria de bus et de camions).
À la suite de cette guerre la surface du territoire sous contrôle israélien est brutalement multipliée par 5 : elle occupe désormais 100 000 kilomètres carrés.

L'ONU par sa résolution 242 demande le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés et le retour des réfugiés, mais ces demandes, comme les précédentes (et les suivantes), resteront lettre morte en l'absence de contrainte sur Israël.

Ultérieurement, le Golan et Jérusalem-Est seront annexés tandis que, en 1980, la Loi fondamentale institue : « Jérusalem capitale d'Israël »

De 1967 à 1973 les incidents frontaliers et les combats de chars ou aériens sont incessants entre Israël et ses voisins. C'est la "guerre d'usure" qui prépare la "guerre totale" annoncée par les chefs arabes (à l'exception de ceux de la Jordanie). On peut noter :
- la destruction par Israël de toute l'aviation civile libanaise soit 13 avions en décembre 1968 ;
- les bombardements des bases palestiniennes dans les territoires voisins à de multiples reprises ;
- le bombardement du Liban en 1972 (en représailles du meurtre à Munich de l'équipe olympique par un groupe terroriste palestinien) où périssent de nombreuses victimes civiles.
Chaque camp se prépare à la guerre...

La guerre de 1973 dite « du Kippour »

Le 6 octobre, l'Égypte et la Syrie lancent une attaque-surprise coordonnée avec l'aide de contingents venant de divers pays : Irak, Maroc, Lybie, Koweit, Arabie Séoudite. À noter que le Liban et la Jordanie ne rentrent pas dans le combat.
Pendant les trois premiers jours, les Arabes remportent des succès notables mais la contre-offensive israélienne s'avère victorieuse.Les pertes sont lourdes de part et d'autre. Pour Israël : 2355 tués

Un cessez-le-feu est demandé par les Soviétiques qui comprennent que leurs alliés ont perdu la guerre. Les Américains l'acceptent aussi, contre l'avis d'Israël.

Avec le conflit israélo-arabe, le conflit devient mondial car l'OPEP (qui réunit les pays grands producteurs de pétrole) décide:
- une importante hausse du prix du pétrole,
- une réduction des exportations vers les pays occidentaux,
- un embargo total pour les États-Unis (qui ont fourni l'essentiel du matériel de guerre à Israël), puis pour les Pays-Bas (qui lui ont également apporté leur soutien.

La guerre du Liban en 1982

Précédée en 1981 de l'opération "Litani" qui avait repoussé au-delà de ce fleuve les forces palestiniennes et établi un "Etat du Liban-Sud" dirigé par un fidèle d'Israël l'officier libanais Saad Haddad, la guerre est déclenchée en 1982 par Israël dans la perspective de détruire l'O.L.P. qui a rassemblé au Liban des forces importantes d'où elle lance ses commandos pour commettre des attentats en Israël, attentats auxquels ne répondaient jusqu'alors que des bombardements-représailles.

L'autre intention d'Israël est d'établir au Liban un pouvoir fort aux mains des Phalanges chrétiennes dirigées par Pierre Gemayel, ennemi juré des Palestiniens.

À noter aussi que la guerre civile entre chrétiens et musulmans sévit au Liban depuis 1975.

C'est la première guerre strictement israélo-palestinienne :
- en juin : Israël envahit le Liban par opérations terrestres et maritimes et détruit les intallations palestiniennes,
- en septembre : les troupes israéliennes encerclent Beyrouth-Ouest (la partie musulmane de la ville) où l'OLP est solidement installée, en font le siège et bombardent la ville.

C'est alors qu'ont lieu les horribles massacres des camps de Sabra et Chatila où des centaines de civils palestiniens (plusieurs milliers selon certaine sources) : femmes, enfants, vieillards... trouvent la mort. Ces massacres sont perpétrés par les milices chrétiennes maronites alliées de l'armée israélienne dirigée par Ariel Sharon qui "a laissé faire". En fait, nous savons maintenant que l'armée israélienne et ses chefs ont été très directement impliqués.

Le témoignage d'un témoin oculaire du siège de Beyrouth, l'Ambassadeur de France Paul Marc Henry, dans son ouvrage "Les jardiniers de l'enfer" est particulièrement éclairant : « L'ordre général donné à l'armée israélienne pour leur entrée dans Beyrouth-Ouest aux petites heures du 15 septembre indique précisément que "nous n'entrerons pas dans les camps de réfugiés. Le ratissage et le nettoyage des camps seront effectués conjointement par les Phalanges et l'armée libanaise". Quant à l'armée libanaise elle est "autorisée à entrer n'importe où à Beyrouth selon sa demande". En fait d'après le rapport Kahane, l'entrée des Phalanges dans les camps de réfugiés avait été décidé d'un commun accord entre le Général Sharon, ministre de la Défense et le Général Drori, la veille au soir, à vingt heures trente. »
« Au cours de la journée du jeudi 15 l'armée israélienne avait procédé à un bouclage complet de la zone des camps, ce dont nous avons pu nous rendre compte nous-mêmes en partant de la Résidence des Pins »

Devant ces massacres et cette guerre où Israël est manifestement l'agresseur, le monde entier est stupéfait et indigné, de même qu'une partie notable de l'opinion israélienne. De nombreuses manifestations, notamment d'intellectuels juifs ont lieu à Paris, tandis qu'en Israël même de violentes réactions et des manifestations imposantes condamnent le gouvernement. Le grand journal israélien Haaretz établit même une comparaison avec les massacres nazis...

À propos de cette entreprise guerrière, Benjamin Cohen de l'Université de Tel-Aviv, écrit dans une lettre à P. Vidal-Naquet (lettre publiée dans le Monde du 19 juin) : « Je vous écris en écoutant le transistor qui vient d'annoncer que "nous" sommes en train d'atteindre notre objectif au Liban : assurer "la paix" aux habitants de Galilée. Ces mensonges dignes de Goebbels me rendent fous. Il est clair que cette guerre sauvage, plus barbare que toutes les précédentes, n'a rien à voir, ni avec l'attentat de Londres, ni avec la sécurité de la Galilée... Des juifs, fils d'Abraham... Des juifs victimes eux-mêmes de tant de cruautés, peuvent-ils devenir tellement cruels ? Le plus grand succès du sionisme n'est donc que ceci : la "déjudaïsation" des juifs.
Faites, chers amis, tout ce qui reste dans votre pouvoir pour que les Beghin et les Sharon n'atteignent par leur double objectif : la liquidation finale (expression à la mode ces jours-ci) des Palestiniens en tant que peuple et des Israéliens en tant qu'êtres humains ».

L'action diplomatique réussit à sauver l'OLP de destruction complète. Dans le cadre d'une Force Multi-nationale (F.M.N.) de l'ONU, une partie des combattants palestiniens est dirigée vers la Syrie, la Jordanie, la Tunisie et d'autres pays arabes ; la direction, quant à elle, se réfugie à Tunis. (À Tunis, l'OLP sera pourchassée par les Israéliens : en 1985 un bombardement israélien fera 70 morts à son quartier général, en 1988 puis en 1991 plusieurs de ses dirigeants seront assassinés par un commando israélien).

L'occupation israélienne durera jusqu'en 1985, sauf pour "la zone de sécurité du Sud-Liban" qui ne sera évacuée qu'en 2000.

C'est maintenant le Hezbollah pro-iranien, soutenu par la Syrie, qui prend la place de l'OLP comme organisation clandestine anti-israélienne.

8 - L'ONU FACE À ISRAEL : jouet et complice par faiblesse.

Nombre derésolutions ont été prises par l'ONU depuis la création de l'État d'Israël en 1947 - résolutions qu'elle a été incapable de faire respecter.

Rappelons tout d'abord :
la résolution 181
du 29 novembre 1947 par laquelle l'ONU vote le partage de la Palestine en trois parties:
. un État juif
de 14 000 km2 avec 558 000 juifs et 405 000 arabes,
. un État arabe de 11500 km2 avec 804 000 arabes et 10 000 juifs,
avec entre eux une union économique, monétaire et douanière,
+ une zone sous régime international particulier comprenant les Lieux saints, Jérusalem et Bethléem avec 106 000 arabes et 100 000 juifs.

L'ONU prévoyait aussi dans sa résolution :
- que l'union économique - vue comme une « nécessité absolue » - soit réalisée entre les États,
- que les droits des minorités et les principes démocratiques soient respectés,
- que les futurs textes constitutionnels des deux États suivent les normes de l'ONU.

Après la guerre de 1948 :

La résolution 194 - Assemblée générale des Nations unies : 11 décembre 1948

Elle stipule, à la suite du départ forcé de centaines de milliers de Palestiniens : « qu'il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables. »

Après la guerre israélo-arabe de 1967 :

La résolution 242 - 22 novembre 1967 - du Conseil de sécurité des Nations Unies :

Cette résolution décrète « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la guerre » et « exige l'instauration d'une paix juste et durable au Moyen-Orient », qui passe par « le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés pendant le récent conflit » et le « respect de la souveraineté de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région, et leur droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces et d'actes de force. »

Cette résolution sera reprise dans toutes les négociations ultérieures de l'ONU. La base de la paix au Proche-Orient est l'évacuation par Israël des territoires occupés.

Après la guerre israélo-arabe de 1973

La résolution 338 - 22 octobre 1973 - du Conseil de sécurité des Nations Unies :

La résolution réaffirme la validité de la résolution 242 et appelle au cessez-le-feu et à des négociations en vue « d'instaurer une paix juste et durable au Moyen-Orient ».

La résolution 3236 - 22 novembre 1974 - de l'Assemblée générale des Nations Unies :

La résolution réaffirme le « droit inaliénable des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens, d'où ils ont été déplacés et déracinés, et demande leur retour » et « le droit à l'autodétermination du peuple palestinien ».

Fait particulièrement notable, la résolution 3379 de 1975 de l' Assemblée générale des Nations Unies condamne le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimation sociale ».
Mais, fait non moins notable, les Israéliens et leurs protecteurs américains parviennent en 1991, à l'occasion de l'effondrement du bloc soviétique qui modifie la répartition des votes aux nations Unies, à faire annuler la condamnation précédente à la Conférence de Madrid.
De plus, poussant alors le cynisme à un rare niveau, les dirigeants israéliens et leurs complices occidentaux demandent dans la foulée à l'Assemblée générale des Nations Unies de condamner l'antisionisme. Cette demande inouïe est rejetée.

La résolution 478 du 20 août 1980

Cette résolution est la réponse de l'ONU au décret israélien du 30 juillet 1980 instituant Jérusalem comme « capitale de l'État d'Israël ». Elle dénonce « une violation du droit international » et déclare cet acte de force de « la puissance occupante » comme « nul et non avenu » .

A noter aussi que :

- l'Assemblée générale des Nations unies réitère chaque année depuis 1948 « le droit au retour » pour les réfugiés palestiniens ou, pour ceux qui renonceraient à ce droit, des compensations financières,

- le Conseil de Sécurité a fait depuis 1948 de multiples déclarations appelant Israël à ne pas étendre ses colonies et notamment à abandonner son projet de Grand Jérusalem. La dernière, celle du 13 juillet 1998, prie Israël de : « ne prendre aucune autre mesure qui compromettrait l'issue des négociations sur le statut définitif de la ville » et de « se conformer scrupuleusement à ses obligations découlant de la 4ème convention de Genève ».

mais la démission de l'ONU, face à Israël, a été constante :

- en octobre 1990, l'ONU nomme une commission d'enquête à la suite de la tuerie dite "des mosquées" par l'armée israélienne, tuerie qui fait 18 morts et 150 blessés. Israël refuse de recevoir cette commission. L'ONU ne réagit pas...

- en 1992 : l'ONU condamne Israël pour l'expulsion vers le Sud-Liban de 415 Palestiniens à la suite de l'assassinat d'un garde-frontière par le Hamas... Israël ne tient pas compte de cette condamnation. L'ONU ne réagit pas...

- en 1996 : à l'occasion de l'opération « Raisins de la colère » menée au Sud-Liban, l'armée israélienne bombarde le camp de l'ONU recevant des réfugiés libanais : 98 civils sont tués. L'ONU ne réagit pas...

- le 13 juillet 1998, le Conseil de sécurité des Nations Unies demande à Israël de renoncer au Grand Jérusalem. L'ONU ne réagit pas... Comme chacun sait, la colonisation de Jérusalem-Est s'est toujours poursuivie à un rythme soutenu, y compris pendant le déroulement des pourparlers entre les Israéliens et l'OLP sous l'égide des États-Unis.

- le 20 juillet 1998, la Cour Pénale Internationale juge que « la colonisation de territoires par une puissance occupante doit être assimilée à un crime de guerre » .
Israël vote contre, 21 s'abstiennent, 121 pays votent la motion.
Il s'ensuit que les pays signataires, comme ceux de l'Europe, se sont implicitement engagés (dès ratification par leur Parlement) à procéder aux arrestations des responsables israéliens criminels de guerre pénétrant sur leur territoire. Jusqu'ici aucune arrestation n'a eu lieu...

- en mai 2000 Israël bombarde les centrales électriques du Liban, privant ainsi d'électricité plusieurs centaines de milliers de Libanais avec les morts qui s'ensuivent (notamment par l'arrêt de certains appareils vitaux). L'ONU se contente d'appeler le Hezbollah et Israël à « plus de retenue », comme si Israël n'était pas directement responsable de ces bombardements dirigés sur des objectifs civils libanais.

C'est dire qu'Israël et ses dirigeants ont toujours, avec un constant cynisme, ridiculisé l'ONU en se moquant de ses résolutions et de ses voeux. En 1998, alors que les États Unis demandaient à Israël d'arrêter la colonisation, Netanyahu déclarait : « Israël traverse une période qui nécessite une activité énergique pour renforcer la mainmise juive sur la terre » tandis que son ministre des Affaires étrangères, Ariel Sharon, invitait les colons « à passer à l'assaut » en leur proclamant : « tout ce que vous prendrez restera entre nos mains » .

Si Israël s'est toujours moqué de l'ONU, il lui arrive aussi de se comporter de même avec ses amis américains. En 1992, le Secrétaire américain, James Baker, avait lié l'octroi de garanties bancaires pour un prêt de 10 milliards de dollars à Israël à l'arrêt de la colonisation juive en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En définitive, Israël devait recevoir la garantie pour son prêt quelque temps plus tard tout en poursuivant sa colonisation, sans aucune réaction américaine...

La responsabilité particulière des États Unis, de la France, de la Grande Bretagne, de l'Allemagne, est particulièrement lourde par l'importance de leurs appuis technologiques et financiers à Israël : toutes ont contribué à lui fournir des armements sophistiqués de terre, de mer, des airs (y compris de l'armement atomique). Les experts estiment aujourd'hui que Tsahal, l'armée israélienne, possède une centaine de charges nucléaires susceptibles d'être "délivrées" dans un rayon de trois mille kilomètres autour de Jérusalem mettant toutes les capitales du monde arabe à sa portée. De leur propre aveu les Israéliens vendent des armes à des pays plus grands qu'eux sur les cinq continents, notamment à l'Afrique du Sud, au Chili, à l'Argentine... On peut noter aussi que ces exportations d'armes représentent 30% du montant total des exportations israéliennes, que l'aide officielle reçue des seuls États-Unis est de 4 milliards de dollars par an tandis que la puissante communauté juive américaine ajoute à cette somme un milliard de dollars...

Quant à l'URSS, tout en menant constamment une impitoyable politique antijuive, elle n'a cessé de fournir des armes à l'État juif pour sa lutte contre les Palestiniens.

Ainsi l'ONU, par sa faiblesse, a accepté d'Israël, un des ses membres à part entière depuis 1949 :
- la violation permanente des frontières,
- l'application ininterrompue d'une politique d'élimination, d'annexion et de colonisation, alors que le Tribunal international assimile la colonisation à un « crime de guerre »,
- la prétention d'Israël à résoudre seul - hors de toute intervention de l'ONU - les conflits qu'il a lui-même provoqués,
- la violation permanente des droits de la personne tels qu'ils sont définis par la Déclaration universelle, notamment la torture et la prise d'otages,
- le non-respect les Conventions de Genève dans les territoires occupés,
- le refus de tout contrôle de l'Agence Internationale de l'Énergie atomique et la production des armes chimiques et biologiques.

Comme l'écrit Miguel Benassayag (écrivain exilé argentin ) : « L'État d'Israël justifie à l'avance chaque nouvelle exaction par un supposé droit à la survie, dont l'holocauste est l'argument majeur et imparable. Ainsi une barbarie pourrait en légitimer une autre ! La vérité, si simple et pourtant rarement énoncée, réside dans le fait que la brutalité de l'État d'Israël ne l'érige pas héritier du ghetto de Varsovie mais plutôt de ses bourreaux ».

Alors que le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine peut aussi déclarer, après bien d'autres dirigeants, que : « Les Israéliens trouveront toujours des raisons pour justifier une attitude dilatoire », comment ne pas voir que seules les sanctions diplomatiques, économiques ou militaires émanant de l'ONU sont susceptibles de faire céder Israël et le ramener dans le droit international ?

9 - LES ORGANISATIONS TERRORISTES DU SIONISME

Tout terrorisme, de quelque nature qu'il soit, commandité par quelque individu ou quelque organisation que ce soit, est odieux et intolérable. Ce terrorisme qui tue des personnes totalement étrangères au conflit en cause, même des enfants, sera toujours inadmissible.

Ceci étant posé, et sans chercher de circonstances atténuantes à quelque entreprise terroriste que ce soit, il convient néanmoins de remarquer que l'odieux comporte des niveaux. Dans l'ex-Palestine, il y a manifestement un terrorisme d'agression et de conquête, c'est celui des forts, celui des sionistes israéliens et un terrorisme de défense et de désespoir, c'est celui des faibles, celui des Palestiniens. Les deux sont lâches mais il est évident que le premier dépasse le second dans l'insupportable.

Si nous ne parlons ici que des organisations terroristes israéliennes, ce n'est nullement pour minimiser ou excuser les crimes dont sont responsables les organisations palestiniennes (Hamas, Hezbollah, Djihad...). En dehors du fait que ce dernier terrorisme est celui du désespoir et de la faiblesse, une raison justifie ce parti pris : le terrorisme israélien parce que beaucoup plus occulte, plus sophistiqué, moins sommaire et partant moins spectaculaire que le terrorisme palestinien, est totalement ignoré de la majorité des esprits.

À propos du terrorisme palestinien, on peut noter que le philosophe israélien, Y. Leibovitz, a pu écrire : « Je ne vois aucune raison de condamner des actes dont je suis convaincu qu'ils sont inévitables. Tant que l'occupation continuera, des Palestiniens installeront des voitures piégées et nous, nous tuerons des gosses. Les Palestiniens luttent avec tous les moyens qu'ils trouvent efficaces ».

Parmi les organisations sionistes les plus notables ayant oeuvré en Palestine avant la création de l'État d'Israël ou depuis cette création, citons :

Le Ha-Shomer (la Garde)
Ce fut la première organisation paramilitaire clandestine.
Elle comptait en 1910 une centaine de membres et combattit avec les Anglais pendant la guerre de 1914.
Ses membres formèrent, entre les deux guerres de 1914-18 et de 1939-45, les cadres de l'armée juive clandestine : la Haganah.

L'Irgoun
Cette organisation d'inspiration fasciste vit le jour en 1930 et se spécialisa dans les attentats à la bombe contre les forces britanniques et les Arabes.
En 1939, à la déclaration de guerre avec l'Allemagne, elle fit la trêve avec les Britanniques, mais son chef Menahem Begin (futur premier ministre d'Israël) rompit cette trêve en 1944 et entraîna la reprise des attentats anti-britanniques
Cette organisation donna naissance en 1948 au parti Herout, devenu l'actuel Likoud.

Le Lehi (groupe Stern)
Cette organisation juive extrémiste a représenté une dissidence de l'Irgoun jugée insuffisamment agressive envers les Britanniques.
Il a multiplié les attentats, les exécutions sommaires et les extorsions de fonds et se spécialisa particulièrement dans les attentats à la bombe contre les forces britanniques pendant la période du Mandat.
Lorsques on chef Abraham Stern fut abattu par les Anglais en 1943, c'est Yitzhak Shamir (futur premier ministre d'Israël) qui, au sein d'un triumvirat, prit la direction de l'organisation terroriste,
Fait tout à fait notable, en vertu de l'adage selon lequel "les ennemis (les Allemands) de nos ennemis (les Britanniques) sont nos amis" et dans la perspective d'obtenir de Hitler la promotion de Eretz Israël (le Grand Israël), les dirigeants du Lehi ont offert en 1940-41 les services de leur organisation à l'Allemagne nazie. Un message de la direction du Lehi dit ceci : « la création d'un État juif sur une base nationale et totalitaire, lié par un traité avec le Reich allemand, servirait les intérêts et consolideraient la future puissance allemande au Proche-Orient. Si les aspirations nationales que nous venons de citer sont reconnues par le Reich allemand, notre mouvement de libération se propose de prendre une part active à la guerre, du côté de l'Allemagne »

La Haganah (la Défense)
Elle fut crée en 1920, avait 15 000 membres au début de la guerre de 1940 et comportait notamment (à partir de 1941) des "compagnies de choc", le Palmach
Cette organisation militaire sioniste fut qualifiée d'armée privée clandestine, dès 1946, par la commission anglo-américaine.

Les mista'arebim
C'est une organisation terroriste sioniste toujours active en Israël
Y. Leibovitz l'assimile au Hamas palestinien : « Est-ce que quelqu'un peut nier le fait, atroce, que les actes du Hamas, d'une part, et les mista'arebim, d'autre part, se ressemblent ? » écrit-il.

De quelques crimes perpétrés par les organisations terroristes sionistes

La Grande Bretagne, accusée par les sionistes de contrarier l'arrivée massive et programmée de colons juifs pendant son mandat sur la Palestine (après la guerre de 1914-1918 jusqu'en 1948) sera souvent la cible de choix de ce terrorisme juif. De multiples faits peuvent être rapportés... Citons en quelques uns :

- 1944 : Yitzhak Shamir, chef du Lehi, fait assassiner Lord Moyne grand ami de Churchill, ambassadeur d'Égypte et envoyé spécial de Churchill en Palestine.

- 1946 :
- en février : des commandos détruisent 22 appareils de combat britanniques sur des aéroports militaires,
- en avril : 7 soldats britanniques sont abattus dans leur caserne,
- en mai : les ponts reliant la Palestine aux pays limitrophes sont dynamités,
- en juin : 8 soldats britanniques sont enlevés et pris en otage,
- en juillet : l'Irgoun plastique l'hôtel King David, siège de l'administration britannique. On dénombre 93 morts, en majorité des civils, soit 41 Palestiniens, 28 Britanniques et 17 juifs.

À la suite de ces actions terroristes les Britanniques arrêtent 2675 suspects juifs (dont Shamir, commandant le Lehi ; Begin quant à lui parvient à s'échapper). Par ailleurs, ils font une descente à l'Agence juive où ils découvrent un important stock de matériel militaire. L'occupation par l'armée britannique, pendant un jour, de cette Agence juive est considérée, par Weizmann son président, comme une déclaration de guerre de la Grande Bretagne non seulement à la communauté juive de Palestine, le Yishouv, mais à tous les juifs du monde. Weizmann demande alors à tous les juifs du monde entier et au service de propagande de l'Agence de faire front contre la Grande Bretagne.

1947
- en mars : l'Irgoun organise des raids contre une quinzaine d'objectifs militaires britanniques,
- en mai : l'Irgoun attaque la prison de Saint Jean d'Acre et libère plusieurs centaines de militants sionistes emprisonnés par les Britanniques,
- en juin : les attentats se multiplient lors de l'enquête de l'UNSCOP à l'initiative des Nations Unies. À signaler notamment l'enlèvement et la pendaison de deux sergents anglais dont les cadavres piégés explosent lorsqu'ils sont découverts.

En 2 ans, ce sont 150 militaires britanniques qui tombèrent victimes des sionistes et 350 qui furent grièvement blessés.

novembre 1947-1948 : C'est la guerre israélo-arabe

Avec les hommes et l'argent provenant de nombreuses communautés juives, avec les armes venus en masse de l'Occident (notamment de Tchécoslovaquie) et avec son organisation terroriste mise au point méthodiquement et clandestinement depuis longtemps, Israël triomphe de ses voisins arabes...

Outre les multiples attentats terroristes et la destruction de très nombreux villages, il faut signaler particulièrement le massacre perpétré dans le village palestinien de Deir Yassin le 9-10 avril 1948 où périrent 254 victimes, en majorité des femmes et des enfants et celui du village chrétien d'Eilaboun, en Galilée dont 13 habitants furent massacrés le 30 octobre 1948 par l'armée d'Israël tandis que les autres étaient expulsés vers le Liban, avant d'être, par exception, autorisés à regagner leurs foyers et leurs champs dévastés. (A noter que ce dernier cas n'est connu que depuis quelques années grâce à l'historien israélien Benny Morris qui a pu exhumer des archives de l'ONU).

A noter que l'Organisation Socialiste Israélienne publia elle-même, dans son organe Matzpen, une liste de 384 villages arabes détruits par Israël en 1948 ainsi qu'une liste des agglomérations juives construites sur leurs décombres. On peut ajouter que depuis 1948, bien d'autres villages ont subi le même sort sous les prétextes les plus divers.

En cette même année 1948, le 19 septembre, le Secrétaire Général de l'ONU, le comte Folke Bernadotte, qui dans son premier rapport décrivait : « le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans nécessité militaire apparente » et prônait « le retour des réfugiés dans leurs foyers », est abattu dans son avion, avec son assistant français le Colonel Serrot. Ce sont les organisations terroristes de l'Irgoun et du Lehi qui sont de nouveau responsables de cet attentat.

À noter que l'opinion américaine, jusque-là favorable au partage de la Palestine, le regrette alors en majorité tandis que Washington lui-même amorce un revirement de sa position. Néanmoins, il est trop tard, ce revirement n'aura pas de suite...

À ce terrorisme issu d'organisations sionistes diverses s'est associé, à partir de 1948, un terrorisme d'État, dans lequel on peut ranger:

- les actions de Tsahal destinées, par exemple, à terroriser les populations pendant les guerres de 1948 et de 1967 dans la perspective de les faire quitter leurs villages ou les actions menées comme représailles sur des populations civiles comme celle du 14 octobre 1953 à Kybié en Samarie. A la suite de la mort d'une femme et de deux enfants par l'explosion d'une grenade lancée sur un foyer juif par un Arabe de la Région, les représailles de l'armée firent plus de cinquante morts et comportèrent la destruction de quarante maisons. À cette occasion le philosophe Yeshayahou Leibovitch (dans Judaïsme, peuple juif et État d'Israël) devait interroger ainsi ses compatriotes : « D'où vient cette jeunesse qui n'a éprouvé aucune réserve, aucun frein psychologique en commettant cette barbarie ; d'où a-t-elle reçu l'impulsion (interne et externe) pour exécuter cet acte de représailles ? »
De multiples actions criminelles commises par l'armée israéienne sont maintenant connues... Citons par exemple celle qui a été rapportée par l'universitaire Rudolf El-Kareh en tant que témoin direct : l'écrasement en 1972 par un blindé, sur ordre d'un officier commandant une patrouille, d'un véhicule type Mercedes 180 avec ses neufs occupants. Citons aussi les atrocités qui accompagnrent le guerre du Liban en 1982, le massacre de Cana, au Sud Liban en 1996...

- les multiples actions d'enlèvement et de liquidation des dirigeants des organisations palestiniennes résidant en Palestine ou à l'étranger tels Saïd Hamman assassiné à Londres en 1978, Naim Kider assasiné à Bruxelles en 1981, Sartawi assasiné au Portugal en 1983, Abou Jihad, numéro deux de l'OLP, assassiné à Tunis par un commando israélien en 1988 ou, son successeur, Abou Iyad, assassiné lui aussi à Tunis en 1991 avec plusieurs de ses conseillers.

À ce terrorisme bien organisé, terrorisme clandestin, "de l'ombre"et "silencieux" il faut ajouter :

- le terrorisme personnel des colons
Organisés en milices plus ou moins secrètes, au nombre de 200 000, les colons possèdent, avec l'appui de l'armée, des armes automatiques tout à fait sophistiquées.
Ainsi, à Hébron, un petit groupe de colons surarmés, à peine 300, contrôle le centre d'une cité de 100 000 habitants, habitants marginalisés, interdits de centre-ville et menacés en permanence par les militants extrêmistes et les soldats.
On peut noter que, dès 1978, les colons ont été totalement intégrés au sein de la défense territoriale par le chef d'état-major Rafael Eitan pour assurer une défense statique aux endroirs sensibles (frontières, colonies juives...)
Indépendamment d'une garde civile permettant aux colons de patrouiller dans les villes (« le civil israélien est un soldat en permission » suivant le mot fameux d'un général) une structure originale a été créée les yeshivot hesder où les appelés religieux du contingent associent service militaire et études talmudiques. Elle vient renforcer la militarisation des colonies.

- le terrorisme d'individus isolés comme celui qui a entraîné les massacres d'étudiants islamiques en 1982 à Hébron ou de 29 musulmans dans la mosquée de cette même ville en 1994.

Selon les services mêmes de renseignements civils israéliens, il existe dans les colonies de Cisjordanie et de Gaza une nébuleuse de « petites organisations terroristes juives » occupées principalement à comploter contre le « processus de paix » et pariant sur le chaos comme antidote aux éventuelles concessions territoriales que consentirait le gouvernement israélien. Beaucoup sont dirigées par des rabbins.

Parmi leurs projets il y a eu notamment : l'assassinat du président de l'État, du chef du gouvernement et du ministre de la Défense, le déclenchement d'une tuerie massive de Palestiniens, le dynamitage du Dôme du Rocher à Jérusalem, troisième lieu saint de l'Islam.

A ce dernier propos signalons l'existence des "Artificiers du Messie" et les 'Fidèles du Mont du Temple " responsables de la tuerie du 8 octobre 1990 au cours duquel dix-sept fidèles musulmans furent tués et qui restent toujours décidés à dynamiter les mosquées et à construire le troisième temple. Parmi elles, on peut citer aussi le Kahane Haï du rabbin Meir Kahane, le Haï Vekayam...Tous se réclament de l'esprit de ces sicaires juifs qui, au premier siècle de notre ère, assassinaient leurs coreligionnaires accusés de collaborer avec la puissance occupante, les Romains.

À noter encore le service de renseignements et d'espionnage d'État, service particulièrement sophistiqué auquel sont consacrés des capitaux considérables et qui trouve facilement des complices en dehors d'Israël, voire chez les Arabes comme il en existe toujours chez les peuples réduits à la servitude.

10 - LA COLONISATION PLANIFIÉE DE LA PALESTINE

La colonisation sioniste revêt un caractère très particulier et inédit. Même si elle a pu s'inspirer - tout au moins à une certaine époque - du colonialisme occidental, elle diffère notablement des colonisations banales de la France, de la Grande Bretagne, de l'Espagne, des Pays-Bas..., colonisations pratiquées d'emblée par la force dans la perspective de s'emparer de richesses d'un nouveau territoire, avec l'intention affichée d'apporter à des peuples « attardés » les « bienfaits » de la civilisation.

La colonisation sioniste est d'abord l'entreprise, non pas d'une nation souveraine, mais d'une communauté dont les membres dispersés à travers le monde - les juifs - ont en commun un héritage d'ordre religieux et culturel. Y figurent la tradition qui veut que certains de leurs ancêtres aient vécu il y a deux millénaires auparavant dans le pays nommé aujourd'hui Palestine, en même temps qu'une donnée précise d'ordre racial.

Il s'agit d'abord et avant tout d'une colonisation de peuplement destinée, à terme, à accaparer en toute propriété le territoire en question, en repoussant progressivement à l'extérieur les populations non-juives pré-existantes. L'expérience, s'étalant maintenant depuis plus d'un siècle, montre que cette colonisation commencée adroitement mais pacifiquement - suivant le plan élaboré par ses premiers initiateurs - est montée ensuite en puissance d'agressivité jusqu'à nos jours - surtout depuis la création de l'État d'Israël - en usant de la force comme le firent les colonialismes occidentaux.

L'Organisation sioniste mondiale, dont le siège est à Londres, est à la base de cette entreprise de colonisation dont le rôle est de susciter, de diriger et de coordonner les actions de toutes les communautés sionistes (Yichouv) de par le monde. Le Yichouv juif de Palestine, dont le président sera longtemps Ben Gourion, aura bien entendu le rôle primordial.

On peut reconnaître trois périodes à la colonisation sioniste de la Palestine :

1 - de la fin du XIXème siècle (1880) à la guerre de 1914-1918,

2 - de 1922 à 1947 - sous le Mandat britannique,

3 - de 1947 à nos jours - avec l'État d'Israël.

Avant la guerre de 1914-1918

Les colons qui arrivent en deux vagues successives sont surtout des juifs jeunes venant de l'Europe de l'Est sous l'inspiration de divers mouvements sionistes, notamment du mouvement travailliste (socialiste). Pour tous, non-croyants comme croyants, politiquement de "gauche" ou de "droite", la défense et la récupération de la Palestine est le ciment de leurs communautés. Nombre d'entre eux adoptent un mode vie égalitaire et communautaire consacré surtout au travail manuel dans l'agriculture.

Le peuple arabe est l'adversaire commun à vaincre, autant que possible « sans faire de vagues », notamment par l'achat de ses terres grâce à l'argent provenant des communautés juives du monde entier.

Les colons sont puissamment aidés par le "Fonds national juif", organisme créé en 1901, dont la vocation est d'acquérir les terres, lesquelles par la suite ne peuvent être ni revendues, ni même louées à des non-juifs. Une loi viendra plus tard - en 1953 - institutionnaliser ce qui n'était jusqu'alors qu'une condition nécessaire pour obtenir un prêt du Fonds National juif. Désormais, toute aliénation à un non-juif d'une "Terre d'Israël", est déclarée illégale.

De 1922 à 1947, sous le mandat britannique

Ces colons viennent surtout de Pologne puis, à partir de 1933, de l'Allemagne nazie.

Dans un premier temps, les Britanniques favorisent la colonisation juive en Palestine pour suivre la déclaration de leur ministre Balfour qui, en 1917, avait prévu de favoriser l'établissement d' « un foyer national juif » en Palestine.

Quelques données chiffrées illustrent l'évolution démographique de cette période :
- de 1922 à 1946 : le nombre des juifs vivant en Palestine passe de 84 000 (1/10 de la population) à 608 000 (1/3 de la population),
- de 1897 à 1947 la superficie possédée par les juifs passe de 20 000 hectares à 608 000 hectares soit 7% des terres) ; le nombre des colonies passe pendant la même période de 27 à 300,
- de 1920 à 1937, la production industrielle de la Palestine, essentiellement du fait des juifs, passe de l'indice 100 à 1029 ; tandis qu'à la fin de cette période le revenu moyen de ces derniers atteint alors le double du revenu moyen arabe.

Seule la résistance des Arabes de Palestine limite quelque peu cette gigantesque expansion

Les Arabes se révoltent de 1921 à 1929 d'abord, puis de 1936 à 1939. Comme nous l'avons vu précédemment, l'armée britannique, aidée des forces armées juives clandestines et des groupes terroristes armés par elle, mate violemment la révolte au prix d'un grand nombre de victimes arabes.

Les Britanniques veulent alors limiter l'immigration juive

Le « Livre blanc » de 1939 prévoit ainsi :
- de limiter cette immigration à 75 000 personnes en 5 ans,
- de restreindre l'achat de terres par les Juifs,
- d'amener dans les dix ans la Palestine à l'indépendance avec au maximum 1/3 de Juifs. Ceci, en renonçant au foyer juif autonome prévu par le ministre Balfour en 1917.

Comme nous l'avons vu aussi dans un chapitre précédent, ces objectifs furent rejetés par les deux parties :
- par les Arabes parce que la proclamation de leur indépendance état remise sine die,
- par les Juifs pour des raisons opposées.

Depuis 1947 et la création de l'État d'Israël

Le nombre de juifs qui, en 1948, était de l'ordre de 600 000 environ a été multiplié depuis par plus de 8.

Cette spectaculaire expansion démographique a été permise principalement :
- par l'immigration des juifs des autres pays encouragée par l'État israélien avec l'aide des diverses communautés juives de ces pays,
- par la loi dite "du retour" qui accorde systématiquement aux juifs la citoyenneté israélienne et l'aide à leur établissement dans le pays,
- par l'usage de la force intervenant sur l'ensemble des territoires occupés. Cette force de contrainte sur les populations arabes est multiforme et parfaitement organisée : en dehors des militaires et des policiers, les colons et nombre de religieux sont armés en permanence,
- par les lois dites "d'urgence" qui permettent la confiscation de terres appartenant aux Arabes (actuellement ils ne possèdent plus que 10% de leur propriété foncière d'avant 1948),
- par l'afflux massif de capitaux en provenance des communautés juives de l'Occident, capitaux qui permettent notamment de subventionner les colons lesquels ne payent que 5% de la valeur des terrains acquis aux Arabes.

Dans les années 70, les immigrés sont majoritairement des Juifs d'Afrique et d'Asie.
Dans les années 80, la nouvelle vague provient avant tout d'URSS. Après entente avec le Président Mikhaïl Gorbatchev, et moyennant des sommes d'argent considérables, elle est faite en majorité de gens d'un niveau professionnel élevé (ingénieurs, chercheurs, professeurs d'Université, médecins...),
Les juifs d'Éthiopie (les Falashas, très pauvres) sont, quant à eux, ramenés à l'occasion d'une terrible famine après que les dirigeants israéliens se soient imposés près des autorités éthiopiennes pour la mise en oeuvre de leur entreprise. Triés parmi les populations affamées, ils sont transportés par avion en Israël.

La valeur des terres et des biens perdus par les Arabes au profit des juifs par le processus de colonisation a donné lieu à bien des estimations... Citons celle de la commission tripartite (anglo-franco-turque) concernant simplement le bilan de la guerre de 1947-1948. Selon ses conclusions, les biens abandonnés par les Palestiniens devaient être estimés à 1 124 000 000 livres sterling (ce qui représente aujourd'hui plusieurs centaines de milliards de dollars).

Pour Dominique Vidal, journaliste au Monde, avec cette colonisation, « la somme qui a été volée est phénoménale. Les Israéliens se sont emparés de trois cent mille hectares, ce qui est considérable compte tenu de la superficie du territoire, de milliers de chambres d'habitation, de magasins, d'ateliers.»

Depuis la création de l'État d'Israël, la colonisation des territoires occupés a toujours été une priorité des différents gouvernements israéliens "de gauche" ou "de droite" au mépris le plus total de la 4e Convention de Genève de 1949 qui stipule dans son article 49 que : « La Puissance occupante ne pourra procéder au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle ».

Les prétextes sont multiples pour exproprier, avec l'aide de l'armée, de la police, des forces religieuses juives, les terres des Arabes au profit des colons juifs, d'autant plus que la jurisprudence rabbinique favorise systématiquement le juif dans les conflits avec les non-juifs. Le nombre des colonies et leur étendue n'ont ainsi jamais cessé de s'accroître dans la perspective commune à tous les juifs sionistes : la récupération de l'ensemble des territoires de l'ex-Palestine et la création de Eretz Israël. Colonisation brutale ou rampante : la tactique a pu changer en fonction notamment du contexte international mais la stratégie : avancer, réduire le rythme (ou faire semblant de le réduire ici pour occulter ce qui se passe là), jamais reculer... est restée parfaitement immuable avec les années. Lorsque la communauté internationale a d'autres préoccupations urgentes, telles la guerre du Golfe ou celle de Yougoslavie, les implantations juives s'accélèrent particulièrement. Comme le dit très simplement un rabbin opposé au « processus de paix » il s'agit de « créer une situation sur le terrain qui rende impossible tout réglement du conflit ». « Chaque nouvelle colline conquise fait progresser la nation. Ce n'est pas le gouvernement qui nous fait venir ici, ce sont la Torah et nos rabbins ». dit aussi Boaz Melet, un de ses coreligionnaires.« Nous sommes là pout récupérer des terres appartenant à Israël » rétorque un autre.

Le Général Sharon a aussi le mérite de la franchise.« Si nous étions dix millions de juifs en Israël, nous n'aurions plus de problèmes » affirme-t-il, en faisant un appel pressant aux juifs du monde entier pour les engager à venir en Israël.

Tout un arsenal juridique inventé et adapté au but poursuivi (parfaitement décrit dans le rapport d'Amnesty International de décembre 1999), les références au Talmud, les prétextes les plus divers tels que la présence des ancêtres deux mille ans auparavant, ou les nécessités stratégiques... sont toujours utilisés au service des expulsions, des expropriations de terres, des destructions par le feu ou les bulldozers des maisons palestiniennes indésirables. C'est ainsi qu'en 1999, 40% de la bande de Gaza et 73% de la Cisjordanie (contre 41% en 1984) sont aux mains des juifs..

Certaines tactiques et astuces de colonisation nous sont maintenant bien connues grâce aux archives israéliennes. L'une d'elles est parfaitement décrite par le général Moshe Dayan, un des principaux chefs miltaires d'Israël et ministre de la Défense d'avant 1967. A propos des affrontements frontaliers entre la Syrie et Israël, affrontements qui officiellement étaient causés par la Syrie, Dayan dit ceci : « Pour au moins 80 % des affrontements, cela se passait de la manière suivante : on envoyait un tracteur labourer une parcelle, là où il était impossible de rien faire, dans la zone démilitarisée. Si les Syriens ne tiraient pas, on disait au tracteur d'aller plus loin, jusqu'au moment ou perdant patience ils tiraient. Alors nous utilisions l'artillerie et ensuite les forces aériennes. C'est ainsi que cela se passait ».

De son côté le général Mattiyahou Peled affirme que « plus de 50 % des incidents frontaliers avec la Syrie avant la guerre des six jours étaient le résultat de notre politique de colonisation dans la zone démilitarisée. »

Par ailleurs, le professeur Israël Shabak écrit aussi dans "Le racisme de l'État d'israël ":« Pour convaincre qu'avant Israël, la Palestine était un "désert", des centaines de villages ont été rasés au bulldozer avec leurs maisons, leurs clôtures, leurs cimetières et leurs tombes » .

Actuellement dans les territoires occupés, il y a, répartis dans environ 150 colonies :
- 200 000 juifs en Cisjordanie,
- 180 000 à Jérusalem-Est,
- 6 500 à Gaza.

Comme l'affirmait en 1995 l'organisation israélienne des droits de l'homme B'Tselem : « Depuis vingt cinq ans, Israël viole la loi internationale et les principes fondamentaux de la démocratie pour réaliser à Jérusalem ses objectifs politiques : préserver la primauté démographique de la population juive ».

Ainsi, chaque jour qui passe, la Palestine des Arabes, rongée kilomètre après kilomètre carré par une colonisation silencieuse et inexorable, se rétrécit. Edward W. Saïd (professeur de littérature à l'Université de Columbia - E. U.), à l'occasion d'un voyage en Cisjordanie, note, par exemple, que : « presque toutes les voies, toutes les voies de contournement et tous les petits villages où nous sommes passés ont été le théâtre d'une tragédie quotidienne : terre confisquée, champs saccagés, arbres et plantes déracinés, moissons arrachées, maisons détruites » exactions contre lesquelles les propriétaires sont totalement impuissants.»

Trois institutions financées par les juifs du monde entier contribuent puissamment à cette colonisation sioniste :
- l'Organisation juive mondiale, agence chargée d'aider concrètement les immigrants à s'installer en Israël,
- le Keren Hayessod qui collecte des fonds dans la diaspora,
- le Fonds national juif chargé de l'achat et de la mise en valeur des terres.

La colonisation israélienne qui porte sur tous les domaines (politique, économique, culturel...) n'avait manifestement pas été prévue par les pionniers du sionisme lesquels, malgré leurs erreurs, étaient profondément marqués par l'idéalisme, le pacifisme et le socialisme. Par l'impérialisme dont elle témoigne, elle est sans nul doute la plus maléfique des temps modernes sur les populations asservies. Assimilée à un « crime de guerre » par la Cour Pénale Internationale depuis le 20 juillet 1998, elle n'en continue pas moins d'avancer en toute impunité. Néanmoins, comme l'écrit fort justement Danny Rabinowitz dans Haaretz (du 7/11/00) : « Les régimes coloniaux restent intacts tant que les autochtones acceptent passivement leur situation. Mais, quand l'obéissance silencieuse est remplacée par la soif de liberté, le pouvoir de l'empire colonial s'évapore simplement - comme un rêve au moment où vous ouvrez les yeux ».

11 - NATIONALISME, APARTHEID ET RACISME ANTIARABE
EN ISRAËL

Avec le recul du temps - un siècle d'évolution et de développement - qui permet de porter un jugement assez assuré - on peut définir le contenu de l'idéologie sioniste comme un nationalisme à base religieuse et raciale, s'exprimant par un colonialisme agressif, un apartheid spécifique, voire un racisme caractérisé.

C'est un nationalisme particulier de par ses deux composantes.

Apparu à la fin du XIXe siècle en même temps que les nationalismes occidentaux, le nationalisme sioniste a sans doute quelques ressemblances avec le nationalisme d'Europe centrale et orientale, tel qu'on a pu le voir, par exemple, à l'époque moderne, dans l'ex-Yougoslavie ou l'ex-URSS, nationalisme d'ordre culturel et religieux s'appuyant sur un passé commun héroïque. Néanmoins, il en diffère profondément par ses deux composantes spécifiques : la composante mythique d'une part, celle de « la Terre promise » par le dieu Yahveh à un « Peuple élu », la composante raciale d'autre part, cette dernière étant définie très précisément à partir de l'hérédité au sens strict et basée sur le droit du sang : "est juif celui qui a une mère juive".

Malgré leur incroyance religieuse généralisée, tous les dirigeants israéliens de droite ou de gauche - ces derniers mobilisant le socialisme non pas pour un objectif social avec ses valeurs universalistes mais pour un objectif étroitement national - ont partagé depuis cinquante ans cette mystique nationaliste réclamant les territoires antiques dont il est question dans la Bible. Tous ont intégré cette idée d'un peuple spécifique « qui n'est pas comme les autres », à qui appartient une terre de toute éternité. Tous ont pratiqué parallèlement une solidarité de « race ».

Les religieux sont néanmoins à la pointe du combat. « Cette terre est ma terre, donnée par Dieu à mon peuple » proclame, par exemple, le député et rabbin israélien Avraham Ravitz, tandis que que l'ex-grand rabbin français, René-Samuel Sirat, de son côté, n'hésite pas à écrire que « personne ne peut nier les droits d'Israël sur les terres de le Promesse » et à revendiquer, pour les juifs exclusivement, et le droit « du sol » et celui du « retour à Jérusalem ».

Le juif israélien " moyen" d'aujourd'hui partage bien entendu ces mêmes convictions.

Israël est ainsi le seul pays établi sur de tels fondements théoriques, des fondements aussi contraignants l'un que l'autre, le premier portant sur un territoire précis, le second sur un groupe d'hommes parfaitement désigné.

En ce qui concerne la composante raciale, on peut dire que la constatation de son existence est particulièrement surprenante et affligeante. On sait, en effet, que l'État d'Israël a vu le jour récemment et ce, grâce à une communauté de nations. On sait d'autre part, que la notion de "race" est non seulement vide de sens mais qu'elle corrompt automatiquement et profondément toute idéologie qui l'intégre.

Ce nationalisme engendre un apartheid spécifique

La pureté ethnique pour que soit évité le mélange du sang juif et du "sang impur" des non-juifs, souci constant dans certaines couches des populations juives, repose sur de nombreux textes de la Thora que les sionistes ont retenus électivement :

- « Tu ne donneras pas ta fille à leur fils et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils » ordonne le Deutéronome (VII, 3).

- Dans l'Exode (XXXIV, 16) il est dit aussi que Moïse reçoit un ordre de Dieu pour que son peuple n'épouse pas les filles des étrangers.

- Esdras, quant à lui, pleure parce que « la race sainte s'est mêlée avec les peuples des pays voisins » (Esd. 9,2) et ordonne la sélection : « Tous ceux qui avaient pris des femmes étrangères, ils les renvoyèrent, femmes et enfants » (Esd. 10, 44).

Néhémie dit aussi des juifs : « je les purifiais de tout élément étranger » (Neh. 13, 30).

Dans son livre Le Talmud le rabbin Cohen formule sans ambages le grand principe : « Les habitants du monde peuvent être répartis entre Israël et les autres nations prises en bloc. Israël est le peuple élu : dogme capital. »

La pression des rabbins a certes toujours existé pour que l'ordre biblique de non-assimilation des juifs soit respecté et qu'il n'y ait pas de mariages mixtes, mais elle s'est faite particulièrement insistante en Occident depuis la création de l'État d'Israël. « Je voudrais que des jeunes gens juifs n'épousent jamais que des jeunes filles juives » écrit, Joseph Sitruk, le grand rabbin de France en 1993. Si les juifs incroyants ne respectent pas toujours cet ordre il n'en est pas de même chez les juifs croyants pour qui il s'agit d'un impératif absolu.

Comme l'écrit en 1998 Zeev Sternhell (professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem) : « Le nationalisme juif n'éprouve aucune difficulté à refuser à autrui les mêmes droits élémentaires qu'avec une tranquillité d'esprit absolue il exige pour lui-même. Confiant dans son bon droit à réclamer toute la terre antique de nos rois et de nos prophètes, le sionisme ne pouvait concevoir qu'une autre légitimité pût aussi exister au pays de la Bible ».

Face aux pratiques de pureté ethnique mises en ¦uvre par les sionistes, Haïm Cohen (qui fut juge à la Cour Suprême d'Israël) évoque sans hésitation les lois nazies. Il écrit ainsi : « L'amère ironie du sort a voulu que les mêmes thèses biologiques et racistes propagées par les nazis et qui ont inspiré les infamantes lois de Nüremberg, servent de base à la définition de la judaïcité au sein de l'État d'israël ».

L'apartheid engendre lui-même un sectarisme ethnique, voire un racisme caractérisé

Là aussi, pour justifier et appuyer leur démarche, les sionistes, peuvent trouver des références bibliques :

- « Lorsque le Seigneur ton Dieu t'aura fait entrer dans le pays et qu'il aura chassé devant toi les nations nombreuses, tu les voueras totalement à l'interdit » lit-on dans le Deutéronome (Deut. VII, 1-2) « et tu les supprimeras. » (Deut. VII, 24).

- « Dans le monde à venir aucune nation n'a de place à l'exception d'Israël » affirme le grand mystique Moshe Luzzatto (1706-1746).

- Shneur Zalman (1745-1813), fondateur du mouvement Habad, mouvement qui a pris un extraordinaire essor dans le monde juif et particulièrement dans l'État moderne d'Israël où il se range à l'extrême droire de l'échiquier politique, ne comparait-il pas « les âmes des nations à celles des porcs, les juifs ayant seuls une âme divine » ?

- En 1974, Menahem Barash dans le journal Yediot Aharonot peut ainsi parler des Palestiniens : « Cette peste déjà dénoncée dans la Bible [...] Pour nous emparer de la terre promise par Dieu à Abraham, nous devons suivre l'exemple de Josué pour conquérir la terre d'Israël et nous y installer, comme le commande la Bible [...] Il n'y a pas de place, en cette terre, pour d'autres peuples que celui d'Israël. Ce qui signifie que nous devons en expulser tous ceux qui y vivent [...] C'est une guerre sainte exigée par la Bible ».

Face à de tels propos, Moshe Zimmermann (chef du département d'études germaniques à l'Université hébraïque de Jérusalem) n'hésite pas à parler d'un « judéo-nazisme populaire » sévissant parmi les juifs d'Israël et des pays anglo-saxons : « Il y a un secteur entier de la population juive que je définis, sans hésitation, comme une copie des nazis allemands. Regardez les enfants des colons juifs d'Hébron, ils ressemblent exactement à la jeunesse hitlérienne. Depuis leur enfance on les imprègne de l'idée que tout Arabe est mauvais, et que tous les non-juifs sont contre nous. On en fait des paranoïaques : ils se considèrent comme une race supérieure, exactement commme les jeunesses hitlériennes ».

Cette terrible similitude explique d'ailleurs parfaitement que les juifs sionistes furent longtemps tolérés en Allemagne nazie, voire qu'ils ont "collaboré" dès 1933 sur la base de « la communauté d'idées existant entre le nationalisme sioniste et le nationalisme nazi », communauté idéologique dont parlait Blumenfeld le chef des sionistes allemands. Ilan Greilsammer peut écrire à ce sujet : « Les deux partenaires y trouvent leur compte : les sionistes deviennent l'organisation dirigeante de la communauté juive, et les nazis trouvent en eux un instrument pratique pour séparer les juifs du reste de la population ». À ce propos, Y. Leibowitz nous apprend aussi que l'organisation sioniste des juifs allemands avait une existence légale jusqu'en 1938, cinq ans après l'avénement d'Hitler et que son journal, la Jüdische Rundschau, parut parallèlement jusqu'à cette même année.

Fait tout à fait singulier que nous avons déjà signalé, ce sont les juifs religieux qui, après avoir combattu avec force le sionisme jusqu'à la création de l'État d'Israël en 1947, sont devenus depuis cette création, les partisans les plus farouches de cette idéologie et les plus acharnés à sa mise en ¦uvre en s'appuyant sur les écrits xénophobes du judaïsme.

À ce propos, Israël Shahak relève que l'enseignement biblique traditionnel joue auprès des enfants isaéliens un rôle décisif dans le mépris vis-à-vis des Palestiniens volontiers identifiés aux Philistins dont l'élimination fait partie du plan divin.

Si le racisme anti-non-juif, surtout antiarabe, est banal en Israël, puisqu'il concerne d'après les sondages une nette majorité de la population juive, il est évident que certains couches de la société sont particulièrement marquées. Il en est ainsi de la police. À propos des pogroms de Nazareth, de Tel-Aviv, de Jaffa... perpétrés lors de l'Intifada 2000 sur des Arabes par des nervis juifs le chroniqueur juridique israélien Moshé Hanegbi a pu écrire « que ces progroms ont renforcé le sentiment que la police est une police raciste engagée seulement dans la défense des juifs : elle n'a tiré pour tuer que sur les émeutiers arabes ». Comment s'étonner d'un tel phénomène ? Pour toute la droite israélienne, et une partie de la gauche, les villes et villages arabes d'Israël ne sont-ils pas considérés comme « un cinquième front » ?

Les Nations Unies, tout en n'appliquant par faiblesse aucune sanction pratique envers Israël, ont néanmoins dénoncé les discriminations raciales dont sont porteuses de nombreuses lois de ce pays, lois contribuant à faire deux types irréductibles de citoyens : des citoyens à part entière, les juifs, des citoyens de seconde zone, les non-juifs. Elles en ont recensé 17.

Parmi elles, on peut citer :

- la loi du "retour" qui accorde systématiquement aux juifs du monde entier la citoyenneté israélienne alors que les réfugiés arabes n'ont pas le droit de revenir en Israël sur leurs propres terres,
- la loi suivant laquelle les citoyens arabes d'Israël ayant épousé des non-israéliens se voient refuser la réunification familiale,
- les lois qui interdisent la participation aux élections de tout parti arabe n'ayant pas reconnu le caractère juif de l'État,
- les lois d'urgence qui permettent la confiscation de terres appartenant aux Arabes,- les lois qui interdisent aux Arabes d'acheter des terres à des juifs,
- la loi sur l'éducation qui fixe parmi ses objectifs la promotion de la culture juive et de l'idéologie sioniste,
- la loi qui interdit formellement aux non-juifs d'habiter certaines villes.

A propos de discrimination il est tout à fait instructif de savoir que l' Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 3379 datant de 1975 a condamné le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimation sociale ». Il faut se souvenir aussi que les Israéliens et leurs protecteurs américains parvinrent en 1991, à l'occasion de l'effondrement du bloc soviétique qui modifiait la répartition des votes aux Nations Unies, à faire annuler à la Conférence de Madrid, la résolution en question !

On peut ajouter que cette notion de "race", entretenue voire exaltée par les sionistes et tous les juifs religieux et qui, depuis un siècle, a fait tant de mal aux Arabes de Palestine, n'est pas sans conséquences potentiellement funestes pour les juifs eux-mêmes. Faut-il rappeler que pour les nazis, un juif converti au christianisme, tel le protestant Victor Klemperer, restait juif (comme il en est aussi pour le Talmud) et qu'il était voué, de par sa "race", à l'extermination commune ?

« Il est étonnant, écrit Edmond Amran El Maleh (écrivain juif marocain), que personne n'ait osé entreprendre, au-delà des critiques du régime israélien, une analyse philosophique des bases racistes du sionisme. Raciste, parce que la patrie par le sang, l'exclusion des non juifs et, dans la foulée, l'expansionisme territorial, la terreur, la violation des lois internationales. »

Toutes ces données expliquent fort bien qu'en Israël, si les non-juifs sont susceptibles d'avoir des droits en tant qu'individus isolés, ils n'en ont pas comme membres d'une communauté et qu'il a fallu attendre les accords d'Oslo (en 1993) pour que les dirigeants Israéliens arrivent à réviser leur position traditionnelle et à admettre qu'il y avait une communauté arabe en Palestine, communauté que les livres d'Histoire à l'usage des enfants israéliens ignorent toujours.

12 - L'APARTHEID AU QUOTIDIEN
DANS L'ÉTAT D'ISRAËL ET LES TERRITOIRES OCCUPÉS

Citons pêle-mêle quelques manifestations de ce type d'apartheid :

En Israël : la singulière citoyenneté des non-juifs.

Descendants des 160 000 Arabes restés dans le pays après la guerre de 1948, ils sont généralement désignés sous les expressions : "Arabes israéliens" ou bien "Israéliens arabes" ou encore "Israéliens palestiniens". Fait tout à fait particulier, alors que dans des expressions telles que : "Français catholiques" ou "Français musulmans" quelque chose est ajouté à la citoyenneté française des personnes ainsi désignées, pour les Arabes en Israël le qualificatif vient retranchéer quelque chose à leur citoyenneté israélienne... Dans cet "État juif" qu'est Israël - formé des territoires attribués par les Nations Unies aux Sionistes et de ceux qui ont été annexés d'autorité ou par conquête guerrière par les Israéliens - on peut retenir les données suivantes :

- les non-juifs - avant tout des Arabes, au nombre de 970 000 (sur 6 millions d'Israéliens) et en petit nombre les chrétiens et les Druzes - sont des citoyens israéliens ayant le droit de vote et jouissant de certaines libertés mais leurs droits sociaux et civiques ne sont néanmoins que partiels : nombre de fonctions leur sont absolument interdites. Alors qu'ils représentent 17% de la population ils occupent à peine 1% des emplois du service public et pour la plupart des emplois subalternes,
- les budgets alloués aux villes arabes sont bien inférieurs à ceux alloués aux villes juives. Selon le rapport même du centre d'études Adva de Tel-Aviv en 1998, le rapport des subventions entre les municipalités arabes et les municipalités juives est de un pour trois, tandis que le taux de chômage est de 20 % chez les Palestiniens contre 10% pour l'ensemble des habitants,
- l'éducation est l'un des secteurs où les disparités entre les deux communautés sont les plus évidentes. L'allocation aux élèves en difficulté, par exemple, se monte à plus de 1000 shekels pour un écolier juif et à 25 shekels pour un écolier arabe... À 17 ans, 42 % des Arabes israéliens ont déjà abandonné leurs études,
- le taux de mortalité des enfants arabes est presque le double de celui des enfants juifs (9,6 pour 100 000 en 1996 contre 5,3),
- les ressources en eau (ressources particulièrement précieuses au Moyen-Orient) qui se trouvent essentiellement en Cisjordanie occupée ont été accaparées entièrement par Israël au bénéfice de ses colons et au détriment des non-juifs,
- une loi interdit formellement aux non-juifs d'habiter certaines villes. Israël Shahak cite Carmel, Nazareth, Illith, Hatzor, Arad, Mitzphen-Ramen..

Fait significatif : ce n'est qu'en mars 2000, après 52 ans de totale et impitoyable discrimination religieuse et ethnique, que la Cour suprême israélienne a, dans un cas isolé, permis à un Arabe d'acheter une terre dans un « lotissement réservé aux Juifs ». L'opposition des députés de droite à cette décision inédite fut d'ailleurs farouche. « C'est un nouveau clou sur le cercueil du sioniste » proclama l'un ; « c'est la fin d'Israël en tant qu'État juif » a prédit un autre; tandis qu'une nouvelle proposition de loi était déposée pour « arrêter cette dérive antinationale et antisioniste » car « la loi juive interdit de vendre la terre d'Israël à des non-juifs » .

Même si les travaillistes au pouvoir depuis quelque temps ont permis quelques investissements dans les localités arabes, il n'en reste pas moins que la politique de discrimination poursuivie depuis toujours n'est pas le fait de quelque retard ou seulement mauvaise volonté : elle n'est pas fortuite mais constitutive de l'État juif.

C'est ce qui explique aussi que l'expression même de "peuple palestinien", peuple dont l'indépendance était pourtant prévue depuis 1947 par l'ONU, fut exclue du vocabulaire et de la pensée des Israéliens et qu'il a fallu les accords d'Oslo de 1993 pour que les dirigeants au pouvoir (qui ne sont d'ailleurs pas suivis par la majorité des juifs) consentent à réviser leur négationnisme systématique quant à l'existence de ce peuple.

Bien entendu, dans une telle situation de servitude, les comportements des non-juifs vis-à-vis des maîtres du pays ne peuvent être que fort divergents. Pour les uns, tributaires de leurs intérêts immédiats ou de ceux de la communauté arabe, c'est la collaboration plus ou moins affirmée ; pour les autres, ayant quelque fierté et souci de justice, l'opposition franche ; pour d'autres enfin, percevant particulièrement la disparité des forces antagonistes, l'attentisme et la désespérance.

On peut ajouter que tous ces non-juifs sont des "suspects" aux yeux de la grande majorité des Israéliens et que le gouvernement n'a pas hésité à réprimer brutalement leurs manifestations pacifiques comme ce fut le cas en octobre 2000 lors de la seconde Intifada où l'on a pu parler de véritable pogrom anti-arabe. Treize personnes.furent tuées par balles.

Fait notable, avec ces nouveaux événements dramatiques pour leur communauté, nombre de ces Arabes israéliens, à l'opinion jusqu'ici mal assurée, sont parvenus à mieux comprendre la malignité de l'idéologie qui les maintient en servitude, eux et leurs frères des territoires occupés. Certains d'entre eux ne se considèrent-ils pas désormais "Palestiniens d'Israêl" ?

Dans les territoires occupés

Si l'apartheid régnant dans les frontières d'Israël et les territoires annexés est assez sophistiqué, l'apartheid des territoires occupés est beaucoup moins "civilisé". Tout en relevant d'un plan établi avec soin, ses manifestations sont plus brutales et sommaires

Ainsi, par exemple, on constate que :
- les villages arabes, isolés par les Israéliens et leurs colonies, forment, à l'image de l'ancienne Afrique du Sud (avec ses bantoustans), de véritables enclaves où toute organisation des habitants dans quelque domaine que ce soit : agriculture, commerce, enseignement, santé... est extrêmement difficile ou impossible. Ceci est permis grâce à des routes dites de « contournement » qui assurent la séparation entre les colonies israéliennes et les villes, villages et camps palestiniens, ces routes formant un réseau qui, pour l'essentiel, n'est accessible qu'aux seuls colons juifs,
- les 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ne peuvent pas entrer dans Jérusalem depuis le 30 mars 1993,
- en 1998, alors qu'il n'y avait plus un seul Palestinien dans la partie juive de la ville, 170 000 juifs résidaient dans sa partie arabe. Ce nombre a depuis augmenté notablement avec l'implantation quotidienne de nouvelles habitations.
- dans la bande de Gaza, 5 000 colons juifs possèdent de luxueuses villas tandis que 700 000 Palestiniens vivent le plus souvent dans des taudis et travaillent comme journaliers chez les colons ou partent vendre leur force de travail en Israël.

Et comment ne pas parler du "bouclage", cette invention machiavéique des sionistes depuis 1967, pour « gérer, par l'intermédiaire d'un permis, la circulation des personnes et des biens dans les territoires occupés (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est) ». Selon sa rigueur, ce bouclage revêt trois niveaux : le "général", niveau le moins restrictif, le "strict", et le "total". Ces deux derniers sont institués pour des périodes variables en fonction des raisons évoquées : par exemple, de septembre 1993 à juin 1996 il y eut 100 jours de bouclage "strict" et 200 jours de bouclage "total".

Que dire de la torture légalisée et réglementée, fait unique dans l'Histoire actuelle des nations, par la Justice israélienne et appliquée couramment sur les Arabes jusqu'à une date récente par le Shin Beth, le Service de sécurité intérieure d'Israël. Cette torture a fait dire au philosophe israélien Y. Leibovitz : « Israël compte aujourd'hui parmi les États les plus barbares du monde : torturer, c'est un acte de barbarie primitive... Dans un État où on légalise la torture, moi, je dis sans ambages : « judéo-nazi ».

Ce n'est, en effet, qu'en septembre 1999 que la Cour Suprême Israélienne a, sous les pressions réitérées du Comité des Nations Unies contre la torture, consenti à la condamner (sans toutefois la rendre illégale, cette décision ne pouvant procéder que d'une loi nouvelle).

Selon le centre israélien des droits de l'homme Betselem il s'agit de « pressions physiques modérées : coups, secousses violentes (c'est le Shabeh), privations de sommeil, ligotage dans des positions douloureuses (c'est le Qambaz), expositions au froid, écartèlement des bras jusqu'à une douleur intense (c'est le Qas' al-Tawleh), humiliations et menaces diverses ».

De son côté, Amnesty international (dans son rapport de 1991) décrit ainsi cette torture : «Les méthodes systématiquement utilisées comprennent : le port de cagoules faites de sacs crasseux, parfois humides, pouvant empêcher le détenu de respirer, la privation de nourriture et de sommeil pendant la détention à l'isolement, le port prolongé de menottes en plastique ou en métal, le maintien du détenu dans des positions inconfortables (une pratique appelée le shabah), l'internement dans des cellules minuscules et obscures appelées "placards" ou "cercueils" ou dans de petites cellules glaciales appelée "réfrigérateurs", les coups sur tout le corps, souvent violents, visant parfois les organes génitaux, les brûlures de cigarettes, l'interdiction prolongée pour le détenu de se rendre aux toilettes, les insultes et menaces de toute sortes, enfin le harcèlement sexuel dont sont surtout victimes les femmes ».

En 1996, le rapport d'Amnesty signale notamment que quarante-neuf Palestiniens ont été abattus par les forces israéliennes dans des circonstances évoquant parfois des " exécutions extra-judiciaires".

Quant à Betselem, dans son rapport de mai 1998, il précise qu'Israël arrête chaque année entre 1000 et 1500 Palestiniens « soupçonnés d'activités hostiles » dont 80% sont questionnés avec violence, au motif qu'ils représentent « une menace imminente ».« On a torturé beaucoup d'innocents pour soi-disant 100% de sécurité » écrit par ailleurs le chroniqueur judiciaire Moshe Negbi.

Que dire également du bilan de la première Intifada, cette révolte qui dura six ans à partir de décembre 1987 où 1116 Palestiniens (dont 233 de moins de dix-sept ans) furent tués, 20 000 furent blessés, 15 000 faient prisonniers lors de gigantesques opérations de police. (Le Monde « Dossiers et documents 1997) ? Que dire à ce propos de la recommandation faite aux militaires par Yitzhak Rabin, alors général en chef (avant de devenir premier ministre), de casser les bras des enfants lanceurs de pierres ?
Que dire aussi du bilan de la seconde Intifada où les trois premiers mois ont fait près de trois cents morts et une dizaine de milliers de blessés, le quart d'entre eux atteints à la tête ou au thorax par les balles israéliennes restant à jamais de grands mutilés?

L'apartheid qui a régné pendant des siècles aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Australie et ailleurs s'est évanoui relativement facilement en quelques dizaines années : il n'était porté que par une tradition "primitive"... Il en va tout autrement avec l'apartheid israélien dont la malignité est spécifique. Basé sur une idéologie faite de données mythiques et raciales, se complètant et se "perfectionnant" avec le temps, il représente une donnée non contingente mais constitutive de l'État d'Israël avec son appareil religieux d'État, État où la "démocratie" n'appartient, et ne peut appartenir, qu'à une seule catégorie de personnes.

13 - LE SIONISME :
TROISIÈME GRANDE IDÉOLOGIE (OU UTOPIE) DU XX
ème siècle

A côté des deux grandes idéologies qui ont marqué le XXème siècle, communisme et nazisme, c'est une grave erreur que de méconnaître le sionisme, d'autant plus que, contrairement aux précédentes idéologies, il n'est pas éteint et que ses méfaits passés pourraient bien être légers par rapport à ceux qui sont prévisibles.

Si le bilan des terribles manifestations du communisme et du nazisme est loin d'être achevé - il n'est même qu'à peine amorcé pour le communisme - on peut néanmoins l'apprécier approximativement en chiffres de mortalité : quelques 100 millions de morts (en 72 ans) pour le communisme, quelques 15 millions (en 12 ans) pour le nazisme... En ce qui concerne le sionisme, le jugement collectif est par contre terriblement déficient. Certes, cette idéologie inventée à la fin du XIXème siècle et qui n'a cessé de monter en puissance, n'a jamais engendré (sauf en quelques occasions) et n'aboutira sûrement jamais à des horreurs semblables aux précédentes, mais il n'en est pas moins vrai que le sionisme a depuis cinquante ans engendré quatre guerres locales, des exactions sans nombre et qu'il est porteur, par son contenu militariste unique au monde, de puissants germes d'un affrontement guerrier qui pourrait fort bien être dramatique non seulement pour les juifs et les Palestiniens mais pour bien d'autres populations. Sa malignité est manifestement méconnue du grand nombre...

L'aide inconsciente des Nations Unies a favorisé le développement du sionisme.

Contrairement à ce qui s'est passé avec le nazisme et le communisme, le sionisme n'a pas été seulement le fait d'un inventeur et d'un groupe d'activistes. Dans sa manifestation majeure, l'État d'Israël, c'est aussi le fait de l'ONU se laissant aller, exemple absolument unique et qui sans nul doute le restera, à créer ex nihilo en 1947, ce nouvel État, en négligeant l'ensemble des populations qui, dans la continuité des générations, y vivaient antérieurement.

Certes, tous les motifs qui ont guidé les Nations Unies en créant l'État d'Israël n'étaient pas impurs, après les terribles souffrances infligées aux juifs européens par l'Allemagne nazie ou les exactions diverses subies à de multiples reprises dans divers pays. On peut même dire que leur intention d'apporter la sécurité aux juifs était parfaitement louable en soi mais, terrible ironie du sort, elles ont créé un État qui, par nature, est voué perpétuellement à l'insécurité intérieure et extérieure et est incapable d'apporter aux juifs cette sécurité recherchée, à juste titre, comme le bien le plus précieux. Avoir négligé la population autochtone et méconnu ce que recélait en malignité l'idéologie sioniste (ignorance très analogue à celle qui prévalut longtemps en Occident quant aux idéologies communiste et hitlérienne) explique manifestement leur légèreté et leur funeste erreur.

C'est dire que ces Nations (notamment les États-Unis et la France), d'abord par leur malheureuse initiative de 1947 sous la pression d'un lobby habile, ensuite par leur incapacité à faire respecter leurs propres résolutions successives destinées à réduire les méfaits d'Israël, portent dans le développement du sionisme sur le terrain une énorme responsabilité.

Il ne fait aucun doute aujourd'hui que, si les délégués de l'ONU avaient mieux connu l'idéologie sioniste telle qu'elle était exposée simplement dans les écrits des fondateurs (on peut rappeler, à ce propos, que le programme nazi fut librement et largement exposé dans Mein Kampft sans que le monde ne s'en soucie), ou s'ils avaient expérimenté sur le terrain sa malignité - comme ce fut le cas de la Grande Bretagne pendant son mandat sur la Palestine à partir de 1922 - ils auraient été mieux armés pour ne pas céder au lobby porteur de cette doctrine et ne se seraient pas laissés circonvenir par lui.

Rappelons que la Grande Bretagne, après avoir favorisé initialement le sionisme (notamment avec la déclaration Balfour) l'a combattu à partir d'une certaine période, après en avoir été une singulière victime. Si la Grande Bretagne n'eut pas, en définitive, le courage de voter contre la création de l'État d'Israël en 1947, on sait au moins qu'elle s'abstint d'apporter sa voix à une entreprise qu'elle jugeait à juste titre inconsidérée, et qu'elle refusa de participer de façon catégorique à la mise en place du projet retenu par l'ONU.

L'idéologie sioniste est destinée à s'évanouir et son entreprise territoriale isarélienne à échouer...

A l'instar du communisme et du nazisme, le sionisme est une utopie reposant sur des idées aberrantes, en la circonstance le mythe de la "Terre promise", avec comme objectif final, monstrueux et dérisoire, celui de réaliser un État spécifiquement juif pour les juifs... Certes, il y a un "monde juif" et des "populations juives" mais nous savons aujourd'hui qu'il ne peut y avoir de "nation juive" ou de "race juive"... Nous voyons aussi qu'Israël, dans une contradiction insurmontable, est acculé à la fois à admettre en son sein des populations non-juives (faute de pouvoir faire autrement sous le regard des nations) et à rejeter par son idéologie fondatrice ces populations de seconde zone.

Les succès et réalisations spectaculaires de l'État d'Israël d'aujourd'hui et de demain, voire ses triomphes dans de nombreux domaines et la "fuite continue" à laquelle il se consacre, ne peuvent occulter cette donnée incontournable : ces populations "inférieures" méprisées voire détestées resteront à jamais son tendon d'Achille.

14 - LES PARTIS et MOUVEMENTS ISRAÉLIENS
NATIONALISTES et RACISTES

À noter tout d'abord que les partis d'Israël - y compris les partis de gauche - se réclament tous du sionisme, à l'exception du parti communisme et des petits partis arabes.

Les principaux partis ou mouvements où fleurit le racisme antiarabe sont les suivants :

ceux de la droite israélienne :

- le Likoud, parti laïc qui, pour arriver au pouvoir en 1996, s'est allié au mouvement Gesher et aux partis religieux ultra-orthodoxes tous partisans du Grand Israël
- les partis russes

ceux de l'extrême droite israélienne :

les partis religieux :

- le Shass (composé de séfarades gardiens de le Torah),
- Agoudat Israël (Le Rassemblement d'Israël),
- Deguel Hatorah (Le Drapeau de la Torah),
- le Mafdal (le parti national religieux).

Ces 4 partis d'extrême-droite - sous la domination des rabbins - sont ultra orthodoxes et ultranationalistes. Pour eux, la colonisation de tous les territoires occupés est un impératif religieux et sacré dans la perspective du Grand Israël dépouvu de non-juifs.

Divers mouvements ont également pour seul but la main mise des juifs sur toute la Palestine. On peut citer notamment :

- le mouvement Kach ("C'est ainsi"). Fondé en 1971 par le rabbin Meir Kahane il vise à « l'expulsion de tous les Arabes du Grand Israël » pour que la Terre Sainte soit débarrassée de toute « souillure étrangère ». Il a été interdit en 1994 mais il poursuit néanmoins son activité au grand jour. Son idéologie raciste caractérisée, et revendiquée avec force dans un discours férocement anti-non-juif, se retrouve semblable dans :
- le mouvement Tehiya où sont présents de nombreux immigrants de l'Union soviétique,
- le mouvement Modelet dont le but avoué est également l'expulsion de tous les Arabes du Grand Israël,
- le mouvement Tsomet (le Renouveau sioniste),
- Goush Emounim (le Bloc de la foi). Ce mouvement idéologique est particulièrement agressif. Parfaitement organisés en milices, puissamment armés et fanatiques, ses partisans ne se laissent arrêter, ni par les risques d'affrontements avec les Arabes qu'ils se plaisent à agresser, ni par la loi (à leurs yeux la loi humaine est sans valeur par rapport à la loi divine qui exige la possession par les juifs de toute la Palestine), ni par les décisions éventuelles du gouvernement israélien. En son sein se sont formés de nombreux petits groupes d'individus particulièrement violents se consacrant à des actions terroristes caractérisées. Ceux de la grande colonie de Kyriat Arba qui domine la ville arabe de Hébron , par exemple, font chaque semaine une expédition dans un quartier différent de la ville en s'en prenant aux voitures, aux vitrines et aux habitants. Il en est ainsi dans bien d'autres villes : Rammah, El Bireh, Naplouse ... À plusieurs reprises il y eut mort d'hommes. Deux idées maîtresses l'animent. La première : les temps messianiques ont commencé avec la création de l'État d'Israël en 1947 et la libération de la Judée-Samarie en 1967. La seconde : l'arrivée finale du Messie et la rédemption qui l'accompagne pour les juifs ne pourra intervenir que lorsque le peuple juif sera en possession de toute "sa" terre.

Pour la plupart des membres de ces partis ou mouvements c'est l'Arabe qui est devenu l'ennemi à combattre. A noter qu'ils bénéficient toujours d'une grande indulgence de la part des tribunaux. L'immunité est pratiquement de règle. Comme le montre le rapport Karp de 1982, stigmatisant la banalisation de la violence antiarabe, « la plupart des crimes et des délits ne donnent lieu à aucune poursuite judiciaire».

La prépondérance des religieux dans les partis israéliens et partant leur rôle politique majeur est un bon témoin du pouvoir contaminateur exceptionnel du sionisme.

En Allemagne, les instances religieuses ont pu se laisser contaminées par le nazisme pendant quelques années, mais leur culpabilité a relevé essentiellement de la passivité : elles n'ont été que rarement des supporters actifs du nazisme. En Israël, phénomène très différent, ce sont les religieux qui, dans leur immense majorité, se sont révèlés, depuis plus d'un demi-siècle, par leur activisme, être les supporters les plus zélés de l'idéologie sioniste avec son racisme anti-non-juif et les plus grands défenseurs de ses actions criminelles.
C'est dire qu'il ne faut pas être surpris que les Organisations israéliennes pour les droits de l'homme n'aient pas échappé elles-mêmes au pouvoir de corruption du sionisme. En effet, la plupart de ces organisations :
- acceptent sans protester les différentes lois édifiées par l'État qui fondent une citoyenneté de seconde zone et un rigoureux et humiliant apartheid
- se sont absoutes de la responsabilité des pertes subies par les réfugiés dépossédés par l'État « au nom du peuple juif » de leurs maisons et de leurs terres
- acceptent l'annexion du Golan et de Jérusalem
- dénient le droit au retour des Palestiniens
- ne demandent même pas la fin de l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza.

15 - EXPULSÉS, DÉPORTÉS et RÉFUGIÉS

L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a recensé, au 30 juin 1999, 3,6 millions de réfugiés palestiniens, auxquels s'ajoutent plusieurs centaines de milliers de personnes de Cisjordanie et de Gaza déplacées pour la plupart vers la Jordanie en 1967. Enfin il existe plusieurs centaines de milliers de réfugiés non recensés.

À l'occasion des diverses guerres ayant ensanglanté la Palestine depuis la création de l'État d'Israël (guerre judéo-palestinienne de 1947-48, guerres israélo-arabes de 1967 et de 1973, guerre du Liban de 1982), les Palestiniens ont connu en effet plusieurs vagues d'exil.

Dans la plupart des guerres - comme celles que la France a bien connues - la motivation essentielle de la quasi totalité des réfugiés est la peur devant les combats et pour une très petite minorité la volonté d'entrer "en résistance" pour préparer la revanche. Mais, dans ces conflits issus de l'idéologie sioniste, s'ajoute une donnée nouvelle et spécifique : la volonté délibérée de ses tenants de faire un État réservé à une population déterminée, les juifs.

C'est ainsi, dans la circonstance, que quelques questions particulières se posent :

1 - Y a-t-il eu un plan d'expulsion systématique des Palestiniens de la part des dirigeants sionistes?
2 - Y a-t-il eu déportation organisée des populations ?
3 - Y a-t-il eu pressions des sionistes pour que les Palestiniens quittent en masse leur pays ?
4 - Les Palestiniens sont-ils partis sur la demande des nations arabes de voisinage dans la perspective de revenir ultérieurement en vainqueurs ?

Globalement, on peut dire tout d'abord, d'après le compte rendu de Moshe Sasson, adjoint du Chef du Département arabe des services de renseignements de Tsahal fin juin 1948, compte rendu qui semble représenter une référence valable, que la fuite vers l'exil à la suite d'attaques sionistes ou par peur de nouvelles attaques a concerné, selon Vidal et Algazy, 70% des Palestiniens.

Pour l'historien israélien Tom Segev, ce sont ainsi 400 000 « unités de logement » qui ont changé de mains, ce qui signifie sans doute bien plus que les 800 000 Palestiniens reconnus de la guerre de 1948 (auxquels s'ajouteront 440 000 autres lors de la guerre de 1967). En ce qui concerne les biens abandonnés, Greilsammer écrit « qu'il s'agissait de millions de dounams, de dizaines de milliers de maisons, et de biens estimés à des milliards de dollars d'aujourd'hui".

Pour Ilan Pappé, un « nouvel historien » , dans The Making of the arab-Israeli Conflict 1947-1951, il ne fait aucun doute que les dirigeants du Yichouv (la communauté juive de Palestine) ont bien mis en oeuvre un plan d'expulsion des Arabes hors des territoires. Le Plan Dalet de l'état-major sioniste notamment, prévu pour être mis en place au départ des Britanniques de Palestine et qui fut appliqué en fait dès le début de 1948, comportait l'évacuation des civils et des opérations d'expulsion en direction de la frontière la plus proche.

« Alors que les expulsions forcées avaient été rares pendant les premiers mois de la guerre cette pratique devint plus systématique au cours de l'été 1948 afin de réaliser une continuité territoriale "purement juive" » nous dit Alain Dieckhoff. Dans les rares archives israéliennes encore accessibles sur le sujet, les historiens ont retrouvé des ordres caractérisés d'expulsion, tel ceux d'Itzhak Rabin (reconnus d'ailleurs dans ses mémoires) concernant la ville de Lydda (70 000 habitants) et des importantes agglomérations de Ramleh (30 000 habitants) et de Mjdlet où la population arabe fut, ou contrainte par les bataillons israéliens de vider les lieux, ou embarquée « à froid » sur des camions en direction de Gaza. On sait aussi qu'en octobre-novembre 1948 ce sont de 100 000 à 150 000 Palestiniens qui furent expulsés et jetés sur les routes de l'exil lors d'attaques menées en Galilée et dans le Néguev.

Si l'existence d'un plan concerté au plus haut niveau de l'Organisation sioniste pour éliminer la population non juive de la Palestine est soutenue par certains historiens juifs modernes, cette donnée est néanmoins contestée par d'autres. Tel est le cas de Benny Morris dans The Birth of the Palestinian Refugee Problem 1947-1949. L'historien conteste tout plan d'expulsion globale et systématique mais, par contre, démonte avec force arguments la thèse officielle israélienne selon laquelle les Palestiniens seraient partis de leur plein gré ou à l'appel radiophonique de la Ligue arabe. Pour lui, les Arabes de Palestine sont partis, avant tout sous la contrainte des forces sionistes, en raison des pillages et atrocités commis destinés plus ou moins volontairement à créer la panique.

Si les dirigeants sionistes, de 1947 et d'avant cette date, n'ont sans doute pas élaboré un plan général pour éliminer les Arabes de Palestine - l'unanimité n'existe d'ailleurs guère dans les communautés juives - on peut affirmer par contre qu'il y a bien eu des plans partiels tel le « plan D » de la Haganah visant à expulser tous les habitants d'une zone précise en préparation de l'attaque arabe prévue. On peut affirmer, aussi et surtout, qu'il y a eu depuis le début de l'aventure sioniste un climat tendant à préparer cette "élimination" et que nombre de responsables sionistes avaient bien eu cette volonté de voir procéder à des "transferts" plus ou moins forcés, avaient réfléchi sérieusement aux modalités pratiques d'exécution et imaginé les solutions les plus efficaces. Pour Uri Ben Eliezer, comme le rapporte Grilsammer « il y avait la volonté d'expulser, il y avait une idéologie, il y avait une connivence non écrite entre la direction politique et les militaires et pour cela un ordre explicite n'était pas nécessaire ... L'ordre tacite d'expulser n'est que la partie visible de l'iceberg, le reflet d'une culture politique datant d'avant 1948 selon laquelle le départ des Arabes de Palestine allait de soi, était normal et inévitable ».

Selon les nouveaux historiens, commente Greilsammer : « il ne fallait pas le dire, il ne fallait pas l'écrire, il fallait le faire ». On sait qu'il s'agit d'une tactique banale des Israéliens, appliquée depuis toujours notamment aux armements et à la bombe atomique.

Il faut d'ailleurs savoir que, bien avant la création de l'État d'Israël, il existait des "Commissions de tranfert" des populations non juives, commissions qui, nous dit le même auteur, devaient agir« comme une sorte de lobby. auprès du gouvernement et organiser elles-mêmes la destruction de villages abandonnés». Elles avaient aussi pour but affiché « de faire en sorte que les Arabes qui avaient fui ne puissent pas revenir sur leurs domaines ».

Les textes qui témoignent de cette ferme volonté de récupérer tout le territoire de la Palestine pour les juifs, sont multiples et parfaitement explicites. Ils ne sont pas tous dépouvus d'un certain cynisme !

Dès 1895, Theodor Herzl note dans son Journal du 18 juin :« Nous tenterons d'encourager la population miséreuse à passer la frontière en lui procurant de l'emploi dans les pays de passage, tout en lui refusant tout travail dans notre pays. Le double processus d'expropriation et de déplacement doit être mené de façon à la fois prudente et discrète. Que les propriétaires fonciers s'imaginent qu'ils nous roulent et nous vendent leurs biens à des prix exagérés ; nous, pour notre part, ne leur revendrons rien ».

Israël Zandwill, écrivain juif de Grande Bretagne et porte-parole du mouvement sioniste écrit en 1905 : «Si nous voulons donner un pays à un peuple sans pays, il serait absolument fou de lui permettre d'être le pays de deux peuples. Cela ne peut que créer des problèmes. Les juifs souffriraient, et nos voisins aussi. De deux choses l'une : il faut trouver un autre lieu, soit pour les juifs, soit pour leurs voisins ».

Et en 1920 : « Nous ne pouvons pas permettre aux Arabes de se mettre en travers d'une entreprise de reconstruction historique aussi précieuse... Aussi devons-nous les convaincre gentiment de "prendre la piste". Après tout ils ont l'Arabie avec ses millions de kilomètres carrés... ils n'ont aucune raison de s'accrocher à ces quelques kilométres carrés. Plier leur tente et disparaître en silence est leur habitude : qu'ils la mettent donc maintenant en pratique ».

Moshe Beilinson, écrivain et proche collaborateur de Ben Gourion, écrit de même en 1929 : « Il y a une différence fondamentale et décisive entre la situation des Arabes en tant que nation et celle des Juifs en tant que nation. Les Arabes, du point de vue national, n'ont pas besoin de la Palestine. Ils sont liés à d'autres centres. Là, en Syrie, en Irak, dans la péninsule arabique, gît la patrie des Arabes... Nous ne sommes pas responsables du fait que tel individu est né à tel endroit, et non pas quelques kilomètres plus loin.»

En 1937, Bonné, directeur d'un Institut au Fonds national juif, lors d'une réunion du "Comité du transfert" peut dire : « Les arguments pour ou contre le caractère obligatoire du transfert doivent être énoncés en détail. Il est vital de ne pas renoncer trop facilement à la proposition de "coercition" qui a originellement été suggérée, non par les juifs, mais par les Anglais ».

« Je suis convaincu, dit de son côté Shmuel Zukhovitsky, spécialiste des questions agricoles, lors d'une réunion de l'exécutif de l'Agence juive, qu'il sera tout à fait impossible d'accomplir le transfert sans coercition. Je ne vois dans cette mesure rien d'immoral. Je veux aider les juifs à rejoindre l'état juif et je veux aider les Arabes à rejoindre l'État arabe ».

À la même réunion de 1938, Menahem Ussishkin : « Si vous me demandez s'il est moral de déplacer 60 000 familles de leur lieu de résidence et de les transférer ailleurs... je dirai que c'est moral ... Je suis prêt à aller défendre la moralité de la chose devant le Tout-Puissant et devant la Société des Nations... Il n'y a pas que le gouvernement britannique qui puisse procéder au déplacement forcé et, à cet effet, deux choses sont nécessaires : de la poigne anglaise et de l'argent juif ».

Tandis que pour David Remez, Président du Comité national, secrétaire général de la Histradout : « Il y a des choses délicates dont il n'est pas facile de parler. Néanmoins nous devons dire ces choses en dépit du risque que cela comporte. Nous devons avoir la force de confisquer des terres dans l'État juif pour le développement et la mise en oeuvre du plan de colonisation qui est à la base de la structure tout entière ».

Quant au directeur du "Fonds national juif", Yosef Weitz, il écrivait en 1940 : « Il n'y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Si les Arabes le quittent, cela nous suffira (....) sinon il n'existe pas d'autre moyen que de les déplacer tous ; il ne faut pas laisser un seul village, une seule tribu... Il faut expliquer à Roosevelt, et à tous les chefs d'États amis, que la terre d'Israël n'est pas trop petite si tous les Arabes s'en vont, et si les frontières sont un peu repoussées vers le nord, le long du Litani, et vers l'est, sur les hauteurs du Golan ».

Et en 1941 :« Pendant tout le voyage, mes réflexions tournaient autour de ce plan auquel nous pensons depuis des années. Le plan d'évacuation du pays à notre profit, je connais les difficultés... mais c'est seulement du transfert des populations que le salut viendra. Il n'y a pas de place pour nous avec nos voisins... Le développement est un processus trop lent... Ils sont sont trop nombreux et trop enracinés... La seule manière, c'est de les éradiquer, d'arracher leurs racines ».

En 1947, Yosef Weitz écrit encore dans son Journal : « J'ai dressé la liste des villages arabes qui doivent être nettoyés afin d'homogénéiser les zones juives ».

Dans ses écrits, Baruch Kimmerling, professeur de l'Université de Jérusalem, rapporte aussi, nous dit Joseph Algazy, les propos du premier président de l'État d'Israël Haïm Weizmann selon lequel le vrai « miracle » lors de la guerre de 1948 n'avait pas été la victoire juive, mais le « nettoyage » du pays par l'éviction des Arabes. « Tout le monde le savait, mais ce sujet a toujours figuré parmi les "tabous" de l'historiographie israélienne ». Et Kimmerling d'ajouter : « Historiens et sociologues, tous ceux qui font ce que l'on exige d'eux - fournir au "peuple" une histoire partielle, préfabriquée, déformée, fondée sur des mythes, abusent de leur fonction de scientifiques comme de leur fonction intellectuelle».

Dans le grand journal israélien Yediot Aharonoth du 14 juillet 1972 , Yoram Ben Porath rappelle avec force l'objectif à atteindre : « C'est le devoir des dirigeants israéliens d'expliquer clairement et courageusement à l'opinion un certain nombre de faits que le temps fait oublier. Le premier de ceux-ci, c'est le fait qu'il n'y a pas de sionisme, de colonisation, d'État juif, sans l'éviction des Arabes et l'expropriation de leurs terres ».

Ben Gourion, qui fut sans sans doute le plus grand théoricien et praticien des "transferts" massifs de populations arabes, considérait d'ailleurs le "transfert" comme « une idée humaniste et sioniste importante ». En effet, pour lui, le transfert permettait de donner des terres nouvelles à la fois aux juifs (venant en Palestine) et aux Arabes (transférés en Jordanie, en Syrie, ou en Irak.. ). On peut noter, à ce propos, que le « transfert » des Arabes figurait dans le programme du Labour Party britannique en 1944.

Rehavam Zeevi (ministre dans le gouvernement Shamir en 1983) n'hésite pas, quant à lui, à demander le "transfert" de tous les Palestiniens de Samarie et de Judée vers d'autres terres arabes au motif que Staline et les Polonais ont pratiqué ainsi en Poméranie, en Silésie, en Prusse en 1945 sans que le monde réagisse.

Favoriser le départ des populations arabes de Palestine en exploitant leur faiblesse ou organiser méthodiquement leur irréversible "transfert", à l'occasion des diverses guerres qui ont ensanglanté la Palestine, a manifestement été une préoccupation majeure et quotidienne de nombreux sionistes depuis le début de leur entreprise, mais surtout, bien entendu, depuis 1947 et la création de l'État d'Israël. Si le « transfert » des Arabes n'est plus actuellement que dans le programme politique de l'extrême droite israélienne, il n'en reste pas moins que tous les gouvernements qui se sont succédé ont eu comme objectif prioritaire cette purification ethnique absolument nécessaire au but final à atteindre : "un État juif pour les (seuls) juifs" et qu'en cette année 2000, 60% des juifs israéliens, nous disent les sondages, sont partisans du "transfert" !

Comme le montrent les statistiques, la réussite de ce plan, élaboré avec soin et mis en oeuvre avec une persévérance diabolique, est incontestable et spectaculaire...: une population de plusieurs millions de personnes a perdu sa place et ses biens au profit exclusif d'une autre population choisie sur un critère racial.

Néanmoins, quelques "grains de sable" enrayent la machine infernale : désormais il y aura toujours des non-juifs en Israël... tandis que l'utopie sioniste dévoile progressivement sa malignité foncière à un nombre croissant de personnes et que s'évanouit lentement le rêve de ses supporters.

16 - SIONISME ET ANTISIONISME CHEZ LES JUIFS

Deux périodes sont schématiquement à distinguer :

- 1900-1947 : avant la création de l'État d'Israël,
- 1947-2000 : depuis cette création.

1) - avant 1947 et la création de l'État d'Israël, les partisans du sionisme sont très minoritaires

À cette époque, les juifs pour une proportion fort importante d'entre eux sont parfaitement assimilés dans les nombreux pays où ils vivent, pays d'Europe notamment tels la France, l'Allemagne, la Grande Bretagne... Ces juifs sont d'abord Français, Allemands, Anglais avant d'être juifs : leur patrie est celle qui les a vu naître, grandir, accomplir leur service militaire, exercer leur profession, faire la guerre comme soldats ou officiers. La culture, l'histoire de ces pays est leur culture et leur histoire. Ce sont des Français juifs, des Allemands juifs, des Anglais juifs comme il y a des Français catholiques, des Allemands protestants, des Anglais agnostiques. En dehors de l'agriculture il y des juifs dans toutes les professions, y compris dans l'armée.

C'est dire, à ce propos, qu'il était absolument inconcevable pour les juifs allemands particulièrement bien assimilés de penser que les nazis étaient susceptibles de les exterminer. Beaucoup payèrent de leur vie leur attachement à la patrie allemande.

Marcel Bloch, historien torturé et fusillé par la Gestapo en 1944 pouvait crier son amour de la France et écrire dans « L'étrange défaite » : « La France, dont certains conspirent à m'expulser aujourd'hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu'il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon coeur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture, j'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé à mon tour de la défendre de mon mieux ».

Chez un grand nombre de Juifs éloignés de leur religion, la notion raciale issue de la loi rabbinique, suivant laquelle les femmes transmettent à leur descendance le caractère de juif, s'est elle-même estompée dans les esprits au point d'être totalement négligée.

S'appuyant sur la dimension universaliste et spirituelle du Judaïsme présente dans la Bible et dans divers autres textes, l'opposition juive au sionisme - née d'abord chez les croyants - s'est manifestée dès l'apparition de l'entreprise sioniste et n'a jamais cessé jusqu'à la guerre de 1939-1945. La plupart de ces juifs refusèrent l'émigration en Palestine. De multiples données historiques, de multiples textes émanant de religieux, de laïcs ou d'historiens juifs en font foi. Citons par exemple :

- la motion votée, sur la proposition du rabbin Isaac Meyer Wise, lors de la Conférence des Rabbins américains à Montréal en 1897 : « Nous désapprouvons totalement toute initiative visant à la création d'un État juif. Des tentatives de ce genre mettent en évidence une conception erronée de la mission d'Israël que les prophètes juifs furent les premiers à proclamer... Nous affirmons que l'objectif du judaïsme, n'est ni politique, ni national, mais spirituel... Il vise une époque messianique où tous les hommes reconnaîtront appartenir à une seule grande communauté pour l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre ».

- les propos du Baron de Rotschild à qui Théodor Herzl était venu demander son soutien : « Un état juif serait un ghetto et subirait les mêmes préjugés. L'état des Juifs, lui, serait mesquin, petit, intolérant, non libéral et orthodoxe. Il excluerait les non-Juifs et les chrétiens ».

- l'opposition violente à l'entreprise sioniste naissante du Bund. Cet organisme créé à la fin du XIXème siècle et rassemblant des ouvriers juifs socialistes de Russie, de Pologne et de Lituanie prône une assimilation d'ordre universaliste.

- la déclaration d'Albert Einstein en 1938 : « La conscience que j'ai de la nature essentielle du judaïsme se heurte à l'idée d'un État juif doté de frontières, d'une armée, et d'un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que le judaïsme subira en raison du développement dans nos rangs, d'un nationalisme étroit... Devenir une nation, dans le sens politique du mot, équivaudrait à se détourner de la spiritualisation de notre communauté que nous devons au génie de nos prophètes ».

Stefan Zweig fustige, lui aussi, le sionisme promu par Theodor Herzl. Pour lui la grandeur du peuple juif réside dans le fait qu'il n'a ni territoire, ni armée et qu'il n'existe que par sa référence à la Bible. « Je tiens , écrit-il,les idées nationales pour dangereuses comme toutes les limitations et je vois dans le projet de réalisation du judaïsme un recul et un renoncement à sa mission la plus haute ».

- Judah Magnes, président à l'Universite hébraïque de Jérusalem, lors de son allocution d'ouverture à la rentrée de 1946 prend lui aussi résolument parti contre l'idéologie sioniste de plus en plus pressante : « Nous ne pouvons pactiser avec une société où le nationalisme est devenu un credo imposé... A la lumière de notre conception universaliste de l'histoire du destin juif, et aussi parce que nous sommes préoccupés par la situation et la sécurité des juifs dans les autres parties du monde, nous ne pouvons souscrire à l'orientation politique qui domine le programme sioniste actuel, et nous ne la soutenons pas. Nous pensons que le nationalisme juif tend à créer la confusion chez nos compagnons sur leur place et leur fonction dans la société, et détourne leur attention de leur rôle historique : vivre en communauté religieuse partout où ils sont. »

Parallèlement, de nombreuses organisations juives, notamment d'Allemagne (l'Association des rabbins), de France (l'Alliance israélite universelle), d'Autriche (l'Israelitische Allianz), l'Association de la communauté juive de Londres montrent la même opposition déterminée au sionisme, une opposition formelle toujours basée sur la vocation essentiellement spirituelle de la Bible et du judaïsme.

Par ailleurs, les juifs religieux et les rabbins avaient des raisons supplémentaires de s'opposer à l'entreprise sioniste : d'une part ils constataient que la grande majorité des sionistes étaient des incroyants ne respectant pas le shabbat, d'autre part ils refusaient qu'une terre soit gagnée par la violence préconisée par les sionistes. Beaucoup s'opposèrent de toutes leurs forces à l'entreprise sioniste sur le point de triompher en 1947 : « Les sionistes impies veulent substituer le nationalisme à la Torah » dit l'un, tandis qu'un autre, Yoël Teitelbaum, écrit : « En tentant de précipiter la Rédemption d'Israël, Israël a commis la pire des transgressions envers la Torah. Les nazis ne sont qu'un instrument de la colère divine, le sionisme qui l'a provoquée est le véritable responsable d'Auschwitz. Son succès n'est qu'un piège de Satan ».

Le parti communiste, fondé en 1922, pourfend lui aussi la sionisme au nom de la libération de tous les Palestiniens, juifs et Arabes.

Considérer la communauté juive comme une entité culturelle et spirituelle en refusant tous les éléments nationaux telle fut la pensée largement dominante chez les juifs, religieux ou non, jusqu'à la création de l'État d'Israël.

2) - Avec la création de l'État d'Israël, un revirement spectaculaire a lieu dans les communautés juives : l'idéologie sioniste triomphe tandis que s'effondre l'opposition antisioniste.

C'est à un changement radical, chez les non-croyants comme chez les croyants, que l'on assiste après la guerre de 1939-45. Avec la vision des camps de la mort et le judéocide hitlérien organisé, les masses juives de par le monde appuient cette création qui a aussi la sympathie de l'opinion mondiale. De plus, la guerre judéo-arabe de 1947-48 avec la peur d'un anéantissement de la communauté juive de Palestine, suivie de la victoire triomphale de son armée, accentue cette adhésion et entraîne un véritable enthousiasme mobilisateur d'énergies. C'est le temps des Kibboutzim et des pionniers jeunes et ardents. Une nouvelle nation est née qui devient pour beaucoup de juifs la vraie patrie de coeur et d'esprit comme le fut l'URSS, pendant longtemps, pour nombre de communistes occidentaux sincères. Fait caractéristique : il n'y a plus d'officiers juifs dans l'armée française et les jeunes juifs français - à la faveur d'une disposition légale instituée par un gouvernement français favorable au nouvel État - font volontiers leur service militaire en Israël.

Bref, un revirement brutal et spectaculaire s'opère : l'opposition antisioniste s'effondre chez les juifs et ce sont désormais les religieux dans leur ensemble qui, après avoir été à la période précédente (tout au moins par leurs prédécesseurs) les plus opposés à l'entreprise sioniste, deviennent les partisans les plus résolus de cette entreprise visant à la colonisation juive de toute l'ancienne Palestine. Les religieux israéliens sont partout en tête du combat sioniste en faisant appel à tous les textes nationalistes, voire xénophobes de leur religion. Ce sont eux qui manifestent le plus d'agressivité envers les Arabes dont le nombre croissant est susceptible, un jour, de menacer la spécificité d'Israël si des "transferts" massifs ne sont pas effectués. Ne parlons pas de leur hostilité inexprimée mais ancestrale envers les chrétiens qui se sont servis d'un juif, Jésus, pour imaginer avec la Trinité divine, suprême horreur à leurs yeux, une nouvelle forme de polythéisme.

Ainsi, depuis la création de l'État d'Israël, alors qu'agnostiques et religieux se détestent, une étrange collision, entre eux - les premiers cultivant leurs intérêts électoraux, les autres cultivant leurs intérêts financiers - aura permis au sionisme de se développer de façon extraordinaire.

La surenchère des dirigeants sionistes occidentaux et notamment des rabbins

Depuis le début du sionisme, mais plus particulièrement depuis la création d'Israël, les Juifs du monde entier, ceux de France notamment, sont constamment sollicités par de nombreux rabbins et dirigeants d'organisations juives, d'aller vivre en Israël pour contribuer à peupler le pays ou, à défaut, en guise de compensation partielle, d'aider l'État d'Israël en lui apportant une contribution quelconque dans tous les domaines possibles : politique, défense, diplomatie, finances, technologie, information, espionnage...

Theodor Herzl avait d'ailleurs bien précisé sa pensée dès le début de son entreprise : « Un homme doit choisir entre Sion et la France... Les Français israélites - s'il en est - ne sont pas des juifs à nos yeux et notre cause n'a rien à voir avec leurs affaires ».

Par la suite, au 23ème Congrès de l'organisation sioniste mondiale, Ben Gourion ne manquait pas de rappeler les devoirs de tous les juifs sionistes : « l'obligation collective de toutes les organisations sionistes des diverses nations d'aider l'État juif en toute circonstance doit être inconditionnelle, même si une telle attitude entre en contradiction avec les autorités de leurs nations respectives ».

De telles sentences continuent manifestement à résonner dans les esprits, contribuant à ce qu'un nombre notable de juifs occidentaux soient des inconditionnels de l'État d'Israël. Mais, en perdant leur liberté de jugement, ils vont montrer volontiers une indulgence coupable vis-à-vis des actions les plus contestables des dirigeants, de l'armée ou des colons israéliens et s'engager dans des directions tout à fait regrettables.

Comment expliquer que ni les dirigeants des organisations juives ni les dignitaires religieux n'aient élevé la voix devant les prises d'otages ou la torture légalisée en Israël ? Comment expliquer les graves insuffisances de l'information dont le monde occidental est toujours victime ? Comment expliquer que les grands rabbins des pays visités par le pape - tous menant la charge comme un seul homme - l'aient sollicité systématiquement, pour la reconnaissance de l'État d'Israël jusqu'à ce que cette reconnaissance soit acquise en 1995 ? Comment apprécier la franchise d'Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix, lorsqu'il dit: « Je ne critique jamais lsraël hors d'Israël, c'est le prix que j'accepte de payer pour ne pas y vivre » ou lorsqu'il déclare au moment de la guerre du Liban : « Comme juif je suis totalement solidaire de ce qui se passe en Israël et ce que fait Israël le fait en mon nom aussi ». Comment apprécier le fait que le Consistoire de Paris, alors que l'Intifada a fait, au mois d'octobre 2000, plus de deux cents morts et des milliers de blessés, « tient à réaffirmer sa solidarité avec Israël » ?

Tout en étant tributaires de l'idéologie sioniste omniprésente, nombre de juifs occidentaux sont néanmoins victimes d'un malaise manifeste, écartelés qu'ils sont par cette « double loyauté » qui s'impose à eux, comme l'évoquait le philosophe israélien Y. Leibovitz à l'occasion de la guerre de 1967. À ce moment, les officiels israéliens et le mouvement sioniste avaient demandé aux Juifs de France de s'opposer à la politique du gouvernement français et, plus précisément, au Général de Gaulle qui avait qualifié cette guerre de guerre d'agression et refusait tout envoi d'armes à Israël.

C'est dire aussi qu'il n'est pas surprenant que les juifs totalement libres de leur jugement et de leur action en même temps que de la notion raciale et des données religieuses portées par le judaïsme ne soient qu'une minorité discrète.

L'opposition anti-sioniste actuelle chez les juifs

Si les juifs en dehors d'Israël sont en majorité sionistes, tout au moins ceux qui s'expriment d'une manière ou d'une autre, il reste que les anti-sionistes, réduits au silence par les médias ou choisissant de se taire par peur de s'attirer les foudres de leur communauté, ne sont pas quantité négligeable même en Israël et que leur nombre croît notablement avec le temps. Y. Leibovitz (dans ses entretiens avec J. Algazy) affirme ainsi qu'il y a cent mille juifs israéliens qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël. Certains appartiennent au parti communiste créé en 1992 (seul parti rassemblant des Arabes et des juifs), d'autres sont des juifs de stricte observance qui dénoncent le sionisme comme une entreprise humaine impie. Parmi ces derniers on peut citer notamment le groupe Netouri Karta dont les membres, au nombre de plusieurs dizaines de milliers, vivent au coeur du quartier religieux de Jérusalem et ne cessent de dénoncer le sionisme comme un faute grave contre la foi juive. Et on peut même signaler que l'un d'entre eux, le rabbin Moshe Hirsch, est devenu un des conseillers de Yasser Arafat et membre de la délégation palestinienne lors de plusieurs négociations avec les Israéliens :«Les sionistes ont transformé le concept de nation juive en le réduisant à un nationalisme fondé sur la langue et sur la terre... proclame-t-il. Nous, nous savons que le peuple juif est défini par sa foi et par son observance de la Torah » ! Pour ce rabbin, comme pour la plupart de ses prédécesseurs d'avant 1947 :« Le sionisme est diamétralement opposé au judaïsme. Le sionisme veut définir le peuple juif comme une entité nationale... C'est une hérésie ».

En cette année 2000, le débat entre sionistes et anti-sionistes est particulièrement intense en Israël. « Jamais le remise en cause de nos mythes fondateurs n'avait été aussi répandue » écrit Zev Sternhell. Beaucoup de juifs, manifestement malheureux devant les violences suscitées, voire honteux devant le comportement inadmissible de leur État vis-à-vis des Arabes, et sentant que tourne le vent de l'Histoire, tentent de dessiner l'avenir. Certains proposent que l'« État juif » devienne l'« État des juifs et de ses autres citoyens ». D'autres enfin, bien plus audacieux encore, souhaitent qu'Israël devienne simplement comme les autres États modernes, l'« État de ses citoyens », c'est-à-dire qu'il soit totalement neutre vis-à-vis des identités ethniques, confessionnelles et culturelles, bref, qu'Israël ne soit plus Israël... !

Dans la même perspective, certains auteurs, en France notamment, élaborent un « Israël post-sioniste ». Ils ont tort : d'une part, Israël qui s'est défini explicitement comme « un État juif en terre d'Israël » est fondamentalement lié au sionisme ; d'autre part, après le sionisme (si cette idéologie est neutralisée par la force des Nations Unies), Israël ne sera plus Israël, mais un État qui aura un autre nom, une autre constitution, un autre drapeau...

Bien entendu, les sionistes crient au scandale devant de telles idées sacrilèges... La violence de leurs propos n'a d'égale que la haine qu'ils manifestent à l'encontre de leurs adversaires.

17 - SIONISME et ANTISÉMITISME

À propos d'une définition

Les dictionnaires nous apprennent que les Sémites représentent un ensemble de peuples issus d'un même groupe ethnique et que les principaux de ces peuples sont les Juifs et les Arabes. Pourtant, à la définition de l'antisémitisme relevant de la simple étymologie qui voudrait que « l'antisémitisme soit le racisme dirigé contre les Sémites », ces mêmes dictionnaires en donnent une autre à savoir que " l'antisémitisme est le racisme dirigé contre les Juifs".

Dans cette acception concernant les seuls juifs, on peut noter que le terme n'a été forgé qu'à la fin du XIXe siècle par l'Allemand Wilhelm Marr lequel, dans son ouvrage "La victoire du judaïsme sur l'Allemagne" (ouvrage devenu le "premier best-seller antisémite") démontrait que son hostilité à l'égard des juifs obéissait non pas à des motifs religieux mais au rôle social et économique prépondérant des juifs vus comme d'"origine étrangère".

Comment expliquer la survivance de cette définition restrictive et a priori surprenante ?

La raison essentielle me paraît être la caractère très récent du racisme anti-arabe alors que le racisme anti-juif - disons l'antisémitisme banal des dictionnaites - est à la fois fort ancien et qu'il a été souvent spectaculaire par sa violence. Depuis le grammairien grec Apion et l'historien romain Tacite qui accusèrent les Juifs des pires abominations, depuis les Empereurs romains (Vespasien, Trajan, Hadrien) qui menèrent des guerres antijuives particulièrement sanglantes jusqu'aux théoriciens nazis et à la Shoah en passant par Holbach, Voltaire et Karl Marx..., les formulations théoriques anti-juives ou les manifestations sur le terrain, brutales voire sanglantes, n'ont jamais cessé au cours des deux derniers millénaires.

À côté de cet antisémitisme laïc très virulent, que dire de l'antisémitisme chrétien, et plus particulièrement de l'antisémitisme catholique, bien analysé depuis un demi-siècle ?

Quant au racisme anti-arabe, peut-être est-il apparu chez les chrétiens dans leur reconquête de la "Terre Sainte" - bien qu'il ait procédé avant tout d'un sentiment antimusulman : : les chrétiens allaient combattre les Infidèles - mais c'est manifestement le développement de l'idéologie sioniste qui, depuis un siècle et plus particulièrement depuis la création de l'État d'Israël, l'a engendré et ce avec une ampleur inégalée.

Et l'Occident, n'est pas sans avoir subi une certaine contagion de ce racisme antiarabe engendré par le sionisme. En 1947, l'attribution par l'ONU aux sionistes des terres possédées par les Arabes tenus pour "quantité négligeable" est un exemple de cette "culture du mépris" (selon l'expression de Jules Isaac appliquée aux chrétiens vis-à-vis des juifs) culture à laquelle succède volontiers le racisme lorsque, comme c'est le cas, une ethnie est en cause.

À l'époque actuelle, à partir des réalisations des Israéliens depuis 50 ans, réalisations qui ne manquent pas certes d'être remarquables dans bien des domaines, un certain discours ne justifie-t-il pas à retardement l'attribution autoritaire des terres aux sionistes « puisque les Arabes sont incapables de faire fructifier leur pays » et qu'ils « peuvent aller dans les pays musulmans de voisinage » ?

L'antisémitisme lié au sionisme

Fait remarquable, le racisme anti-arabe caractérisé de nombre de juifs israéliens n'a guère engendré de racisme anti-juif. Alors que l'antisémitisme ordinaire a toujours sévi et sévit toujours à l'époque moderne, notamment dans sa manifestation dite "négationnisme", dans les populations de tradition chrétienne, croyantes ou non-croyantes, politiquement "de gauche" ou "de droite" et d'autant plus qu'elles sont "croyantes" ou "extrêmistes", il est resté marginal ou inexistant chez les Arabes. Bien des autorités arabes (Mohammed V au Maroc, Bourguiba en Tunisie...) ont toujours défendu leurs ressortissants juifs et c'est dans le monde arabe que les juifs chassés d'Espagne se sont refugiés tout au long de l'Histoire.

Certes, certains milieux islamistes peuvent parfois faire ressurgir quelques différends survenus jadis entre le prophète Mahomet et les tribus juives de l'Arabie, mais il n'y a jamais eu de contentieux doctrinal entre le judaïsme et l'Islam alors que l'antagonisme entre les religions juive et chrétienne, qui s'est manifesté de façon dramatique à de mutiples reprises, est fondamental et à jamais irréductible. On sait que les juifs mépriseront toujours les chrétiens pour avoir fait d'un juif un dieu et que les chrétiens, de leur côté, déploreront toujours avec une certaine condescendance que les juifs se soient, par leur rejet du Christ, amputés de la Rédemption chrétienne.

C'est ainsi que l'opposition des Arabes est dirigée essentiellement en Palestine/Palestine, non pas contre les juifs avec leur tradition ou leur culture d'origine religieuse, mais contre les sionistes dont l'idéologie les opprime depuis plus d'un siècle. L'antisémitisme chez les Arabes a essentiellement vu le jour il y a quelques années lorsque, en Europe, ont circulé les thèses niant le génocide juif, thèses adoptées alors par quelques intellectuels

Il reste malgré tout que les violences et les injustices inouïes engendrées par le sionisme pendant tant d'années à l'encontre d'un peuple totalement innocent des malheurs juifs - et ce avec le soutien aveugle de nombre de juifs occidentaux - auront finalement abouti, par un phénomène de généralisation abusif mais banal, à faire pénétrer durablement l'antisémitisme au sein de populations qui précédemment en étaient pratiquement indemnes !

Si le sionisme a manifestement fait naître l'antisémitisme chez les Arabes, il est évident que le phénomène peut, en Occident où il est endémique, revêtir une tout autre ampleur. Les attaques de synagogues ou la destruction des symboles juifs à la suite de la sanglante répression contre les Palestiniens lors de l'Intifada 2000, sont des exemples caractéristiques où un amalgame se créé à l'occasion de l'opposition justifiée aux sionistes d'Israël.

Mais, par delà ce type d'antisémitisme "primaire" suscité par les exactions sionistes il y a des attitudes collectives bien plus efficaces pour perpétuer l'antisémitisme. Comment le statut hors-normes d'Israël, à la fois revendiqué par les sionistes et accordé par le monde non-juif pour des motifs divers : ignorance de l'idéologie sioniste, intimidation face au lobby, intérêt quelconque..., avec l'indulgence coupable qui en découle, pourrait-il ne pas être un de ces facteurs en faisant des juifs, non pas des hommes "différents", tous les hommes le sont, mais fondamentalement "autres". Comment l'exploitation caractérisée par les sionistes de la Shoah - exploitation dénoncée par tant de juifs lucides, telle Esther Benbessa dans un article de Libération (11/09/00) : « La shoah comme religion » - pourrait-il ne pas être un autre de ces facteurs ?

18 - OU EN EST ISRAËL ?

Par sa capacité intellectuelle, gage d'une recherche de pointe dans de nombreux domaines, par ses réalisations industrielles, son commerce, son agriculture, son armée... Israël est devenu en cinquante ans une super-puissance régionale et a surpassé nombre de nations, telles l'Espagne ou la Nouvelle-Zélande.

Pourtant, malgré cette force, Israël est de plus en plus fragile...

Une société minée par le doute et la mauvaise conscience

Certes, ce doute et cette mauvaise conscience ne concernent pas les juifs religieux, ni les juifs inconditionnels que l'on trouve dans de nombreux pays occidentaux, mais un nombre notable d'Israéliens instruits lesquels ont commencé, grâce au travail de leurs historiens modernes, à ouvrir les yeux sur les mensonges perpétués par les sionistes depuis 50 ans, à s'interroger sur la légitimité d'Israël, voire à la contester ouvertement comme le font certains intellectuels.

« L'ouverture des archives de 1948, nous rapporte notamment Dominique Vidal, ont permis de faire voler en éclats trois mythes essentiels : celui du petit David contre Goliath, celui du refus arabe de la paix, et surtout, celui d'une non-expulsion des Palestiniens de leur terre. »

En fait, tous les domaines sont intéressés par le malaise qui ronge la société Israélienne.

La nature même de l'État d'Israël, cet État théoriquement « juif et démocratique » est d'abord un sujet permanent d'affrontements entre démocrates et nationalistes... Comment pourrait-il en être autrement puisque Israël n'a pas réalisé, et ne pourra jamais réaliser la « ghettoïsation » de son territoire, cette ghettoïsation qui est le fondement monstrueux de l'idéologie sioniste et dont rêve toujours une partie de la population juive dans l'attente ancestrale de quelque événement messianique ?

L'exemple de l'armée israélienne, pourtant forte de sa puissance de feu considérable, de ses succès spectaculaires, de son service d'espionnage le plus sophistiqué au monde, est aussi un exemple particulièrement caractéristique du malaise israélien. À son propos Martin Van Creveld (professeur d'histoire à l'université hébraïque de Jérusalem) parle « du poison moral qui consume mortellement Tsahal appelée à tirer sur des femmes et des enfants », tandis qu'il demande instamment à ses enfants de ne pas faire leur service militaire en Palestine occupée : « Vous y perdriez votre âme. Si vous tuez, vous serez des criminels. Si vous êtes tués vous serez des crétins. Je vous préfère morts plutôt que rongés par ce dilemme insoluble et pervers ».

Après avoir vécu hors normes pendant plus de cinquante ans et reçu - par référence à la Shoah habilement "exploitée" et à des intérêts financiers considérables - la protection et l'aide de nombre de nations occidentales, Israël, ce membre de l'ONU qui en défie de façon permanente les représentants de moins en moins dupes, est acculé à brève échéance à un choix "impossible"... Comme l'écrit l'historien politique Zeev Sternhell :« Pour la première fois de son histoire, Israël doit décider de sa forme de nationalisme : devenir une communauté de citoyens ou conserver la vision organique d'une tribu soudée par des liens qui s'apparentent quasiment à des liens du sang ». Pour cet écrivain et pour bien d'autres, il est évident qu' « Israël ne sera jamais un État juif » puisqu'il doit « aussi » intégrer des populations arabes.

Car concilier dans une constitution les deux caractères de "juif" et de "démocratique" sera toujours la quadrature du cercle.

Et puis, n'y a-t-il pas parmi les juifs croyants et non-croyants d'Israël et d'ailleurs, tous ceux, profondément malheureux, pour qui le peuple palestinien est une victime obsédante de l'entreprise sioniste ?

Un fossé de plus en plus profond entre les communautés juives.

En Israël s'opposent deux options, deux cultures fondamentalement opposées : d'un côté, les lois laïques, de l'autre la Halakha, cette loi religieuse qui s'impose à chaque croyant dans sa vie quotidienne.

Du fait qu'il n'y a pas de démocratie sans laïcité et que le fondement de l'État d'Israël est religieux - la séparation de l'Église et de l'État est exclue par les religieux comme par la Constitution - l'unité nationale ne peut, bien entendu, être qu'un leurre.

Donnée de plus en plus insupportable parmi bien d'autres à beaucoup d'Israéliens : ce sont les rabbins (les hommes en noir) qui décident de l'octroi de la nationalité, du mariage, du divorce, des enterrements, des conversions, du contenu de l'enseignement... qui surveillent strictement le shabbat, qui veillent à l'observance de la kashrout (lois religieuses alimentaires) dans l'armée, les institutions d'État ou les avions... Alors que 22 000 couples se marient religieusement, 20 000 vont ainsi se marier dans un consulat à l'étranger ou vivre en concubinage. Il est dit en effet dans la Loi que : « Tout ce qui concerne le mariage ou le divorce des Juifs en Israël, nationaux ou résidents, est exclusivement de la compétence des tribunaux rabbiniques et que : « Les mariages et divorces des Juifs s'effectuent, en Israël, en vertu de la loi établie par la Thora »

Bien entendu, tout mariage d'un juif avec une non-juive ou vice-versa est impossible...

Ainsi se développent et s'amplifient avec le temps les haines intercommunautaires et les violences entre les religieux et les laïcs, les faucons et les colombes, les ultranationalistes et les internationalistes, les fondamentalistes et les libéraux, les fascistes et les socialistes, les séfarades et les ashkénases... Les affrontements ne sont pas que verbaux : en 1989-1990 les incendies de voitures et d'appartements appartenant à des représentants de la gauche israélienne, les menaces de mort adressées aux députés ou aux dirigeants du "Mouvement de la paix maintenant" ont véritablement inauguré une « guerre des cultures ». Celle-ci est telle que le Premier Ministre Yitzhak Rabin en est mort - après que les malédictions religieuses aient été appelées sur lui - tué par un de ses compatriotes, Yigal, considéré par toute une communauté comme « messager de Dieu ». « Rabin sera chassé par le feu et dans le sang » hurlait la foule quelque temps avant son assassinat. « Si la Cour suprême continue à se mêler de nos affaires il y aura une guerre ici », proclame en 1999 le ministre de l'intérieur Eliahou Suissa. Effectivement, compte tenu de la haine développée à un degré inouï par une partie notable de la droite israélienne à l'encontre ceux qui sont prêts à céder quelques pouces de terrain aux Arabes, une guerre civile n'est pas exclue malgré le tabou puissant pesant sur le meurtre d'un juif. À propos de l'implosion hautement probable de la mosaïque israélienne faite de tant d'antagonismes et de contradictions, certains n'hésitent pas à rappeler la destruction du royaume juif en 70 de notre ère. Lors du siège de Jérusalem par Titus, les juifs divisés en trois camps passèrent plus de temps à se massacrer qu'à affronter les soldats de l'empereur romain. La dispersion générale s'ensuivit avec ses deux mille ans d'exil.

Les menaces de mort notamment, pesant sur nombre de personnes et émanant notamment des haredim (ces "craignants Dieu" qui, selon les statistiques, font peur à 70% des Israéliens) sont telles que les 14 juges de la Cour suprême, par exemple, bénéficient d'une protection policière permanente.

Il n'y a guère que l'antagonisme envers les Arabes qui puisse réunir quelque peu les sionistes israéliens, encore que les nuances soient grandes entre les partisans d'un certain respect et ceux qui, voulant expulser les Arabes jusqu'au dernier, défilent en masse en hurlant « Mort aux Arabes ! » , n'hésitent pas à promouvoir la violence, voire le meurtre et à approuver ostensiblement les assassins.

Quant à l'écart entre les populations juives et non-juives de l'ex-Palestine il est bien entendu considérable

Certes, les Arabes israéliens ont un niveau de vie supérieur en Israël à celui des Arabes des pays du voisinage mais ils sont néanmoins les derniers dans l'échelle sociale israélienne. Plus grave que le niveau de vie matérielle, est leur situation "normale" de citoyens de seconde classe et d'apatrides voués, de par la constitution même, à être des étrangers perpétuels dans un État qui leur est octroyé par une certaine condescendance, qui les exclut de multiples fonctions, qui les discrimine perpétuellement, qui les considère comme des suspects sinon des "ennemis de l'intérieur" et qui, pire que tout, les humilie chaque jour sur la terre de leurs ancêtres. Alors qu'ils ont perdu de multiples lieux de mémoire effacés à jamais par les bulldozers, ils ont chaque jour devant les yeux, émaillant tout le pays, les lieux que les Israéliens ont élevé par centaines pour célébrer leurs victoires sur les Arabes, stèles, plaques, monuments... honorant, nous dit Greilsammer, les défenseurs, les héros, les sites conquis, les forces combattantes, les soldats inconnus, les pilotes, les unités de volontaires...

Quant aux Arabes des territoires occupés, un journaliste a parlé à leur propos « d'un océan de pauvreté face à un havre de richesses ». Algazy rapporte, par exemple, que dans la bande de Gaza, 5 000 colons juifs vivent dans de luxueuses villas tandis que 700 000 Palestiniens ne possèdent le plus souvent que des taudis, travaillent comme manoeuvres chez les colons juifs ou partent vendre leur force de travail en Israël. Écrasés dans leur culture (il n'y a aucune maison d'édition et très peu de librairies car les frais de douane rendent tout achat impossible), "bouclés" dans leurs villages, entourés de colonies juives hostiles, repoussés sans cesse plus loin comme le furent jadis les Indiens d'Amérique, surveillés à l'intérieur de leurs propres communautés par un service d'espionnage sophistiqué, massacrés par les militaires au moindre sursaut de colère, ils sont réduits, dans une rage intérieure, au silence et à l'impuissance.

Et si l'État palestinien voit le jour à côté de l'État juif, peut-on imaginer - sans une situation pérenne d'affrontement - deux États voisins aussi disparates quant à leur culture, à leur puissance et à leur richesse ? Même si la réalisation ne peut être que lointaine comment ne pas voir que sur cette terre de Palestine, seul, un État unique, laïc et démocratique est suceptible de faire vivre en paix les diverses communautés : juifs, musulmans, chrétiens... ?

19 - QUELLE "GUERRE" DE LIBÉRATION ?

LA DÉ-SIONISATION condition nécessaire de la paix en Palestine

En posant un regard d'ensemble sur l'Histoire de la Palestine depuis un siècle, on peut manifestement considérer que les malheurs de cette région découlent essentiellement du développement et de la mise en application sur le terrain de l'idéologie sioniste. C'est dire que l'extinction de cette idéologie, ou de façon plus réaliste sa neutralisation - aboutissant à la destruction des structures politico-sociales d'Israël - est la condition nécessaire à la paix.

Mais il faut bien voir tout d'abord que la dé-sionisation suppose rien de moins que l'évanouissement d'un des mythes fondateurs du judaïsme, le mythe de la "Terre promise". C'est ce mythe - véritable matrice de la pensée sioniste - qui sous-tend à lui seul toute l'idéologie et qui a engendré l'autre composante fondamentale et non moins pesante du sionisme : l'élément racial. Or, les mythes défient le temps, les siècles, voire les millénaires ! Ils n'ont pas qu'une dimension religieuse, qui peut être plus ou moins éphémère, mais une dimension culturelle qui imprègne profondément les peuples à leur insu et de façon pérenne. Le sionisme est un exemple particulièrement caractéristique de cette donnée : le plus grand nombre de ses fondateurs et de ses supporters n'est-il pas composé d'athées théoriquement indifférents à la dimension religieuse ?

Dire qu'"un mythe ne meurt pas", c'est dire aussi que les idéologies qu'il suscite ne peuvent pas s'éteindre spontanément. Seuls les conflits qui en résultent sont susceptibles d'en réduire les effets si les éléments antagonistes sont capables de s'imposer par une force supérieure qui peut être de nature fort diverse.

Cette force antisioniste peut-elle être d'essence démocratique ?

Théoriquement, ce n'est pas exclu puisqu'Israël se dit un État démocratique dont les citoyens non-juifs ont en principe "les mêmes droits sociaux et civiques" que les juifs. Actuellement, en Israël, les citoyens arabes sont au nombre de 970 000 ce qui représente 17% de la population ; dans 25 ans leur nombre représentera entre 21 et 26% de la population israélienne. À terme plus lointain les non-juifs peuvent donc théoriquement représenter le groupe majoritaire et vaincre pacifiquement l'idéologie sioniste. À plus forte raison en serait-il ainsi si les réfugiés palestiniens, qui attendent dans leurs camps depuis des dizaines d'années, revenaient en Israël conformément au droit international, ce droit dont le rappel exaspère les Israéliens..

Mais il faut bien savoir aussi - et ceci témoigne de la perversité foncière et spécifique de l'inspiration sioniste :
1- que les droits sociaux et civiques des non-juifs par rapport à ceux des juifs sont à la fois "les mêmes", comme il est dit plus haut, et "partiels" comme le veulent lois et réglements de l'État !
2 - que les partis qui ne reconnaissent pas le caractère juif de l'État ne peuvent pas participer aux élections.

Même si l'évolution démographique permet théoriquement aux citoyens non-juifs de former un jour le groupe dominant, il est donc totalement exclu qu'Israël puisse respecter cette évolution qui signifie sa mort en tant qu'État sioniste et puisse devenir spontanément un État démocratique, suivant le sens donné généralement à ce qualificatif dans la mentalité occidentale. La "démocratie israélienne" où il y a "les juifs" et les "non-juifs" séparés par la frontière de race qu'impose le sionisme, « frontière de feu » (selon le rabbin A. Cohen), est une démocratie spéciale. Elle n'est pas sans rappeler, en effet, les anciennes "démocraties populaires" où il y avait "les membres d'un parti" et "les autres".

Cette force capable de contrer les forces oppressives du sionisme ne peut être représentée que par l'ensemble des nations

Le nazisme a été vaincu par la seule force militaire des quelques alliés de 1940, le communisme par la seule force économique des "nations libres", le sionisme, parce que plus complexe que les précédentes idéologies - et parce qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème local ou régional - ne peut être neutralisé que par des forces diverses à l'échelon mondial. En premier lieu il ne peut s'agir que des forces démocratiques agissant au sein des partis et des associations diverses - en union avec celles qui existent - ou qui doivent obligatoirement se faire jour - au sein des populations palestiniennes. Comme l'écrivait Ben Barka en 1965 quelques mois avant son assassinat : « La question palestinienne [...] n'est pas une affaire entre Juifs et Arabes, mais un mouvement de libération nationale qui doit être considéré sans aucun chauvinisme racial. C'est en raison de sa dimension humaine et rationnelle que la cause palestinienne est en droit de compter sur la solidarité et l'appui des forces progessistes dans le monde .»
Ensuite, il appartient, bien sûr, à l'ONU, d'une part de prendre véritablement conscience de son erreur du 29 novembre 1947, d'autre part de stopper par la contrainte l'entreprise sioniste avant qu'elle n'entraîne de nouveaux malheurs pour la communauté humaine, et notamment pour la communauté juive.

Mais le rapport de forces est actuellement terriblement inégal...

Indépendamment de la disparité militaire, il suffit, pour se convaincre de cette inégalité, de constater l'incapacité de l'ONU depuis plus de cinquante ans à faire respecter ses propres et multiples résolutions et à envisager des sanctions capables d'arrêter les exactions d'Israël. Qu'est-ce le Droit d'un petit peuple face au sionisme qui imprègne et conditionne une part notable du comportement extérieur des États-Unis, de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de tant d'autres nations aveugles, tributaires avant tout de leurs intérêts immédiats ? Les États arabes eux-mêmes ne sont-ils pas incapables de rompre leurs simples relations diplomatiques ou économiques avec Israël qui, pourtant, écrase l'un des leurs ?

UN COMBAT DE LIBÉRATION INÉDIT

Beaucoup de stratèges pensent que la paix est possible au Proche-Orient, du fait, évident, que des pays très divers quant à leur puissance économique, militaire ou autre, l'ont établie entre eux après des affrontements durables comme l'Histoire en a toujours connu. De multiples plans sont ainsi élaborés émanant non seulement des deux parties en cause mais de nombre d'organismes occidentaux, voire d'essayistes généreux. Tous passent en revue avec application les conditions d'ordre économique, diplomatique, culturel, militaire... de la réconciliation sincère et profonde entre Israéliens et Palestiniens devant aboutir progressivement à la paix dans cette partie du monde dans deux États, l'un juif, l'autre palestinien. Ainsi par exemple, Michael Ben Leir, conseiller du gouvernement israélien de 1983 à 1988, période durant laquelle il justifiait légalement la colonisation, écrit en novembre 2000 : « Comme toutes les guerres modernes de libération celle-ci s'achévera par une victoire des Palestiniens. Reste à savoir combien de temps et de sang s'écouleront jusque-là. Voilà pourquoi notre obstination à conserver des colonies illégales qui empêchent la conclusion d'un accord de paix, n'a pas de sens ».

Ce qui frappe d'emblée quand on examine les travaux des "spécialistes" du Proche-Orient c'est que les analyses des facteurs de conflit avec leurs multiples interférences sont poussées très loin dans les détails et souvent avec une grande pertinence, mais qu'il manque dans la plupart des cas une vision d'ensemble allant à l'essentiel : l'idéologie sioniste (avec ses deux piliers mythique et racial), moteur de ce conflit où s'affrontent non seulement des Israéliens et des étrangers, des juifs et des non-juifs avec l'apartheid irréductible qui en résulte, mais des laïcs et des religieux, des démocrates et des fascistes, des universalistes et des nationalistes, des libéraux et des fanatiques.

C'est dire, par exemple, que le démantèlement des multiples colonies israéliennes dans les "territoires occupés" - démantèlement qui est loin d'être acquis - ne peut être lui-même qu'une étape d'un combat déjà séculaire, combat qui n'est qu'accessoirement un problème de "frontières" (contrairement aux cas habituels de l'Histoire) mais un combat idéologique pour lequel le raisonnement en années, voire en dizaines d'années, n'est pas de mise. Seul, le siècle (avec ses multiples) peut représenter une unité de mesure adéquate...

La désislamisation de l'Entité palestinienne fait également partie de ce combat

Il s'agit là de la seconde condition indispensable pour que, par delà les différences ethniques ou religieuses et par delà les frontières actuelles, puisse s'établir une démocratie par la réunion - élément incontournable de la paix - de toutes les forces démocratiques de la Palestine mandataire. Ce combat pour la laïcité à l'intérieur de la société palestinienne ne peut être que celui de ses habitants, habitants des territoires occupés ou exilés. Inutile de préciser que, lui aussi, ne peut être que fort long et difficile dans cette société traditionnelle où la religion est profondément imbriquée dans le gouvernement de la cité.

C'est dire aussi que ce conflit inédit du Proche-Orient ne concerne pas seulement les deux parties qui s'affrontent actuellement sur le terrain - des parties qui ne peuvent en aucune manière résoudre seuls le conflit qui les oppose entre eux - mais l'ensemble de la communauté internationale. Or, cette communauté, qui par sa méconnaissance du potentiel pervers de l'idéologie sioniste lui a permis de s'épanouir sur le terrain à partir de 1947, n'a fait depuis un demi-siècle que des progrès fort minimes dans l'"intelligence" de cette idéologie. Certes des crises aiguës telles que les Intifadas récentes ont permis - à la vue des multiples et terribles exactions israéliennes - un certain réveil des opinions publiques par l'intermédiaire de la Presse, mais on sait bien que des émotions de ce genre ne sont que fort éphémères lorque les forces en présence sont si différentes.

Malgré tout, en cinquante ans, un nouveau peuple est né, ce qui n'est pas rien !

De plus la mémoire des peuples s'est singulièrement allongée : désormais aucun combat pour la démocratie et la laïcité n'est jamais totalement vain...

Même s'il n'y pas de paix possible à vue humaine dans ce que fut la Palestine, ce n'est pas une raison pour ne pas y travailler dans la perpective d'un pays où les communautés seront réunies, réconciliées et apaisées. Or, seule une démocratie authentique, à inventer dans cette partie du monde, peut vraiment permettre cet avenir. Il faut bien se souvenir aussi que l'idéologie sioniste a toujours été dénoncée avec force par une part éminente de la communauté juive d'où elle a émergé pour tant de malheurs passés et pour tant de malheurs annoncés. Ne doutons pas, dans cette "guerre de libération", d'avoir affaire à des prophètes qui crient "dans le désert" avant leur lointain, mais assuré, succès.

20 - DE QUELQUES QUESTIONS OU INTERROGATIONS...

Comment l'ONU peut-elle accepter d'Israël, un des ses membres à part entière depuis 1949 :
l'annexion et la colonisation progressive de tout un territoire, fait qu'elle range depuis 1998 dans les « crime de guerre »)
- la violation des droits de la personne tels qu'ils sont définis par la Déclaration universelle
- le non-respect les Conventions de Genève dans les territoires occupés avec les destructions de maisons, les contraintes de circulation pour le personnel médical, les vivres et les médicaments...
- la violation permanente des frontières
- le refus de tout contrôle par l'Agence Internationale sur l'Énergie atomique et sur la production d'armes chimiques et biologiques
- la prétention à résoudre seul (avec les États-Unis, son soutien inconditionnel) les conflits qu'il a lui-même provoqués ?

Sait-on, en ce qui concerne l'Europe Unie, qu'il a fallu attendre juin 1980 pour qu'elle prenne position sur le conflit israélo-arabe et déclare à Venise : « le Conseil européen reconnaît le droit à l'autodétermination du peuple palestinien et l'OLP comme représentant du peuple palestinien et condamne l'occupation des territoires par Israël et les colonies de peuplement »?

Quel pays autre qu'Israël aurait pu se permettre, sans représailles de la part des Nations Unies et sans la réprobation de toutes les nations occidentales, de pratiquer légalement la torture, la prise d'otages et les représailles sur des civils pendant plus de cinquante ans ?

Jusques à quand les juifs israéliens revendiqueront-ils une quasi-immunité par le fait que leurs frères ou leurs pères ont été persécutés en Occident ?

Si Israël n'était pas un État juif, ne serait-il pas au ban des nations comme le fut l'Afrique du Sud pendant son apartheid, ne serait-il pas contraint par l'ONU de revenir dans le droit chemin international comme ce fut le cas de la Yougoslavie et de l'Irak ?

Il a fallu plusieurs siècles aux catholiques pour qu'ils reconnaissent, en majorité, la malignité de l'Inquisition... comment de temps en faudra-t-il à la communauté juive dans son ensemble en ce qui concerne le sionisme ?

N'est-il pas singulier de voir que le qualificatif de "nazi" vienne spontanément à l'esprit de personnalités juives éminentes (comme Yechayahou Leibovitz, Haïm Cohen, Moshe Zimmermann que nous avons cités), pour qualifier certains comportements où éclate le racisme antiarabe en Israël ?

Les sionistes d'Israël, principalement les religieux, sont en fait très malheureux : la simple vue d'un non-juif leur est insupportable, tout collaborateur arabe leur apparaît même comme un suspect, voire un ennemi. Faut-il les plaindre ?

Comment se fait-il que les religieux, religieux occidentaux notamment, se soient tus face à la torture, face aux prises d'otages, face aux bombardements-représailles ?

N'a-t-on pas le droit d'évoquer une "double allégeance" et de parler d'une coupable solidarité, lorsque Élie Wiesel, prix Nobel de la Paix, disait au moment de la guerre du Liban : « Comme juif je suis totalement solidaire de ce qui se passe en Israël et ce que fait Israël le fait en mon nom aussi » , lorque le grand rabbin de France Joseph Sitruc déclarait au Premier Ministre israélien Itzhac Shamir : « Chaque juif en France est un représentant d'Israël ... Soyez assuré que chaque juif de France est un défenseur de ce que vous défendez » ; ou lorsque le responsable du CRIF lors de l'Intifada 2000 exhortait les « juifs de France » à « s'identifier » aux juifs israéliens ?

Comment se fait-il que tant de journalistes occidentaux adoptent systématiquement le langage habile des Israéliens en parlant, par exemple, des "Territoires" et non des "territoires occupés" ?

Comment peut-on imaginer à vue humaine que puissent s'éteindre les sentiments de haine et de vengeance que l'entreprise sioniste a fait naître chez les Arabes spoliés, violentés et humiliés par elle pendant des dizaines d'années ?

Comment un non-juif théoriquement citoyen d'Israël et ayant quelque honneur pourrait-il se sentir chez lui dans un pays se nommant Israël, dont le drapeau est frappé de l'Étoile de David, dont la Constitution ne fait de lui qu'un citoyen de seconde zone et où il ne peut être qu'un apatride ?

Comment n'y aurait-il pas des collaborateurs et des mercenaires arabes ou chrétiens en Israël et dans les territoires occupés, alors qu'il y en a dans toutes les situations d'oppression et de servitude ? Comment n'y aurait-il pas non plus des Palestiniens résistants au péril de leur vie et des attentistes par intérêt ?

Quand on sait que la « ghettoïsation » des juifs sur un petit territoire - générant des élites intellectuelles jalousées ou entraînant des solidarités exclusives et donc mal supportées par les populations de voisinage - a souvent eu dans le passé des conséquences désastreuses pour eux, comment ne pas voir les dangers mortels encourus avec l'État-ghetto prévu par les sionistes et mis volontairement en chantier en Israël ?

N'est-il pas surprenant de voir les sionistes français ou américains aussi sûrs d'eux-mêmes dans leur soutien à Israël, alors qu'une fraction notable des juifs israéliens est de plus en plus en proie à l'interrogation et au doute quant à la légitimité de l'entreprise sioniste et pessimiste quant à son avenir ?

Comment ne pas rapprocher le négationnisme des sionistes concernant l'existence du peuple palestinien du négationnisme concernant le génocide des juifs par les nazis et voir que si le second n'est l'affaire que de quelques individus en Europe, le premier possède une multitude de supporters en Israël et ailleurs ?

La mauvaise conscience qu'ont certains juifs français de ne pas aller vivre en Israël, malgré les multiples incitations de leur communauté et des rabbins en particulier, ne serait-elle pas à l'origine d'une surenchère en matière de soutien aveugle aux gouvernements israéliens et, partant, d'une coupable indulgence ? Elie Wiesel, en écrivant : « Je ne critique jamais lsraël hors d'Israël, c'est le prix que j'accepte de payer pour ne pas y vivre » n'a-t-il pas le mérite d'une rare franchise ?

Comment un État dont le fondement est théocratique et racial pourrait-il ne pas fonctionner selon les lois de l'apartheid ?

Quel autre État qu'Israël, membre de l'ONU, peut se permettre dans l'indifférence des autres nations, d'avoir comme chefs de gouvernement des ex-terroristes comme Ben Gourion, Shamir ou Begin (reçus même en grande pompe à l'étranger), comme ministres des criminels de guerre, tel par exemple A. Sharon et de réprimer des émeutes avec des mitrailleuses, des chars et des hélicoptères de combat ?

N'est-il pas surprenant de voir les juifs sionistes professer une idéologie qui inclut la « défense du sang » lorsqu'on sait que c'est cette même idéologie qui a conduit Hitler à faire des juifs les victimes du génocide que l'on sait ?

Comment espérer que le racisme des sionistes à l'égard des non-juifs n'engendre pas, par un processus de généralisation injuste mais banal, un courant d'antisémitisme ?

Au vu des quatre guerres et des drames sans nombre entraînés par la création de l'État d'Israël (drames parfaitement prévus par certains pays, comme le Royaume-Uni, mais aussi par bien des juifs lucides), quel pays, responsable par son vote aux Nations-Unies de cette création en 1947, oserait soutenir aujourd'hui qu'il ne s'est pas trompé ?

La capitulation permanente des Nations Unies - se contentant de paroles pieuses - face aux conquêtes territoriales du sionisme, ne rappelle-t-elle pas celle des nations européennes face à la montée du nazisme ?

La volonté de détruire les lieux de mémoire des peuples vaincus a toujours été une pratique barbare... Sait-on que sur l'emplacement du village de Deir Yassin, où furent massacrés en 1948 par les organisations terroristes sionistes 254 Arabes, les Israéliens (tout en reconnaissant leur responsabilité dans le massacre) ont édifié des habitations ? Nul doute que les nazis - s'ils avaient été victorieux - eussent fait de même à Oradour-sur-Glane ou à Auschwitz.

Par quelle aberration mentale un ex-Grand Rabbin français, René-Samel Sirat, peut-il oser dire, sans se moquer de la quasi-totalité des hommes, que « personne ne peut nier les droits d'israël sur les terres de la Promesse » et revendiquer pour les juifs exclusivement le droit « du sol » et du «retour à Jérusalem » ?

Sait-on qu'un colon juif qui abat un Palestinien n'est jamais condamné qu'à une amende de principe ou que les militaires coupables de "bavures" graves, ou bien ne sont pas condamnés, ou bien bénéficient très rapidement de grâces et, une fois libérés, de protections (comme ce fut le cas à l'occasion du massacre de Kafr Kassem du 29 octobre 1956 où 43 villageois - 26 hommes, 10 femmes et 7 enfants - furent assassinés par des miliciens israéliens) ?

Dans toutes les situations de détresse la religion est un recours et un refuge... Comment être surpris que l'intégrisme musulman - d'autant qu'il a en face de lui un intégrisme juif particulièrement agressif - se développe en Israël et dans les territoires occupés et "fabrique" des fanatiques islamistes et des terroristes ?

Les Allemands, les Japonais, les Espagnols... ont formulé excuses et repentir pour les fautes respectives de leurs ancêtres, les catholiques avec le pape Jean Paul II ont fait de même pour les crimes de l'Église catholique à l'encontre des protestants et des juifs... Quand les rabbins exprimeront-ils un repentir pour avoir été, depuis le milieu du XXème siècle, largement complices des membres de leur communauté qui se sont approprié en quelques cinquante ans les trois quarts de la Palestine au mépris de tout un peuple et ont promu une purification ethnique caractérisée ?

Avec tous les colonialismes : colonialisme français, anglais, espagnol, néerlandais... les populations autochtones souvent maltraitées, ont pu néanmoins, dans certains domaines, tirer des bénéfices appréciables. Peut-on dire la même chose du colonialisme sioniste ?

Comment de ne pas être troublé devant le spectacle des rencontres Arafat-Barak : le premier, malade, vieilli, n'ayant pour lui que les droits que lui donnent les résolutions des Nations Unies (droits voués au néant par les États-Unis) ; le second plein de vigueur, doué d'une subtilité dialectique redoutable et d'un froid cynisme, dans une rencontre sous la houlette du Président des États-Unis dont les intérêts électoraux sont directement liés à la communauté juive sioniste de son pays et dont beaucoup de conseillers adhèrent à la même idéologie ? Peut-on imaginer une rencontre aussi piégée, un rapport de forces aussi disparate, une hypocrisie aussi patente et, face à ce spectacle, une lâcheté aussi manifeste de la part des Nations occidentales ?

« Quand l'État juif, devenu l'État de tous ses citoyens se muera-t-il en société multiculturelle dans laquelle toutes les communautés, juives et non-juives, pourront vivre en harmonie ? » (Amnon Kapeliouk, journaliste à Jérusalem).

21 - DE QUELQUES LOIS, RÈGLEMENTS, COMPORTEMENTS, ARGUMENTS, MÉTHODES, PENSÉES, MOTS...

particulièrement cyniques utilisés par les Sionistes

Ce chapitre pourrait être fort long et les exemples multiples.. Citons un échantillon... :

La loi dite "du retour"
qui donne à tous les juifs du monde (le "juif" étant défini au départ par son hérédité) le droit être reçus en Israël et d'en devenir citoyens (sous le prétexte que leurs ancêtres y auraient résidé il y a deux mille ans) et qui interdit aux non-juifs partis pour faits de guerre en perdant tous leurs biens, d'y revenir.

La "Loi fondamentale" qui stipule qu'il ne peut y avoir en Israël « d'atteintes à la vie, à l'intégrité ou à la dignité de la personne... pas de violations du droit à la propriété... pas de privation ou de restriction à la liberté de la personne par emprisonnement, arrestation ou extradition ».

La "Loi fondamentale" qui veut qu'une terre acquise d'une manière ou d'une autre par le Fonds national juif, soit une terre "juive" qui ne pourra ni être vendue, ni être louée à un non-juif... Dans l'esprit des sionistes, il s'agit même d'une terre "libérée", "rachetée", "sauvée", voire "sanctifiée" après avoir été " impure".

La loi 124 qui donne au Gouverneur militaire la possibilité de suspendre tous les droits des citoyens, y compris le droit de se déplacer.
Si cette autorisation est supprimée, la terre est déclarée "inculte" et le ministère de l'Agriculture peut « prendre possession de terres non cultivées afin d'en assurer la culture ».

La loi qui interdit formellement aux non-juifs d'habiter certaines villes...
Israël Shahak dans "Le racisme de l'État d'Israël" cite notamment : Carmel, Illith, Hatzor, Arad, Mitzphen-Ramen...

Le non respect par Israël des accords qu'il a lui même signés, tels les accords d'Oslo en 1993 ou de Wye River en 1998.

Le terme de "transfert" en lieu et place d'expulsion ou de déportation.

L'expression "pressions physiques" en place de torture.

Le terme "Territoires" au lieu des "Territoires occupés"

La pensée de Ben Gourion (ex-terroriste devenu Premier Ministre d'Israël) relative au "tranfert" des Arabes... :
« une idée humaniste et sioniste importante qui permet de donner des terres nouvelles à la fois aux juifs (venant en Palestine) et aux Arabes (transférés en Jordanie, en Syrie, ou en Irak...)».

Faire porter aux Arabes la responsabilité de leur exode de 1948...
Ne s'agissait-il pas d'une « juste punition » pour leur coupable aveuglement d'avoir refusé le plan de partage de la Palestine ?

Ces paroles d'un ministre religieux du gouvernement israélien devant le spectacle des enfants abattus par balle durant l'Intifada... : « Dieu ne pardonnera pas aux Palestiniens de nous avoir contraints de tuer leurs enfants »
Golda Meir, en son temps, avait déjà dit la même chose à l'adresse des Arabes : « le plus impardonnable c'est de nous obliger à tirer sur vos enfants ».

Les paroles du conseiller juridique du gouvernement israélien, Rubinstein, lors de pourparlers entre la délégation palestinienne et les Israéliens...
Alors que la résolution 194 de l'ONU prévoit le retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres ou une juste réparation de leurs biens abandonnés (biens estimés, notamment en 1949 après la guerre de 1947-1948, par une commission tripartite anglo-franco-turque à 1 124 000 000 livres sterling soit plusieurs centaines de milliards de dollars d'aujourd'hui), le conseiller répond : « Ces sommes n'existent plus. Nous les avons utilisées. C'est à la communauté internationale de créer des fonds pour cette tâche ».

L'accusation portée par Israël sur la délégation palestinienne aux "pourparlers de paix" de l'été 2000, d'être - par sa non acceptation d'un compromis et son intolérance - responsable de l'échec de ses pourparlers...
On sait que la colonisation israélienne de la Palestine n'a jamais cessé de s'étendre chaque jour depuis plus de cinquante ans, que des territoires (Jérusalem-Est, le Golan... ) ont été purement annexés, qu'Israël n'a respecté aucun des accords qu'il a lui-même signés et qu'il a tenu les résolutions des Nations Unies pour nulles et non avenues.

Le prétexte invoqué pour ne pas respecter la quatrième Convention de Genève...
Alors qu'Israël a ratifié en 1951 cette Convention relative au fonctionnement des tribunaux et à la protection des personnes civiles dans les territoires occupés, il considère depuis 1967, contrairement à l'ONU, que cette convention ne s'applique pas à la Cisjordanie et à la bande de Gaza sous le prétexte que ces territoires ne relevaient pas antérieurement d'un État souverain (pour Israël c'est l'Empire ottoman qui fut, jusqu'à 1919, ce dernier État souverain, la Jordanie n'ayant été qu'un occupant de fait). Pour les Israéliens - dans leur perspective constante mais toujours plus ou moins dissimulée du Grand Israël - il ne s'agit donc pas de territoires "occupés" ni même "administrés" (selon le mot préféré des travaillistes), mais de territoires proprement « libérés »! Lorsque quelques lambeaux de ces territoires sont restitués aux Palestiniens il s'agit d'une « offre », d'un « don », d'un « sacrifice » en faveur de la paix consentis par « générosité » à laquelle ne répond qu' « ingratitude ».

Le mot « Jérusalem ».
Cette « capitale réunifiée et éternelle » de l'État juif ne désigne pas comme on le laisse croire la ville que l'armée a occupée en 1967 mais une « métropole » treize fois plus vaste, sa superficie étant passée de 73 à 953 kilomètres carrés.

Le mot « guerre »
Ce terme ne désigne nullement les opérations militaires de l'armée israélienne mais les « hostilités » déclenchées et planifiées par les Palestiniens en inventant un « prétexte »
D'ailleurs les offensives sanglantes de l'armée à l'aide de l'artillerie lourde, des chars, des hélicoptères et des fusées, menées notamment lors de l'Intifada 2000 contre des lanceurs de pierres, ne sont que de nature « défensive ».

La prétention du gouvernement israélien de faire condamner l'antisionisme par l'ONU...
On se rappelle que la résolution 3379 des Nations Unies avait condamné en 1975 le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimation sociale » et que cette condamnation avait été annulée en 1991 avec la complicité des États Unis et à la faveur de l'effondrement du bloc soviétique modifiant la répartition des votes. On sait aussi que cette demande inouïe de condamner l'antisionisme fut tout de même rejetée par l'ONU...

Les paroles de Ben Gourion prononcées à la suite de la proposition de la Grande Bretagne de transférer chez elle des milliers d'enfants allemands à la suite de la Nuit de cristal de 1938 :
« Si je savais qu'il était possible de sauver tous les enfants d'Allemagne en les installant en Angleterre, ou juste la moitié en les installant en Eretz-Israël, je choisirais cette deuxième solution ».

L'exploitation de la Shoah pour obtenir une aide financière de l'Allemagne en « faisant l'amalgame entre ennemis arabes et nazis, en assimilant Nasser, Saddam Hussein et Arafat à Hitler ou en évoquant en permanence la menace d'extermination ».

Les efforts déployés pour inciter les populations arabes israéliennes désemparées après la guerre de 1947-1948, à fêter dès 1949 l'Indépendance israélienne, cette indépendance qui représentait pour elles la Naqba : l'écrasement des forces armées arabes et l'exil d'un grand nombre d'entre eux...
Greilsammer écrit à ce sujet : « La minorité non juive fut vivement encouragée par les autorités à participer.... En l'honneur de la fête le gouvernement militaire levait brièvement les restrictions de circulation et les Arabes pouvaient prendre part aux célébrations... On leur faisait chanter la Hatikva avec une soumission apparemment totale. Une minorité culturelle désorganisée, et qui avait perdu son leadership, devait adopter les symboles qu'au fond elle rejetait » Imagine-t-on les Allemands, à la commémoration de leur victoire écrasante sur la France de 1940, invitant les Français à y participer et à chanter le Deutschland über alles ?

S'attirer les sympathies des paysans arabes israéliens pauvres et peu instruits en leur distribuant largement pendant de nombreuses années des récompenses diverses pour obtenir d'eux qu'ils votent pour le parti au pouvoir...
Entre 1949 et 1965, de 75% à 90% des Arabes ont voté pour un parti sioniste, généralement le MAPAI prédécesseur de l'actuel parti travailliste, ou plutôt pour les listes qui lui étaient inféodées car le MAPAI était interdit aux Arabes !

Admettre démocratiquement des députés arabes à la Knesset tout en leur demandant de prêter serment d'allégeance à l'État d'Israël, de sièger sous le portrait de Théodor Herzl et du drapeau à l'Étoile de David, de voir se développer sous leurs yeux une législation discriminatoire à l'encontre de leur communauté, d'être voués chaque jour à de pénibles compromis.

Faire étudier aux enfants arabes divers aspects du nationalisme juif ("les relations entre le Diaspora juive et la terre d'Israël", "le mouvement sioniste et son développement", "l'immigration juive"...) tout en proscrivant de façon absolue le nationalisme arabe ; leur faire consacrer plus de temps à l'étude de l'hébreu qu'à celle de l'arabe, plus de temps à l'étude de la religion juive qu'à celle de la religion musulmane.

Les propos de Jean Kahn, président du Consistoire central israélite lors de l'Intifada d'octobre 2000:
« Cela fait deux mille ans que les juifs sont des boucs émissaires. Il faut dire la vérité et ne pas oublier qu'Arafat, en fermant les écoles, est le responsable de la mort des enfants ».

La progression à un rythme toujours plus rapide de la colonisation de la Cisjordanie et de Gaza, malgré toutes les allégations et les dissimulations des gouvernements israéliens...
Entre le second trimestre 1999 et le second trimestre 2000, cette progression a été de 51% !

Considérer que les expulsions des Arabes de Palestine depuis 50 ans ont été compensées par les expulsions des juifs des pays arabes après la guerre de 1948...
Si ces dernière expulsions entreprises comme des représailles sont éminemment regrettables, il faut bien voir néanmoins que ce type d'exaction comporte des degrés. Les juifs n'ont pas été expulsés parce qu'ils étaient juifs mais sionistes (ennemis avoués ou potentiels), qu'ils n'ont pas perdu la vie (sauf exceptions), que leurs biens perdus ont été largement compensés en Israël et qu'ils y ont été ils reçus à bras ouverts en tant que colons. On peut ajouter, en ce qui concerne la communauté syrienne, que son départ fut même xigé par le Congrès juif mondial et le gouvernement américain, les autorités syriennes se contentant d'accepter ce départ.

Se proclamer une démocratie et institutionaliser une citoyenneté de seconde zone

22 - DES RESPONSABILITÉS MULTIPLES

- Responsabilités des représentants des nations à l'ONU et particulièrement des Occidentaux

Responsabilités des représentants des nations à l'ONU et particulièrement des Occidentaux
- qui n'ont pas accueilli chez eux, la guerre terminée, les juifs européens rescapés du génocide nazi (à signaler en particulier la formidable hypocrisie des Américains qui se firent en 1947 les promoteurs du sionisme en Palestine en affichant un objectif moral, la sécurité des juifs, alors que les deux critères qui les ont guidés ont été essentiellement le poids financier et électoral de la communauté juive des États-Unis et la volonté de ne pas ouvrir leurs frontières aux réfugiés juifs d'Europe de l'Est pauvres pour la plupart et malheureux),
- qui ont permis au sionisme de se développer sur le terrain et qui ont créé arbitrairement un nouvel État au mépris de tout un peuple tenu pour quantité négligeable, voué à l'exil ou à l'occupation,
- d'avoir agi, par ignorance de la nature du sionisme, par faiblesse face à sa propagande et, pour quelques uns d'entre eux, par intérêt électoral,
- qui ont supporté, sans réagir vraiment, la torture institutionalisée ayant parfois entraîné la mort, les prises d'otages pour servir de monnaie d'échange, le nettoyage ethnique, les représailles sur des civils, l'utilisation d'armes à feu pour réprimer de simples émeutes, les arrestations arbitraires... toutes exactions pourtant dénoncées à de multiples reprises par l'ONU, Amnesty international et le Comité international de la Croix-Rouge,
- qui se sont contentés de menaces verbales face à la politique d'expansion d'Israël qui étend progressivement son hégémonie par ses conquêtres coloniales,
- qui ont "supporté" depuis plus de 50 ans des millions de réfugiés palestiniens "interdits de retour" et qui ont préféré dépenser des sommes gigantesques pour les entretenir dans des camps, sans imposer à Israël ni leur retour, ni une juste indemnisation selon les conditions posées par l'ONU,
- qui n'ont pas reconnu l'injustice originelle dont l'ONU s'est rendue coupable envers tout un peuple.

Responsabilités de nombreux politiques occidentaux et notamment européens

- qui sont tributaires de leurs intérêts électoraux au mépris de la justice et de la simple humanité en flattant volontiers les communautés juives acquises à la cause sioniste,
- qui acceptent sans protester que les rencontres entre Arafat et les Israéliens se fassent sous la houlette des États-Unis alliés inconditionnels d'Israël, qui le soutiennent ouvertement dans tous les domaines, notamment dans le domaine militaire ;
- qui, par le statut particulier qu'ils accordent à Israël, avec l'indulgence qui en découle; sont responsables d'antisémitisme réactionnel ;
- qui ne prévoient nullement l'arrestation des responsables israéliens venant dans leur pays, alors que la Cour Pénale Internationale a assimilé en 1998 « la colonisation de territoires par une puissance occupante à un crime de guerre » (jugement approuvé par 121 pays dont la France).

Responsabilités particulières du gouvernement français

- qui a permis aux jeunes juifs français d'aller faire leur service national en Israël (où ils vont "casser" du Palestinien comme certains reportages en font foi)
- qui a commémoré en grande pompe, en 1998, l'anniversaire de la création de l'État d'Israël (alors que bien d'autres anniversaires d'indépendance, notamment celui de l'Inde par exemple en 1997, ou de nos ex-colonies, ne le furent pas....). Cette commémoration eut lieu de surplus sur le parvis du Trocadéro qui évoque les droits de l'homme (alors qu'Israël nie les droits fondamentaux du peuple palestinien reconnus par l'ONU depuis 1947).

Responsabilités de nombreux rabbins et dirigeants d'organisations juives de France

- qui sont d'une indulgence coupable envers les fautes de leurs coreligionnaires d'Israël, alors qu'ils sont si acharnés à traquer chaque mot suspect en Occident et si prompts à exiger la repentance des chrétiens pour leurs fautes vis-à-vis des juifs.
- qui en appelant « tous les Juifs » de France à faire bloc derrière Israël et ses dirigeants, notamment lors de l'Intifada 2000, en cherchant à identifier tous les juifs à l'État juif et à sa politique, en s'attribuant le monopole de la judéité avec son contenu religieux et culturel, font un vol manifeste de la mémoire, un grossier détournement d'héritage.

Responsabilités de nombre d'hommes politiques, intellectuels, journalistes et religieux chrétiens

- qui, jusqu'à une période récente (schématiquement les accords d'Oslo en 1993), ne "connaissaient" ni la Palestine, ni les Palestiens, mais Israël
- qui sont étrangement « absents » du conflit israélo-palestinien... « Où êtes-vous donc, "génération morale", bruyants partisans du droit d'ingérence, donneurs de leçons en tout genre ? » (Danièle Sallenave)

23 - en VRAC et en GUISE DE CONCLUSION :

REMARQUES, SENTENCES, HUMEURS et PROPHÉTIES "FACILES"

Le caractère néfaste du sionisme réside essentiellement dans le fait qu'il a retenu et exalté en priorité deux éléments potentiellement pervers : le mythe de "la Terre promise" à un « Peuple élu » au nom de son « Alliance » avec Yahveh et l'élément racial concernant la transmission héréditaire de la qualité de « juif »... Il en résulte que l'idéologie sioniste ne peut pas ne pas être, par essence, nationaliste et dominatrice.

Un "État juif pour les juifs" tel que l'avaient rêvé les sionistes, et tel que l'avaient accepté les Nations Unies, est une monstreuse aberration à classer parmi les grandes utopies de l'Histoire.

Les trois grandes religions monothéistes - parce qu'elles s'appuient sur des mythes, événements imaginaires générant des textes sacrés aux interprétations des plus variées voire opposées - ont inspiré, au cours de l'Histoire, le meilleur et le pire, la paix et la guerre, la justice et l'injustice, la tolérance et l'intolérance, l'exaltation du fort et celle du faible... De même que les promoteurs catholiques de l'Inquisition, des croisades, des guerres contre les Protestants, des pogroms contre les Juifs ont trouvé dans l'Évangile des textes justifiant parfaitement leur action, les promoteurs du sionisme ont trouvé dans la Torah et autres textes du judaïsme, notamment dans ceux qui représentent la tradition mystique, des idées portant au particularisme, au communautarisme, au nationalisme et à la xénophobie. Ils les ont adoptées délibérément en négligeant toutes celles d'inspiration universaliste qui ont tant modelé la pensée juive et occidentale.

Si les intérêts financiers ou électoraux de certains représentants des Nations-Unies ont joué un rôle primordial dans le vote à l'arraché de 1947 créant l'État d'Israël, et si ces intérêts interviennent toujours depuis et expliquent grandement la tolérance de ces Nations vis-à-vis des exactions d'Israël, deux autres éléments n'ont cessé de jouer un rôle primordial : la méconnaissance du potentiel raciste de l'idéologie sioniste, la déformation de l'opinion publique par une information à sens unique.

Par l'ardeur et le courage, les sionistes, dans leur utopie, ont entrepris depuis un siècle en terre de Palestine un édifice exceptionnel : Israël..., qui peut, de prime abord, être regardé et admiré sous bien des aspects.
Mais cet édifice est également exceptionnel par les contradictions de ses bâtisseurs...Une expérience de ce genre, inspirée par une idéologie messianique comparable, l'Histoire en a connu une au siècle dernier avec l'URSS. C'est dire que la Mythologie (juive) qui a inventé la Tour de Babel - avait nettement précédé l'Histoire !
Israël...: un piège redoutable, une impasse dramatique pour le judaïsme !

Le Sionisme aura permis entre autres méfaits :
- l'extension accélérée du racisme anti-arabe chez les juifs ;
- l'apparition du racisme anti-juif chez les Arabes et son aggravation en Occident ;
- l'"exclusion" d'ue catégorie d'hommes au nom de l'"élection", par un dieu de la mythologie antique, d'une autre catégorie ;
- l'émergence de la Violence, au sein du judaïsme qui, jusque là, en était pratiquement indemne ;
- l'abandon par le judaïsme de sa vocation spirituelle universaliste pour une entreprise territoriale étroitement nationaliste ;
- la transformation de frères et de fils de persécutés en persécuteurs ;
- l'irruption en Israël de pogromes dirigés non plus contre des juifs (suivant le définition classique des dictionnaires) mais contre des non-juifs ;
L'idéologie sioniste a réussi de plus deux "performances" non inédites mais néanmoins spécifiques par leurs méthodes et leur efficacité : le colonialisme et l'apartheid israéliens.
Enfin, "performance des performances" : sa réussite de 1947 et son épanouissement sur le terrain avec l'aval de l'ONU.

La possession de "la Terre promise" par les sionistes, n'est pas sans rappeler, par le nationalisme et le racisme qui l'inspirent, celle de "l'Espace vital" par les nazis.

Les antagonismes existant actuellement dans le monde (tels l'antagonisme catholiques-protestants en Irlande, orthodoxes-musulmans au Kosovo, Russes et Thetchènes en ex-URSS, Coréens du Nord et du Sud, Chinois du Continent ou de Taïwan... ), à l'instar de ceux que nous avons connus dans le passé : Français-Allemands, Français-Algériens, catholiques-protestants en France, Blancs et Noirs aux États-Unis ou en Afrique du Sud..., seront un jour dépassés et suivis d'une réconciliation. Ces antagonismes ne reposent - ou ne reposaient - que sur des motifs d'ordre "historique" qu'une nouvelle Histoire se charge d'abolir. Le conflit entre juifs et non-juifs en Palestine/Israël est d'une tout autre nature. Le motif de leur antagonisme, le sionisme, sur lequel est fondé Israël constitue un vice irrémédiable près duquel naissance illégitime ou crimes ne sont rien.

Le doute qui assaille nombre d'intellectuels iraéliens, quant à la signification et le devenir d'Israël, augmentent manifestement avec le temps. Comment pourrait-il en être autrement !

Parmi tous les pays du monde, c'est manifestement en Israël que l'association : nationalisme, intégrisme, racisme s'applique à une fraction notable de la population.

Les blockhaus, les barbelés, les miradors, les barrières de contrôle... sont un spectacle quotidien pour les Palestiniens des territoires occupés. Ils ne sont pas sans rappeler aux Français d'un certain âge qu'eux aussi ont eu droit à un spectacle voisin mis au point par une communauté mue par la « volonté de puissance » et l'esprit de domination.

Les entraves à la circulation des personnes, les multiples contrôles d'identité, les fouilles, les mises en détention, les couvre-feux, le morcellement et le grignotage des territoires peuplés de non-juifs, le démantèlement d'une société dans tous les domaines : économique, culturel, politique, sanitaire... la fragmentation des familles font de l'occupation israélienne une occupation sans doute moins sommairement et brutalement criminelle que l'occupation de la France par les nazis, mais à coup sûr plus réfléchie et plus efficace.

En Afrique du Sud il y avait, pour les hommes indésirables, des "bantoustans" attribués par les maîtres d'alors ; en Amérique du Nord il s'agisssait de "réserves" bien délimitées ; en Palestine il y a des "territoires" méthodiquement et savamment lacérés, comprimés et asphyxiés.

Tous les peuples, à l'instar des individus, sont porteurs de quelque tare héréditaire les incitant à développer des sentiments de supériorité - dans un domaine ou un autre - d'où leurs multiples entreprises de domination à l'égard des autres peuples. Les juifs, en s'attribuant par héritage à la fois la découverte du "vrai dieu" (pour les croyants, l'invention suprême près de laquelle les autres inventions ne feront jamais que pâle figure) et la parole de ce Dieu leur donnant en toute propriété un territoire déterminé de la planète-terre, ont trouvé là leur propre raison de domination, d'autant plus que cet héritage s'est vu conforté et légitimé par les chrétiens... L'déologie sioniste est fondée sur cette tare héréditaire.

Un peuple palestinien qui, en 1947, n'existait pas en tant que "peuple" différencié parmi les Arabes est né des violences de la colonisation israélienne comme est né un peuple algérien sous la colonisation française... Sur fond de domination sioniste, la guerre de 1973, l'Intifada et toutes les répressions où l'armée israélienne massacre de jeunes Palestiniens auront été des moments particulièrement révélateurs de la naissance et de la prise de conscience de ce peuple, désormais tendon d'Achille d'Israël.

Il est stupéfiant et déslant de voir des juifs occidentaux, notamment nombre de rabbins et de responsables d'organisations juives, qui dénoncent (non toujours sans raison mais avec une application peu commune) l'antisémitisme dans les populations européennes, ne pas apercevoir le racisme antiarabe sévissant en Israël et dont ils se font les complices par leur inconditionnalité.

Plus le temps passe, plus l'augmentation du décalage entre juifs et non-juifs dans l'ex-Palestine se manifeste avec ses haines inexpiables ou ses jalousies croissantes et plus apparaît énorme l'erreur de l'ONU d'avoir permis la transplantation des juifs sionistes, essentiellement tributaires de la culture occidentale, dans cette partie orientale du monde.

Parce que le sionisme repose sur une discrimination fondamentale entre les Juifs et les Arabes et, d'une manière générale, entre les juifs et les non-juifs, Israël ne sera jamais l'État de ses citoyens : les non juifs y seront toujours des étrangers, des goyim.

Contrairement à la colonisation française qui - à l'instar des autres colonisations menées par les pays occidentaux - avait, à côté de motifs intéresés, quelques "bonnes" raisons de transmettre des éléments positifs, la colonisation israélienne revêt une malignité foncière : celle de s'approprier une terre, de prendre la place d'une population par tous les moyens possibles, notamment par la guerre - et ce pour un motif d'ordre religieux : le mythe de la "Terre promise".

L'Histoire de l'État d'Israël telle qu'elle a été écrite jusqu'à une date récente par les Israéliens (et telle qu'elle est connue de la plupart des individus dans le monde entier) l'a été plus par un nationalisme aveugle que par un souci de vérité. Il est clair que l'opinion publique en Occident n'a pas encore su distinguer clairement en Palestine les oppresseurs et les opprimés, les occupants et les occupés et n'a pas pris la juste mesure de l'idéologie sioniste.

Quand on voit le fanatisme et le nationalisme qui règnent en Israël dans certains partis ou mouvements, comment être surpris que les historiens israéliens actuels qui démystifient cette Histoire avec beaucoup de courage et de désintéressement, soient traités dans leur pays de « traîtres » à la patrie, de "révisionnistes", voire de nazis !

Parler des "multiples exemples de discrimination en Israël" est dérisoire. La discrimination entre les juifs et les non-juifs n'est ni "fréquente", ni "importante" : elle est une donnée constitutive de cet État d'inspiration sioniste, au coeur même de cet État qui, autrement, ne serait pas.

Il est surprenant et effarant de voir que le sionisme qui s'est donné pour vocation première et légitime de protéger les juifs, est lié fondamentalement aux notions de « nationalité » et de « race » alors que les juifs ont été persécutés, et pour leur nationalité (notamment en Union soviétique où leur carte d'identité portait la mention » juive »), et pour leur race (notamment en Allemagne et dans la France de Vichy) où l'hérédité et non la croyance déterminait le « juif »).

Si les généreuses idées universalistes (contenues notamment dans certains écrits du judaïsme et du christianisme) ont pu, déviées ou poussées à l'extrême, devenir folles et engendrer le système communiste, les idées nationalistes, quant à elles, sont d'emblée perverses : elles s'épanouissent presque immédiatement, ici dans le nazisme, ailleurs dans les fascismes, en Israël dans le sionisme... Elles ont un point commun : la violence institutionnelle.

Comme l'ont montré nombre d'expériences historiques, « ghettoïser » un territoire de quelques kilomètres carrés est une entreprise difficile mais humainement réalisable... « Ghettoïser » un territoire de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés est par contre une utopie typiquement messianique assez voisine à ce titre de l'utopie communiste. Comment n'aurait-elle pas le même destin !

Toutes les armées du monde ont pratiqué la torture... mais peu d'Autorités d'État l'ont institutionnalisée. On peut néanmoins citer le Pape Innocent IV au XIIIème siècle, Israël au XXème.

Le sionisme est sans doute l'unique exemple d'un mouvement d'inspiration initialement pacifique se transformant progressivement, par sa logique interne, en un mouvement de plus en plus agressif pour aboutir au pays le plus militariste et le plus militarisé du monde.

Si la Shoah désigne une « catastrophe » subie par les juifs pendant une dizaine d'années, massacre spécifique dans l'histoire de l'humanité par ses motivations, son ampleur et ses méthodes, il n'en reste pas moins que la Naqba est aussi une « catastrophe » pour les Arabes, plus banale certes que la précédente, mais qui perdure depuis plus de cinquante ans et dont la fin n'est pas prévisible.

La Shoah que les sionistes ont "exploitée" habilement, voire sans pudeur, pour promouvoir leur entreprise territoriale - en donnant mauvaise conscience aux Européens, et notamment aux Allemands - ne justifiera jamais, comme l'a exprimé le philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, les souffrances que les sionistes ont imposées aux Arabes.

Alors que ce sont des juifs parmi les plus religieux qui se sont opposés à l'idéologie sioniste dès sa naissance et pendant la première moité du XXe siècle au nom de la vocation spirituelle universelle du judaïsme, ce sont ensuite les juifs religieux, d'Israël et d'ailleurs, qui sont les plus acharnés à soutenir cette idéologie avec sa dimension territoriale, nationaliste et raciste et qui développent les haines les plus farouches, et vis-à-vis des juifs non-religieux, et vis-à-vis des non-juifs. Il n'y a pas lieu d'en être surpris... On sait que les écrits religieux, qui reposent sur des mythes, valent moins par leur contenu que par les interprétations qui en sont faites. D'autre part, le sionisme comporte un intégrisme, très analogue dans sa démarche à l'intégrisme catholique ou islamiste. Comme eux, il ne retient qu'une partie de la tradition spirituelle dont il émane.

Si l'Inquisition et le Sionisme, générés respectivement par le christianisme et le judaïsme, ont en commun une grande malignité, bien des éléments les séparent. Alors que l'Inquisition est une guerre civile entre les chrétiens, le sionisme est une guerre étrangère contre les non-juifs. Par ailleurs, l'Inquisition a été inventée et menée pendant trois siècles par les religieux, tandis que le Sionisme a été créé et promu par des athées malgré l'opposition des religieux, avant que les successeurs de ces derniers en deviennent les plus ardents défenseurs.

La tactique "représailles-dissuasion" (largement appliquée par l'armée israélienne) est assez banale... Qu'elle soit décidée de sang-froid par le gouvernement d'un Etat membre de l'ONU et où siègent de nombreux religieux, l'est moins !

Tant que subsistera l'idéologie sioniste selon laquelle le judaïsme est considéré comme un fait national et non pas, à l'instar du christianisme, de l'islam, du bouddhisme... comme un système religieux ayant seulement une vocation culturelle et spirituelle, il est vain d'espérer la paix dans l'ex-Palestine !

C'est au moment où Israël, cette suprême réalisation du sionisme, apparaît invincible par sa force intellectuelle, technologique et militaire, que sa disparition apparaît inéluctable à une élite intellectuelle et libérale israélienne, élite qui, tant qu'Israël sera Israël, ne sera pas en paix avec elle-même.

Parmi les intégrismes qui sévissent à travers le monde, l'intégrisme juif - parce qu'il repose sur les liens du sang - est le seul qui, typiquement d'essence raciale, prédispose d'emblée au racisme.

Le sionisme peut triompher en Israël pendant de nombreuses dizaines d'années, son échec final est assuré pour deux raisons totalement imprévues initialement : il a échoué dans la prétention insensée, inscrite dans sa constitution, d'être un "État juif pour les juifs" ; il a provoqué la naissance d'une nouvelle identité nationale, d'un nouveau peuple arabisant, le peuple palestinien.

Si l'opposition à Israël est justifiée, ce n'est pas parce que sa naissance est illégitime (il y bien d'autres États dans ce cas) mais parce qu'il est porté par une idéologie où les non-juifs sont, et seront toujours, de par la Loi, des citoyens de seconde zone...

Quelles que soient les forces militaires et policières d'Israël, cette machine de guerre particulièrement sophistiquée, la sécurité des juifs israéliens ne sera jamais assurée. Cette sécurité ne peut découler que de la justice rendue aux non-juifs dans un pays authentiquement démocratique, ce qui exige avant tout la dé-sionisation.

En créant l'État d'Israël les Nations Unies avaient une intention tout à fait louable : la sécurité des juifs victimes d'antisémitisme. Mais, terrible ironie du sort, ce sont les juifs d'Israël qui, depuis plus de cinquante ans, sont les seuls juifs du monde à vivre dans la peur et l'insécurité permanente, à subir la guerre et à attaquer pour se défendre. Quant à l'antisémitisme, en apparaissant dans de nouvelles couches de population, il s'est aggravé par une fatale réaction antisioniste.

Israël reste sans nul doute le dernière survivance du colonialisme conquérant.

La progression démographique et la montée en puissance en Israël du bloc national-religieux, intégriste et "fasciste", représente en définitive le plus grand danger pour les juifs israéliens. Seul un renversement démographique donnant la majorité aux non-juifs, ou aux juifs totalement libres vis-à-vis des fondements religieux de leur culture, est susceptible un jour lointain d'aboutir, avec l'intervention de l'ONU, à la réunification et d'éviter, dans cette région, une nouvelle tragédie.

La plupart des dirigeants israéliens depuis la création d'Israël ont été, soit des anciens terroristes (Ben Gourion, Yitzak Shamir..) soit des chefs de guerre impitoyables (Moshe Dayan, Rabin, Barak, Sharon...) Comment être surpris de la politique qu'ils ont poursuivie en étant au pouvoir !

Israël : une formidable victoire matérielle, une non moins formidable défaite spirituelle pour le judaïsme !

De tous les mythes inventés par les hommes, celui du « Peuple élu » et d'une « Terre promise » est sans doute celui qui aura eu les conséquences les plus désastreuses. Les juifs ont été persécutés pendant deux millénaires en grande partie au nom du « Peuple élu », les non-juifs de Palestine depuis près d'un siècle au nom de la « Terre promise ».

Malgré des origines contestables Israël a droit à l'existence mais la communauté des Nations, d'autant plus qu'elle est responsable de sa naissance, a au moins le devoir d'arrêter ses violences et ses agressions.

Israël est assurément le seul pays au monde ou une catégorie de citoyens, les Arabes, au nombre d'environ un million, est faite d'apatrides, sinon juridiquement mais de fait, sur la terre de leurs ancêtres.

Autant, et peut être plus encore, que les déportations, les spoliations et les crimes dont ils ont été victimes ce sont sans doute les humiliations subies chaque jour par les Arabes - Arabes israéliens comme Arabes des territoires occupés - qui rendent toute réconciliation impossible dans un pays modelé par le sionisme.

Ce n'est pas parce que les sionistes et leur protecteur américain ont obtenu en 1990 - après l'effondrement du bloc soviétique qui modifiait la répartition des votes aux Nations Unies - l'annulation de la résolution 3379 de 1975 de l'Assemblée générale des Nations Unies condamnant le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimination sociale »., que cette sentence a cessé d'être juste !

Israël représentera toujours une greffe hétérogène appliquée sur le territoire de la Palestine... On connaît le devenir inexorable d'une telle opération chirurgicale : d'abord l'antagonisme permanent entre les deux parties et, à terme, la mort du greffon ou la mort simultanée du receveur et du greffon.

L'apartheid qui a régné pendant des siècles aux États-Unis et en Afrique du Sud disparaît progressivement : il n'était porté que par une idéologie sommaire. L'apartheid qu'engendre le sionisme est d'une tout autre malignité : basé à la fois sur des données religieuses et des données raciales (ces dernières découlant elle-mêmes des premières), c'est une donnée constitutive de l'État d'Israël.

La méconnaissance du potentiel raciste de l'idéologie sioniste par la plupart des représentants des Nations Unies, dupés en 1947 par le lobby sioniste avec son habileté dialectique et sa puissance financière, a été l'un des éléments déterminants ayant présidé à la création de l'État d'Israël.

Il n'y a pas lieu d'être surpris des déchirures des Palestiniens entre eux : dans toutes les situations de servitude il en est ainsi.

Les premiers sionistes, pour qui "ne plus être victime" était l'objectif essentiel, n'avaient manifestement pas prévu que leurs descendants en maniant le fusil envers des enfants lanceurs de pierres (avec des balles "réelles" qui tuent ou des balles "en caoutchouc" qui déchiquettent) se comporteraient en bourreaux.

Indépendamment
- du type contestable de légalité qui a présidé à la création de l'État d'Israël,
- de l'ignorance des représentants des Nations Unies quant à l'idéologie sioniste,
- de la faiblesse insigne de ces mêmes représentants face au lobby,
il faut considérer que cette création arbitraire d'un nouvel État par l'ONU (première création qui sera sans doute la dernière) a généré en un demi-siècle quatre guerres, des crimes sans nombre, des malheurs de toutes sortes, a attisé deux intégrismes, deux fanatismes et deux terrorismes opposés, a maintenu les juifs israéliens en insécurité permanente, a entraîné l'expulsion-représaille des 800 000 juifs des pays arabes et réduit une catégorie de personnes à être définitivement des personnes de seconde zone... Devant cette malheureuse expérience et ces tragédies en cascade, qui peut nier aujourd'hui que la création d'Israël ait été une tragique erreur!

Ce n'est pas parce que les colons juifs ont réalisé dans le pays conquis, une mise en valeur sans égale de l'agriculture, du commerce, de l'industrie, des sciences... dont certains Palestiniens d'Israël ont tiré profit, que ce succès justifie a posteriori la légitimité de la création d'Israël. Tous les nationalismes modernes, le nazisme allemand, le fascisme italien, le communisme russe ou chinois, n'ont-ils pas eu à leur actif - toujours au prix du sang - des réalisations "admirables" !

Le nazisme, c'était "la race", notion fort vague au nom de laquelle ont été exterminées massivement les communautés juive et tzigane d'Europe. Le sionisme, c'est "le sang" plus "le sol", plus Yahveh : la notion est bien plus précise et exclusive. Comment ce communautarisme qui, au nom de la race et de par la Loi, sépare en Israël les non-juifs des juifs, qui n'admet que la "juxtaposition" de deux communautés, qui exclut toute "assimilation", toute "intégration" de la communauté minoritaire par la communauté majoritaire, pourrait-il ne pas engendrer un racisme caractérisé ?

Le sionisme est au Judaïsme ce que l'Inquisition, les croisades, les guerres de religion sont au Catholicisme ou ce que l'islamisme est à l'Islam : un rejeton pervers, un malheureux avatar, une plaie vouée à la chronicité, une tare déshonorante que les siècles ne sont pas près d'oublier.

Une guerre civile en Israël par les antagonismes croissants entre les religieux et les laïcs, entre les juifs et les non-juifs, entre les démocrates et les autres, n'est pas une hypothèse d'école !

Que des athées, comme Herzl, Ben Gourion, Golda Meir et tant d'autres, aient pu être des fondateurs, ou des pionniers, d'un sionisme reposant sur le mythe du « Peuple élu » pour une « Terre promise » par un Dieu auxquels ils ne croyaient pas, illustre parfaitement la dimension non religieuse mais culturelle des mythes. Par définition, tous les sionistes adhèrent à ce mythe fondateur.

Le statut économique des Arabes israéliens, bien que supérieur à celui des autres Arabes, n'effacera jamais ni leur statut humiliant d'apatrides et de suspects, ni le régime d'apartheid.

A l'instar des Allemands d'aujourd'hui qui regrettent profondément l'attitude de leurs pères face à l'idéologie nazie, il est hors de doute, comme l'ont prévu bien des juifs depuis un siècle, que les juifs regretteront un jour l'entreprise perverse de leurs aînés.

Israël n'aura jamais la paix tant qu'il ne sera pas un État laïc et démocratique semblable aux autres ne reposant ni sur la religion ni sur les liens du sang, en somme tant qu'il sera l'État « juif», où l'apartheid est une donnée constitutive incontournable...

Israël est incapable de résoudre seul les problèmes concernant l'avenir des juifs et des non-juifs de cette région... Seule une contrainte extérieure venant des Nations Unies, contrainte pacifique par des sanctions diplomatiques et économiques, voire une coercition prolongée jusqu'au succès démocratique éliminant toute donnée théocratique ou raciale, est susceptible de supprimer l'impasse dramatique où se trouve le pays et de déboucher un jour lointain sur un « Ètat de tous ses citoyens » ::une Palestine/Israël laïque et démocratique

Que d'analyses savantes en perspective, quand les Européens d'une future génération s'apercevront que l'aide financière, diplomatique, technologique, guerrière apportée par leurs pères à Israël relevait d'une gigantesque méprise, d'une erreur de jugement analogue à celle qu'ont commise tant d'individus instruits - en Allemagne quant au nazisme et dans le monde entier quant au communisme !

Israël, avec son armement nucléaire et ses missiles antimissiles (développés grâce notamment à l'Aipacc, le redoutable lobby américano-israélien pour les Affaires publiques), avec le nationalisme dont il est porteur, constitue manifestement une menace pour la paix mondiale. Alouph Hareven, ancien responsable des renseignements militaires israéliens, dans une tribune du Maariv ne déclarait-il pas le 18 août 1998 : « la question n'est pas la probabilité de la guerre, mais dans quelles conditions elle éclatera et quelles seront ses retombées ».

Le sionisme, ainsi que depuis sa naissance l'ont pensé et le pensent toujours de nombreux juifs, va à l'encontre de la vocation essentiellement spirituelle du judaïsme. En lui faisant perdre son âme par une entreprise territoriale et les violences qui l'accompagnent, il lui prépare inexorablement de nouveaux malheurs.

Deux raisons expliquent essentiellement le silence habituel des chrétiens face au sionisme et à ses entreprises d'oppression : leur participation au mythe de « la Terre promise » et du « Peuple élu » ayant passé une « Alliance » avec Dieu, mythe qu'ils ont adopté et intégré comme une donnée fondamentale de leur doctrine ; leur part de responsabilité dans le génocide hitlérien.

Les réalisations spectaculaires d'Israël depuis sa création, notamment ses exploits qui ont fait réellement "fructifier le désert", resteront à n'en pas douter dans l'Histoire mais, à l'instar de celles de bien des civilisations passées, elles auront utilisé, à partir d'une certaine période, des hommes de seconde zone, des manoeuvres, des domestiques, de "nouveaux" esclaves.

Si le terme hébreux de "Shoah" (qui se traduit par "catastrophe") appliqué au génocide dont la communauté juive a été massivement victime est tout à fait adéquat, il n'en est pas de même pour celui d'"Holocauste". En incluant une notion religieuse et plus précisément sacrificielle - alors qu'il n'y a eu ni volonté de se sacrifier de la part des juifs, ni volonté d'offrir un sacrifice à Dieu de la part des nazis - en attribuant aux victimes un destin spécifiquement divin, en sacralisant un fait historique pour lui donner une dimension transhistorique, en voulant y voir "une révélation à l'envers" (selon l'expression d'Ernst Nolte de l'Université hébraïque de Jérusalem)... ce mot "Holocauste" totalement inapproprié mais qui vient rajouter quelque chose à la Shoah, qui veut monopoliser à jamais l'Horreur subie par les Juifs en éclipsant toutes les horreurs du passé et du futur subies par les autres, ne peut que paraître abusif et insupportable à beaucoup. Si son utilisation (hélas devenue courante) n'est déjà pas anodine en soi que dire lorsqu'elle est le fait d'un grand rabbin français, pour justifier Israël et sa politique d'oppression !
(À noter que le terme d'"holocauste" semble, hors d'un contexte religieux, avoir été utilisé pour la première fois par Churchill pour qualifier le massacre des Arméniens par les Turcs en 1915. Bien entendu le mot ne comportait pas de majuscule).

Suivant une interprétation très courante dans le judaïsme - interprétation qui relève manifestement de la pensée magique - les malheurs des juifs représentent la rédemption de leurs propres péchés et les responsables des malheurs en question, un simple instrument dans les mains de Dieu. C'est ainsi que le rabbin Ovadia Yossef, une des personnalités religieuses actuellement les plus influentes d'Israël, guide spirituel du puissant parti religieux Shass, n'hésite pas à considérer la Shoah comme la conséquence de l'idolâtrie de ses ancêtres juifs !!... Si la honte pour les crimes d'Israël perpétrés quotidiennement contre les Arabes hante déjà bien des juifs, ne doutons pas, qu'un jour, quelques nouveaux malheurs soient considérés par certains d'entre eux comme la rédemption du péché d'idolâtrie spécifique des sionistes : la terre nouvelle idole...

Les Arabes (sauf la petite minorité de Druzes, de chrétiens et de bédouins) n'ont pas le droit de servir dans l'armée d'Israël. Ce non-droit et cette discrimination basés sur la déloyauté potentielle des Arabes a au moins quelque intérêt pour eux ! Mais, comment un non-juif israélien bien né, mais forcément dépourvu de vraie patrie, pourrait-il être loyal à Israël !

L'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme est volontiers, pour les gens bornés ou malhonnêtes, une arme de prédilection, voire une tactique d'intimidation. Elle apparaîtra toujours lamentable et dérisoire à ceux qui savent notamment que, parmi les juifs, les antisionistes résolus étaient largement majoritaires avant la création de l'État d'Israël, qu'ils sont nombreux dans l'Israël d'aujourd'hui, et ceci par référence à leur doctrine religieuse. C'est dire aussi que le judaïsme possède les armes spirituelles pour se ressaisir comme le catholicisme les a eues pour sortir de l'Inquisition, pour abandonner "ses" terres de Palestine et de Rome et pour se repentir de son antisémitisme ancestral...

La minutie et le souci du détail dont font preuve les dirigeants et responsables sionistes dans leurs entreprises les plus détestables (expulsions, expropriations, destructions, fragmentation des territoires occupés, "bouclages", indictions de séjour, effacement des lieux de mémoire..) et la fidélité aveugle d'une foule d'exécutants, ne sont pas sans rappeler, en plus sophistiqué, "l'organisation" exemplaire des nazis.

Au XVIIIe siècle le comportement des Blancs en Amérique du Nord vis-à-vis des populations indésirables était à la fois brutal, "primitif" et sommaire ; deux siècles plus tard, celui des Israéliens envers les Palestiniens est devenue plus habile, plus savant et plus cynique. Les Blancs n'avaient que de pauvres fusils, les Israéliens ont le "verbe" ...

Quels que soient les ressentiments qu'un démocrate peut nourrir envers l'idéologie sioniste issue du judaïsme et sa réalisation israélienne, ils ne justifieront jamais le racisme antijuif (l'antisémitisme). L'opposition déterminée envers un détestable rejeton du judaïsme et envers ses hérauts, si nombreux soient-ils à notre époque, doit savoir raison garder...

À propos des Arabes contribuant par leur travail à élever les bâtiments des colonies israéliennes, voire les blockhaus dans les territoires occupés d'où les Israéliens tirent sur les jeunes palestiniens, comment ne pas penser aux Français contraints, eux aussi pour subsister, à travailler pour les nazis dans les usines d'armement ou à élever le Mur de l'Atlantique ?

Le sionisme, à l'instar du nazisme, aura cultivé une "civilisation du mépris"... Eytan (ex-chef d'état-major) n'a-t-il pas comparé les Palestiniens à des "cafards", Menahem Begin (ex-Premier ministre) à des "bêtes féroces", le grand rabbin Yossef (responsable du puissant parti religieux Shass) à des "serpents", Ehoud Barak (Premier Ministre) à des "crocodiles" ! Quant aux sentiments que nourissent les juifs orthodoxes vis-à-vis des juifs non religieux accusés de détruire Israël et volontiers traités de nazis, il ne s'agit plus seulement de mépris mais de haine, comme il sied entre frères ennemis.

Soutenir la juste cause des Palestiniens victimes depuis plus de cinquante ans de l'idéologie sioniste ne doit pas amener à fermer les yeux sur l'intégrisme musulman, sur le terrorisme qui trouve forcément un terrain d'élection en Israël et dans les territoires occupés, non plus que sur les méthodes arbitraires et répressives de l'Autorité palestinienne (dénoncées à de nombreuses reprises par les organisations palestiniennes des droits de l'homme : al-Haq et la Commission pour les droits civiques). Si la désionisation est la condition primordiale d'une paix lointaine dans une Palestine laïque et démocratique, la non-islamisation est également nécessaire

La "gauche" israélienne a contribué autant, sinon plus, que la "droite" à la colonisation forcée de la Palestine par les juifs. La droite a le monopole de la provocation (Ariel Sharon n'est-il pas installé en plein c¦ur du quartier musulman ?), la gauche, celui de l'hypocrisie.

Le sionisme a sa spécificité comme le communisme ou le nazisme ont eu la leur. C'est dire qu'il ne peut pas engendrer le même type d'exactions mais qu'il peut en engendrer d'autres susceptibles de se révéler aussi terribles pour l'humanité.

Si la création d'un État palestinien voisin de l'État d'Israël doit être revendiquée et obtenue en priorité, penser - comme le font nombre d'écrivains, de philosophes, de journalistes, de politiques, voire certains Palestiniens - que "le processus de paix" sera achevé si cet État voit le jour, relève d'un optimisme naïf. Ces personnes n'ont manifestement ni assimilé les sources, ni le sens du conflit. Ce conflit ne peut s'éteindre qu'avec la neutralisation de l'idéologie qui le sous-tend.

Disserter chaque jour sur le conflit israélo-palestinien sans jamais évoquer le sionisme, comme le font certains commentateurs, relève parfois d'une tactique habile pour servir cette cause. La plus souvent, il s'agit d'une carence aveugle analogue à celle qui ferait disserter à perte de vue sur le Goulag en ignorant le communisme ou sur Auschwitz en occultant le nazisme.

Il est volontiers fait un parallélisme entre les "fautes" des Israéliens et les "fautes" des Palestiniens", entre les responsabilités des premiers et celles des seconds, les deux parties étant renvoyées dos-à-dos. C'est ignorer, ou feindre d'ignorer, qu'il y des colons et des colonisés, des "occupants" et des "occupés", des oppresseurs et des opprimés, des forts et des faibles, des bourreaux et des victimes, des citoyens israéliens de première zone et d'autres de seconde zone, toutes oppositions sous-tendues par une idéologie implacable.

L'expression d'"État juif" suscitée par l'idéologie sioniste, entérinée par les Nations Unies en 1947, développée en Israël avec l'appui d'une partie notable des communautés juives occidentales, répétée machinalement par "tout le monde", lie obligatoirement le judaïsme à une entreprise dès maintenant désastreuse. Comme ce fut le cas du christianisme après quelques uns de ses errements, le judaïsme ressortira obligatoirement sali, et de façon durable, de ce genre d'"expérience". Comme le font remarquer certains juifs d'esprit libre, c'est l'expression "Etat sioniste" qui peut préserver l'honneur présent et futur du judaïsme.

À la fin de l'année 2000, des actes abominables ont été donnés en spectacle : la mort par lynchage de deux soldats israéliens par une foule palestinienne ivre de haine, la mort d'un enfant palestinien tué délibérément dans les bras de son père par un soldat israélien, la mort de plus de trois cents jeunes Palestiniens et des milliers de blessés par balles, le pogrom anti-arabe perpétré à Nazareth contre des manifestants arabes citoyens d'Israël et non armés... Il faut bien voir, par delà les manipulations dont les jeunes Palestiniens peuvent être l'objet, que cet enchaînement infernal n'est que le fruit logique, direct ou indirect, de l'idéologie sioniste.

Si le nazisme n'était porté que par une petite clique pensante de théoriciens allemands suivis par des exécutants également allemands dont un grand nombre étaient sommairement brutaux, le sionisme, quant à lui, est porté par une multitude de groupes appartenant à de nombreux pays mobilisant à la fois une énergie intellectuelle incomparable, une opiniâtreté impressionnante et une puissance financière considérable : sa forme de malignité est, de ce fait, autrement plus complexe que celle du nazisme, plus complexes aussi les armes pour le neutraliser.

Les nazis ont trouvé en certains Français (ou autres nationaux des pays occupés) des collaborateurs qu'ils ont jugé dignes, au-delà des différences natives, d'être totalement intégrés dans leurs rangs et d'être "élevés" à leur niveau.. ; les sionistes, quant à eux, ont des collaborateurs arabes qui malgré tout leur dévouement ne seront jamais dignes de devenir Israéliens à part entière : ils ne sont pas juifs.

Ce qu'aucune colonisation n'avait jamais réalisé, la "folie" sioniste, avec la complicité des Nations Unies, l'a fait en 1947 : transformer, d'un coup magistral, des centaines de milliers d'habitants de Palestine en étrangers définitifs dans leur propre pays.
Les colonisateurs des siècles passés considéraient et les indigènes et le sol conquis comme des richesses nouvelles à exploiter, pour les sionistes, colonisateurs d'un genre nouveau, la seule richesse est le sol, les indigènes sont "en trop".

Si la Shoah tient une grande place dans les medias occidentaux, il convient de ne pas être dupes quant aux raisons sous-jacentes au phénomène. À côté de celles qui relèvent du devoir élémentaire de mémoire, il y a celles de la "Shoah business":
- brandir la menace d'un retour du nazisme - alors que l'Histoire ne se répète pas
- disserter sans cesse sur la passé (où des juifs furent victimes ) pour occulter le présent (où des juifs se font persécuteurs)
- obtenir toujours plus d'aide pour l'entreprise sioniste

La revendication d'un État par les Palestiniens, le militantisme des Israéliens libéraux (tels que ceux de La paix maintenant) en faveur de cet État représente une tactique... Cette tactique est tentante - l'État palestinien est prévu par l'ONU depuis 1947 - mais, en occultant la seule stratégie susceptible d'apporter un jour la paix, à savoir l'union des démocrates antisionistes de Palestine/Israël et d'ailleurs, son intérêt est fort contestable. Son résultat tangible - au prix de quels nouveaux malheurs - ne peut être que de démontrer expérimentalement qu'un État palestinien à côté d'un État juif n'apporte nullement la paix...

Trois dates-catastrophes pour l'humanité sont destinées à émerger du XXe siècle :
1917 : la Révolution russe et le triomphe du communisme,
1933 : l'avénement de Hitler et le triomphe du nazisme,
1947 : la création de l'État d'Israël par l'ONU et le triomphe du sionisme.

Au Proche-Orient, où sévit l'idéologie sioniste, la paix ne peut être, ni le fruit d'un processus démocratique et pacifique au sein de l'État d'Israël, ni le résultat d'un "traité de paix" entre les dirigeants des deux parties comme cela est habituel entre ennemis "ordinaires". Ici, la paix ne peut résulter que d'un affrontement :
- si les Nations Unies, et notamment les Nations occidentales, reconnaissent leurs erreurs, reviennent sur leur aveuglement et leur faiblesse traditionnels et usent à l'égard d'Israël des moyens de coercition dont ils disposent, cet affrontement peut, certes, être long mais il sera limité dans l'espace et relativement pacifique,
- si tel n'est pas le cas, le conflit se terminera obligatoirement par un drame qui, compte tenu des moyens modernes de destruction, risque d'être pour l'humanité plus terrible encore que celui provoqué par le nazisme.

BIBLIOGRAPHIE

Les informations ou les citations rapportées sont tirées

- des articles des revues et journaux suivants :

Monde diplomatique
« Dossiers et documents » du Monde
Le Figaro
Nouvel Observateur
Libération
Publications d'Amnesty international - "Israël et territoires occupés"
Revue d'Études Palestiniennes :
- Le transfert des Palestiniens, une obsession centenaire. Textes et déclarations des principaux responsables juifs 1891 à 1961 - traduits et présentés par Ilan Halevi - N° 18
- L'histoire véridique de la conquête de la Palestine - Walid Khalidi
Revue de l'Association Médicale Franco-Palestinienne
Revue "Une terre deux peuples " de l'Association pour l'union entre les peuples juif et palestinien.

- des ouvrages suivants :

Ascot Roger, Le sionisme trahi ou les Israéliens du dimanche, Balland, 1991.
Barthélémy André, Israéliens et Palestiniens. Du dialogue à la paix. Chronique sociale ,Lyon, 1992.
Dieckhoff Alain, Israéliens et Palestiniens. L'épreuve de la paix, Aubier, 1996.
Garaudy Roger, Le procès du sionisme israélien, Éditions Vent du Large, 1998 - Les mythes fondateurs de la politique israélienne, Samiszdat 1996.
Greilsammer Ilan, La nouvelle histoire d'Israël , Gallimard, 1998.
Halevi Ilan, Israël : Les mythes fondateurs à l'épreuve du temps, Revue de l'Association médicale franco-palestinienne, mai-juin 1998.
Igounet Valérie, L'histoire du négationisme en France, Seul 2000.
Kriegel Annie, Israël est-il coupable ?, Robert Laffont, 1982.
Leibovitz Yechayahou, La mauvaise conscience d'Israël - entretiens avec J. Algazy, Le Monde Editions, 1994.
Prolongeau Hubert, Le curé de Nazareth, Albin Michel, 1998.
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Vidal Dominique et Algazy Joseph, Le péché originel d'Israël, Editions de l'Atelier, 1998.
Weinstock Nathan, Le sionisme contre Israël, Maspero, 1969.